En collaboration avec Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.
Les deux sociologues Pinçon interpellent un type lambda au supermarché : « ça vous plairait d’être riche ? » demandent-ils à Philippe. Ben oui, ça lui plairait, bien sûr. C’est alors que non seulement les deux spécialistes de la richesse lui expliquent deux, trois petits trucs sur les riches mais en plus ils s’installent chez lui, prenant à témoins sa femme et son fils. « A partir de combien est-on riche ? », « Qui sont les ultra-riches ? » « Avez-vous l’étoffe d’un bourgeois ? » sont les questions auxquelles la BD nous répond. On peut même faire un test pour savoir si on pourrait en être… Finalement, Philippe et sa famille se rendent compte que non, ils ne veulent pas acquérir des œuvres d’art incompréhensibles pour eux, non, ils ne veulent pas passer leurs week-ends à jouer au golf, oui, ils sont gênés de porter des bijoux de luxe et encore plus embarrassés devant ambassadeurs, starlettes et autres PDG richissimes.
Marion Montaigne est vraiment douée quand il s’agit de vulgariser la science (Tu mourras moins bête, par exemple) et s’en sort également très bien avec la sociologie. Pour tout vous dire, on ressort de cette copieuse BD en se disant qu’on n’a aucune envie de gagner au loto ni de devenir millionnaire. C’est bien argumenté, drôle comme toujours, très agréable à lire, documenté. Je n’en déteste pas moins les riches qu’avant, il faut dire qu’ils en prennent pour leur grade là-dedans. Un peu comme chez Molière, plus on en a dans le porte-monnaie, moins on en a dans le ciboulot. Rien que de savoir que 1% de la population est très très riche et touche 48% des revenus de la planète financière. Et ce bel exemple de la famille de Wendel, dynastie de maîtres des forges lorraines, qui fête les 400 ans de la famille en 2004, et loue « le musée d’Orsay, pour l’occasion, le musée organise une expo en l’honneur des forges lorraines. Ils sont si nombreux que chacun porte un badge de la couleur de la branche de sa famille pour s’y retrouver. » Heureusement qu’on se marre bien pour ne pas en pleurer. Certaines planches, allez presque toutes, sont hilarantes. Ma préférée : celle où la femme de Philippe va s’acheter une bague de luxe : mal à l’aise, elle se sent en léger décalage avec des preuves de pauvreté plein les mains : « 20 ans de vaisselle … brûlure de fondue bourguignonne… auto-manucure ».

