John Fante, écrivain qui vient de connaître ses premiers succès, gagne désormais assez pour s’acheter une petite maison à Los Angeles. Il y vit avec sa femme Joyce, qui, en fin de grossesse, a totalement changé d’attitude. Tantôt exigeante, tantôt maniaque, elle se passionne pour la religion. La petite monotonie de leur vie est brisée quand… le sol se brise sous les pieds de Joyce ! Les termites ont grignoté le plancher qui s’est effondré dans la cuisine. Plus de peur que de mal mais il faut rapidement trouver une solution pour réparer les dégâts. John va voir son père - d’origine italienne - à San Juan pour le convaincre de venir avec lui restaurer ce plancher mais l’autre génération ne voit pas les choses du même œil, le père avait même envisagé de faire construire la maison de son petit-fils à côté de la leur. Après quelques heurts et tergiversations, il va suivre son fils à Los Angeles. Le narrateur devra essuyer les récriminations de sa femme et son père, complices dans les prises de décisions plus stupides les unes que les autres.
J’ai découvert John Fante avec le grand Demande à la poussière. Ce roman-là est plus doux, moins impressionnant et moins sulfureux que Demande à la poussière mais il n’en demeure pas moins intéressant, drôle et agréable à lire. On ne saura jamais qui est véritablement ce narrateur : un sombre salaud qui n’aime pas son père, qui ne supporte plus sa femme parce qu’elle est enceinte ? Une pauvre victime ballottée entre l’ivrognerie d’un père donneur de leçons et les caprices d’une femme devenue bigote ? Sans donner une réponse tranchée, John Fante se moque du couple, de la relation père-fils (entre respect, concession et agacement, le narrateur commet bien des maladresses) et laisse une belle place à cette maison qui symbolise la réussite sociale de Fante mais aussi un échec puisqu’elle tombe vite en morceaux. Peut-être un peu moins indispensable que Demande à la poussière, ce petit récit distraie, fait sourire, donne à voir un héros qui n’en est pas vraiment un.
Si le père a droit à son portrait au vitriol, la mère n’est pas en reste, elle s’évanouit à la moindre émotion : « A chacun de mes retours à la maison, saluer maman a toujours été le plus difficile. Car ma mère était une spécialiste de l’évanouissement, surtout si je ne l’avais pas vue depuis plus de trois mois. Quand moins de trois mois s’étaient écoulés, je pouvais encore contrôler la situation. Car elle se contentait alors de vaciller dangereusement, prête à s’écrouler, ce qui nous donnait le temps de la rattraper avant la chute. »
« Au bout de deux semaines, papa a décidé de se mettre au travail. Ce n’était pas trop tôt. Nous ne supportions plus les planches grossières qui couvraient le trou du plancher de la cuisine. Des miasmes macabres filtraient à travers les fissures, tout le monde trébuchait sur l’obstacle. »

