
Dan Lehman est un ancien président de la République française qui passe ses journées à boire et à guetter les chiffres de ses ventes de livres. Comment en est-il arrivé là ? A une époque où tout lui réussissait, il gravissait les échelons, se retrouvait entouré d’admirateurs, avait été élu brillamment à la présidence, s’était séparé de sa femme Marianne pour en trouver une autre beaucoup plus jeune, Hilda. Hilda, justement, magnifique actrice, fait une remontada dans le monde du cinéma puisqu’elle est la vedette du dernier film de Romain Nizan, film qui a été adapté du roman écrit par Marianne. Si le couple Hilda/Dan bat de l’aile, c’est peut-être parce qu’elle couche avec le réalisateur de son film qui lui, préfère largement les fesses et la bouche de Mélanie, celle qui a donné l’impulsion première au film. (vous suivez ?)
Les points de vue alternent entre celui de Dan et celui de Marianne, l’ex-femme. J’ai été déçue, non par les portraits dessinés, très précis, denses et à la fois justes (surtout celui de Marianne) et parfois drôles mais par le récit lui-même. Le scénario s’enlise dans quelque chose qui s’apparente plus au bavardage (par exemple : une femme jeune peut-elle vraiment tomber amoureuse d’un homme beaucoup plus âgé ? Que dire à un homme qui boit du matin au soir ?) L’alcoolisme (associé au fameux temps qui passe et détruit tout sur son passage) est une donnée qui prend aussi beaucoup de place et j’ai éprouvé un sentiment trop récurrent de de déjà-lu. Deux gros thèmes qui se dégagent des bouteilles d’alcool de Dan Lehman : l’après succès politique -et qu’est-ce qu’on a du mal à s’attacher au personnage ! et le Festival de Cannes et ses star(lettes) - et qu’est-ce qu’on a du mal à s’attacher au personnage ! Bis. Si je résume : je me suis profondément ennuyée à lire les histoires de cul, de saoulerie, de film incroyable mais si violent, de femmes qui veulent rester jeunes, d’actrice qui choisit sa robe pour monter les marches, de personnages qui ne savent plus qui ils aiment/avec qui coucher/s’ils aiment encore... Les vingt dernières pages sauvent cette atmosphère criarde et parfois caricaturale, elle sont plus sobres, plus douces, plus réalistes ou en tous cas plus proches d’une réalité qui me parle, moins pourrie que celle du reste du roman. C’est déjà la deuxième fois que je suis déçue par Karine Tuil (c’est surtout la fin de La décision que j’avais moyennement aimé). A se demander si je vais la lire encore...
Les choses humaines (coup de cœur) ; L’insouciance.
Dan, de Hilda : « Il comprit assez vite qu'il avait fait une erreur irréversible. À une femme constante et stable, il avait préféré une femme trophée sur laquelle il n'avait jamais pu compter, une femme enfant dont il devait gérer les oscillations de l'ego et les états d'âme. De tout ce qu'il avait aimé en elle - c'était une actrice hypersensible, vénéneuse, intense – il avait perçu, au quotidien, e versant négatif : elle pouvait être autocentrée, capricieuse, fragile obnubilée par ses rôles, trop dépendantes aussi, de lui, de son agent, de l'approbation d'un milieu qui vous rejetait aussi vite qu'il vous avait encensée. »
« Il ment : toute son énergie est investie dans le paraître, et jusque-là ça fonctionne, sa résistance à l'alcool est telle qu'il peut boire beaucoup sans que ce soit trop visible. »
