
Véronique d’Hergemont a tout perdu : éprise très jeune d’un certain comte Vorski qui a fini par l’enlever, elle a vu son propre père, en représailles, enlever son fils, François, alors bébé. Père et fils périssent dans un accident en mer. C’est parce qu’en 1917, quinze plus tard, elle a vu dans un film ses initiales gravées à plusieurs reprises sur des bornes ou sur des encadrements de portes, qu’elle décide d’aller sur cette fameuse île de Sarek, surnommée « l’île aux trente cercueils ». Une fois là-bas, les mystères s’enchaînent : des morts inexplicables, des disparitions de cadavres, des réapparitions de personnes présumées mortes... et cette malédiction druidique : les trentes écueils qui entourent l’île représentent trente morts et quatre femmes crucifiées à venir. Entre lucidité et crises de désespoir, Véronique va devoir avancer seule sur cette île diabolique.
L’île est sans aucun doute LE personnage principal de ce roman : mystérieuse, dangereuse et rassurante à la fois, elle regorge de mille passages secrets, tunnels, grottes, cryptes et échelles qui apparaissent et disparaissent... Si je m’attendais à ce que le polar se mêle au fantastique, c’est plutôt le côté rocambolesquement spectaculaire qui m’a dérangée. Leblanc en fait des tonnes quand même ! Il y a des retournements de situation à foison, des révélations à la pelle, de nombreuses machinations, une obsession funèbre qui vire à l’excès, excès confirmé par des phénomènes météorologiques qui en rajoutent encore une couche. Vous l’aurez compris, rien de sobre ... et si vous êtes fan d’Arsène Lupin, il conviendra d’être patient, le héros ne se pointe qu’à la page 223 (sur 284). Mais il règle l’affaire (les affaires) en un rien de temps, avec son légendaire panache. En résumé, un roman qui mêle fantastique, mystère et intrigue policière mais qui, avec ses allures baroques, ne m’a pas tellement convaincue.
Avec cette seule lecture, je participe à mes deux challenges préférés : celui de Moka qui, pour Les classiques, c’est fantastique du mois de juillet nous invitait à choisir un récit insulaire et celui de Fanja pour Book Trip en mer.
L’île aux abords si dangereux : « C’étaient, en effet, des milliers et des milliers de menues vagues qui s'entrechoquaient, se brisaient entre elles, et livraient aux roches d'incessantes et d’implacables batailles. Le canot semblait naviguer sur le remous d'un torrent. A aucun endroit il n'était possible de discerner un lambeau de mer bleue ou verte parmi le bouillonnement de l'écume. Rien que de la mousse blanche, comme battue par l'inlassable tourbillon des forces qui s'acharnaient contre les dents pointues des écueils. »

