
Tome 1 : « Bien sûr, Monsieur Proust »
En 1956, des antiquaires viennent voir Odilon et Céleste dans un but très précis : mettre la main sur des objets ayant appartenu à Marcel Proust puisque c’est dans cet immeuble qu’il a vécu. L’occasion pour Céleste de se remémorer sa jeunesse : mariée à Odilon, chauffeur particulier de Proust, Céleste ne savait encore rien faire. Elevée dans un petit cocon en Lozère, elle découvre prudemment la vie parisienne. Proust cherche une gouvernante et malgré son inexpérience, Céleste va être engagée … et elle va apprendre ! Apprendre à faire le café, à répondre au téléphone, à faire des bouillotes à toute heure du jour ou de la nuit, … mais surtout à respecter les horaires de Monsieur, obéir à ses frasques, écouter ses jérémiades et ses complaintes, classer ses papiers épars, et même gérer les corrections de son livre. Lorsqu’Odilon part à la guerre, Céleste se retrouve seule avec Proust et elle oscille sans cesse entre agacement et admiration, elle se laisserait bien tenter par l’idée de l’abandonner, le laisser seul dans sa bulle de verre, au sommet d’un pic rocheux.
Un album parfait ! Grâce à cette domestique à la fois dévouée et timide, on pénètre dans le monde très fermé (au sens propre du terme) de Marcel Proust, être maladif et capricieux, solitaire et exigeant, grand génie. Les relations entre les deux protagonistes mêlent dépendance, enthousiasme et attentions, elles sont en tous cas ambiguës et complexes. Et finalement, on se retrouve un peu comme Céleste, à la fois attendrie et agacée par les manies et le génie de Monsieur Proust. Les dessins sont un véritable spectacle pour les yeux, tout en élégance et en finesse mais de Chloé Cruchaudet on ne pouvait s’attendre qu’à une telle qualité. Bref, c’est un COUP DE CŒUR !
Odilon, à Céleste : « C’est une petite chose fragile et délicate qui a besoin de nous … il passe son temps dans son lit, à travailler et à respirer les fumigations pour son asthme… en dehors de la cuisine, ne fait surtout aucun bruit. Il ne supporte rien… il a fait tapisser les murs de sa chambre avec des panneaux de liège… sa chambre, c'est tout son monde. Quand il sort, c'est pour glaner de la matière pour « son œuvre » comme il dit. Ça, c’est mon rôle. Le tien, c’est d'assurer sa tranquillité et son café. »

