
Première découverte de cet auteur à la biographie très romanesque (pour faire court : orphelin très jeune, musicien et photographe, il est emprisonné pour un vol de poules à 17 ans. Ses 22 romans ont été refusés pendant plus d’une dizaine d’années par diverses maisons d’édition, partout dans le monde.)
A Augusta Falls, une petite ville de Géorgie, en novembre 1939, le cadavre d’une fillette est retrouvé : Alice (11 ans) a été violée, battue et étranglée. En quelques années, dix fillettes seront retrouvées mortes, le corps souvent coupé en deux dans des mises en scène effroyables. Joseph Vaughan, petit garçon lorsque les premières tragédies surviennent, vit au rythme de ces nouvelles désastreuses. Sa vie personnelle n’est déjà pas simple, son père est décédé, il découvre sa mère dans son lit avec le voisin marié, elle finira par tomber dans une folie qui deviendra comme un cocon. Au bout de la quatrième fille tuée, un groupe de garçons fait la promesse de surveiller toutes les filles vivantes ; ils seront les Anges Gardiens. Evidemment bien inutiles face à ce tueur en série aussi cruel que discret. Joseph va grandir, s’amouracher de son ancienne maîtresse mais une nouvelle série de drames va le contraindre à quitter sa campagne natale pour rejoindre New-York - en ébullition - où il peut laisser éclater son talent d’écrivain. Pourtant la soif de vérité l’attire irrémédiablement vers Augusta Falls, encore et encore.
Quel roman ! Il est difficile de pointer du doigt ce que j’ai le plus aimé : l’intrigue de ce thriller d’une efficacité admirable (la comparaison avec l’excellent De sang-froid de Truman Capote est tout à fait justifiée), la malédiction qui pèse sur ce garçon poursuivi par une noirceur terrifiante, ou encore cette écriture -entre phrases courtes, style âpre et passages d’une grande poésie qui m’a tellement séduite. Au-delà du polar, j’ai adoré suivre le parcours de vie du personnage principal dans une sorte de roman initiatique noir où les passages qui se situent dans la cambrousse sont tout aussi intéressants que ceux consacrés à la fabuleuse New-York. 602 pages de délice !
Il me tarde de lire d’autres titres de cet auteur mais avant, je veux découvrir l’adaptation BD qui semble être réussie, elle aussi.
- COUP DE CŒUR -
« à quatorze ans, je voulais seulement comprendre pourquoi ces choses m’effrayaient tant. Je croyais que si je comprenais l’homme alors je n’aurais plus peur de lui. L’homme qui avait fait ces choses terribles à ces petites filles. J’essayais de m’imaginer la vie qu’il avait pu mener, la façon dont il voyait le monde, soi-disant le même monde que celui que je voyais, mais pourtant différent. Lorsque je voyais la lumière du soleil, ne voyait-il que des ombres ? Lorsque je me réveillais d’un cauchemar et que le soulagement m’envahissait telle une écume marine, tentait-il de se replonger dans le cauchemar pour faire durer ? »
« Tout le monde a un livre en soi (...). Certaines personnes en ont deux ou vingt ou trente. La plupart des gens le savent mais ils ne peuvent pas y faire grand-chose. Toi, tu le peux, et donc tu devrais le faire. Si tu ne veux pas avoir de regrets, le genre de regrets qui te harcèleront jusqu’à la fin de ta vie. »
« des feuilles d’automne se recroquevillant sur leurs branches, telles des mains d'enfant, des mains de nourrisson : quelque ultime effort plaintif pour capturer les vestiges de l'été jusque dans l'atmosphère et les retenir, les retenir tout contre soi, car il serait bientôt difficile de se rappeler quoi que ce soit hormis l'humidité maussade, oppressante qui semblait éternellement nous entourer. »
Je participe ainsi avec plaisir au challenge Pavés de l'été de La petite liste.
mais aussi au Challenge Les épais de l'été, organisé chez Dasola par ta d loi du ciné

