
Tome 1 : L’être nécessaire
Tome 2 : Un cœur sous une soutane
Lucien est un homme de main qui doit se faire oublier s’il veut survivre. Il a trouvé une couverture pour le moins originale, celle de curé. Il va en effet officier à Notre-Dame de l’Assomption à Saint-Claude, commune du Jura et vivre dans un vieux presbytère gris et terne. Est-ce qu’il a la foi ? Il « s’en branle, en fait. » Est-ce qu’il va raconter n’importe quoi lors de son premier prêche ? Oui. Sa tolérance au péché, son ouverture d’esprit et son franc-parler vont choquer plus d’un paroissien mais vont plaire à d’autres. Grâce à ses combines et son influence, il va même réussir à rehausser le niveau de vie de certains opprimés. Mais (dans le second tome), il va finir par être repéré par ses ennemis de toujours et va devoir ruser s’il veut survivre.
J’adore Jacky Schwartzmann et si ses textes sont de qualité inégale, on a droit ici à son meilleur visage. Ames prudes et puritaines s’abstenir : c’est anticlérical, irrévérencieux et cru, et pourtant on s’attache très vite à ce faux prêtre. J’avais déjà découvert Sylvain Vallée avec la divertissante Tananarive, ici il signe des dessins à la hauteur de ce scénario bien ficelé et excelle autant dans les gros plans et les visages que dans les panoramas et les scènes d’action. Avec ce petit côté Tarantino, flingues planqués sous la soutane ou scotchés sous l’autel, cette BD se veut aussi une satire acerbe et drôle du monde sclérosé de l’église. Le tout servi dans un langage fleuri et dans un rythme effréné. On en redemande. J’ai adoré.
Réflexion du personnage principal : « Y a un truc qui me paraît évident quand même... c'est que sans la mort, les religions n'existeraient pas. Les mecs arrivent avec leur gueule enfarinée... et ils te vendent la vie éternelle. Bref, la religion, c'est un business autour de la mort. C'est un peu mon rayon, finalement... »

