Début XIIIème siècle. Tout commence par un drame familial : Colas, fils de fermier, jette sa petite sœur Margotte dans l’auge aux cochons où les bêtes lui dévorent la moitié du visage. Pris de panique, craignant la colère de son ogre de père, Colas fuit. Il se retrouve vite petit esclave dans une brasserie, en compagnie d’autres enfants exploités. Un jour, il voit, au travers d’un lac gelé, un cadavre qui le regarde les bras écartés. Pour Colas, c’est Jésus, pour son copain Camille, c’est un signe : Colas est un élu et il annonce la bonne nouvelle à leurs camarades. Plus de doute : grâce à la noix sacrée, un blason fabriqué à la va-vite, ils doivent se rendre à Jérusalem. Les enfants fuient une nuit, profitent de leur liberté, se débrouillent pour se nourrir et sont bientôt rejoints par d’autres enfants. Ils survivent en proposant un spectacle de marionnettes dans les villages traversés. Entre anarchie, liberté, abus de pouvoir, jalousies, désertion, trahisons et abandons, les enfants traverseront bien des mésaventures … et des paysages, avant d’arriver à la mer.
L’idée de départ est excellente, basée sur l’histoire vraie de la croisade des enfants de 1212, certaines planches qui voient défiler ces « âmes pures » sont absolument magnifiques, les réflexions induites par ce microcosme géré par des enfants (la notion de liberté, les limites de la religion, la définition de l’innocence) sont évidemment intéressantes. Malgré tous ces points positifs, je suis déçue. Les longueurs sont trop nombreuses, les enfants (presque) tous identiques et même si j’ai apprécié ces nuances de violet/noir/bleu/gris présentes dans presque tout l’album, j’aurais aimé plus de contrastes qui auraient rendu l’histoire plus captivante. Au final, et je ne sais pas si c’est voulu par l’autrice, il subsiste une impression de malaise parce qu’entre âmes pures et monstres, entre innocence et fourberie, on ne sait pas tout à fait où situer ces enfants. J'ai largement préféré Mauvais genre.
« Le voyage sera sûrement difficile, il va falloir se serrer la ceinture… mais à partir de maintenant, nous marcherons, mangerons, respirerons tous ensemble. Nous ne ferons plus qu’un. La noix sacrée, nous allons la porter chacun à notre tour. Elle sera notre guide. »


