
J’allais vous écrire que c’était ma première découverte de cet auteur, mais non, j’avais adoré La moitié gauche de la lune, un roman pour la jeunesse, car Marie-Sabine Roger écrit tout aussi bien pour les enfants que pour les ados et les adultes…
Mortimer Decime est issu d’une famille très particulière : chaque homme de la famille meurt le jour de ses trente-six ans, à 11h. Nous débutons donc cette histoire avec un Mortimer allongé sur son canapé, dans son petit appartement parisien, sur son 31, résigné à accueillir le destin… Oui, mais le destin en a apparemment voulu autrement. Ce n’est pas la Mort qui débarque mais Paquita, une copine plus âgée que lui, qui bavarde, s’installe, boit un café et ignore totalement l’avenir proche que redoute Mortimer. L’heure tourne, et … il ne se passe rien. Mortimer ne meurt pas. Fou de joie, il finit par raconter à Paquita et son amoureux Nasser, son terrible passé familial.
Mortimer ne semble pas destiné à mourir le jour de ses trente-six ans. Une fois passée l’exaltation des premières heures, Mortimer se demande pourquoi il y a réchappé. Il se remémore aussi sa vie menacée par cette épée de Damoclès, cette fermeture de rideaux annoncée qui change la donne. Il se demande aussi ce qu’il va désormais faire alors qu’il a démissionné, rendu les clés de son appart et n’a plus un rond…
Voilà une lecture complètement addictive, très agréable, drôle et vivifiante. Marie-Sabine Roger use et abuse des métaphores les plus surprenantes, elle se moque de ses personnages qu’elle dépeint pourtant avec une grande tendresse. J’ai trouvé l’idée de départ très séduisante, le roman s’apparente à un conte tragique dont il s’agit de démêler les fils. Je me suis un peu lassée vers la fin mais ça n’a pas gâché mon plaisir de lecture face aux situations les plus cocasses… et même si j’ai trente-six ans !
A mettre entre toutes les mains.
« Paquita est irracontable. Avec ses kilos et ses plis, ses cils plâtrés de rimmel, ses jupes de pétasse et ses décolletés de plus en plus profonds pour rattraper ses seins qui se font un peu la malle, elle est juste touchante. »
« Avec le recul, j’ai réalisé que mon père était un dépressif qui avait très mal vécu la perspective de son décès prématuré. Sa mort lui avait pourri la vie, en somme. »
« Ainsi va la vie, qui nous soumet trop fréquemment au bon vouloir des imbéciles. »
A méditer : « … je perdais mon temps pour rien, tout en me lamentant de le voir s’écouler. »
