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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 21:41

             C’est emportée par l’engouement de Jérôme et pourtant un peu refroidie par la rentrée littéraire (qui m’a peu inspirée) que j’ai acheté ce livre.

            C’est l’histoire d’un gars… ouais, c’est l’histoire de Gérault que tout le monde appelle par son nom de famille. Alors qu’il vient de se faire virer de sa boîte, il attire pitié et compassion autour de lui. Jean-Yves l’invite chez lui, lui présente sa femme que le narrateur surnomme vite « Heinchérie » et lui propose du boulot dans l’épicerie de son neveu. Oui, mais le neveu pourrait être le fils de Gérault et c’est un blanc-bec arrogant.

            Rajoutez à cela que notre Gérault est célibataire depuis trop longtemps, qu’il a le ventre qui forme la lettre D, au mieux la lettre B quand il le rentre, qu’il ne veut pas de sa Françoise trop vieille et trop molle qui lui court après et qu’il ne sait pas dire non à une mère envahissante, égoïste et manipulatrice ! On obtient un être aigri qui ne sait pas s’affirmer, n’est jamais satisfait, n’ose pas prendre d’initiatives… un looser, quoi ! Pourtant, la Françoise qu’il trouvait trop joyeuse et trop vieillotte va lui montrer qu’elle est plus fine et plus intelligente que lui.

            On commence ce roman et on tombe tout de suite et plutôt lourdement dans un style un peu primitif qui, à l’image du personnage, se complaît constamment dans une attitude ironique et attentiste. Le monologue intérieur crée sans cesse un décalage entre ce que pense Gérault et ce qu’il dit ou fait. Malgré les surnoms un peu faciles (« jeune con » pour le neveu chef d’entreprise, « Mme Gros-Yeux » pour celle qui surveille la maman de Gérault), notre JeanPierreBacri nous fait vite comprendre qu’on lui ressemble un peu, à juger notre entourage sans pour autant assumer à 100% ce qu’on est, à culpabiliser à la moindre parole blessante d’un proche, à bafouiller, à douter… Cet ours mal léché devient, sous la plume corrosive et paradoxalement tendre de l’auteur, incroyablement humain ! La fin est une très belle réussite et une petite leçon d’humanité. L’ensemble est souvent drôle et terriblement actuel. J’ai donc passé un bon moment avec ce Gérault que je ne souhaite pas forcément rencontrer …

            Pour la petite histoire, j’ai l’habitude d’user et d’abuser des marques d’ironie à tel point que ma fille (5 ans ½) doit souvent me demander « C’est ironique, maman ? »

 

Gérault rencontre la mère d’une amie, et surtout son grain de beauté : « La bouche fuchsia s’étire, le noiraud granuleux penchez dangereusement. Ne souriez pas, madame, il pourrait se décrocher et tomber au fond de votre verre. Ne respirez pas non plus, il pourrait être aspiré au fond de votre narine et boucher le canal fronto-nasal. »

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 12:05

                                             

 

 

           Que ça fait longtemps que je voulais relire ce roman, une éternité ! Si vous n’avez jamais fait la connaissance de Jane et de Rochester, ne lisez pas ce billet en entier, j’y raconte tout !

            Jane Eyre, une orpheline, vit chez sa tante, Mrs Reed, qui ne l’aime pas plus que ses cousins qui la maltraitent et la rabaissent. Cette petite Cendrillon de l’Angleterre victorienne se verra placée dans le pensionnat de Lowood, un orphelinat pour filles où, bon gré mal gré, elle travaille, se lie d’amitié avec quelques filles et mûrit. C’est en passant une petite annonce pour être institutrice, qu’elle quitte Lowood, huit ans plus tard, alors qu’elle n’a même pas encore vingt ans.

           En arrivant à Thornfield, Jane Eyre ne sait ce qu’il l’attend. Mrs Fairfax, la gouvernante, est une vieille femme aimante et maternelle, Adèle est la petite fille qu’on confie à Jane Eyre et il y a le propriétaire des lieux, M. Rochester, cet homme robuste, mystérieux et un peu brusque. Jane va s’adapter facilement à cette nouvelle vie, bien plus douce que la précédente. Alors que Rochester est sur le point de se marier avec une riche et belle jeune femme de la contrée, Jane Eyre qui s’est toujours trouvée laide et physiquement inintéressante, se rend compte qu’elle est tombée amoureuse de lui. Malgré l’approche imminente de ce mariage, Rochester semble lui aussi être attiré par l’intelligence et la vivacité d’esprit de Jane, de vingt ans sa cadette. Mais c’est sans compter un terrible secret qu’il terre au sens propre du terme dans une pièce de la demeure. M. Rochester est marié ! Cela s’est fait contre son gré et sans même connaître sa future épouse. Or, Mme Rochester est une folle, plus animale qu’humaine, plus sauvage que civilisée. Il la cache à Thornfield, ne se résignant pas à l’abandonner. Lorsque Rochester avoue enfin son amour à Jane, leur bonheur est de courte durée car le frère de Mme Rochester vient rendre le mariage impossible en révélant l’existence du premier mariage de Rochester.

         Jane, la pure, ne peut se résoudre à aimer un homme déjà marié. Désespérée, elle fuit une nuit, sans un sou. Elle est recueillie, comme une vagabonde agonisante, par la famille Rivers. Diane et Mary l’apprécient immédiatement et savent qu’elle n’est pas qu’une simple clocharde. Leur frère, le pasteur St-John, est bien plus froid et plus distant. Il lui permet cependant d’ouvrir une école et de devenir l’enseignante des enfants des paysans des alentours. Alors que Jane songe encore tous les jours à Rochester qu’elle ne désire plus jamais revoir, une double surprise ravit la jeune femme : elle hérite d’un lointain oncle une belle somme d’argent et découvre qu’elle est la cousine de John, Mary et Diana ! C’est lorsque St-John la demande en mariage pour qu’elle puisse l’accompagner en Inde et l’aider dans  ses œuvres missionnaires que Jane entend la voix du seul amour de sa vie. Elle prend ses cliques et ses claques et éprouve l’impérieux besoin de regagner Thornfield et de prendre des nouvelles de son amoureux. Hélas ! Quel drame : Thornfield a brûlé, incendié par Mme Rochester. Rochester, en voulant sauver sa femme (en vain !), s’est blessé et est devenu aveugle. La charité, l’immense amour de Jane pour Rochester réuniront les deux êtres… à tout jamais.

            Cette lecture complètement addictive m’a cependant fait sourire plus d’une fois. La cécité de Rochester soudainement guérie quelques pages avant la fin du livre est l’un des derniers éléments qui clôt cette longue série d’ingrédients romanesques. Malgré l’avalanche de bons sentiments, le côté vieillot du personnage de Jane, quelques invraisemblances, on cavale sans problème, emporté par le style si fluide et si élégant de Charlotte Brontë.

          Dites-moi quelle adaptation regarder en priorité…

 

Et un grand MERCI à Niki qui m’a offert ce livre (tu te souviens ?)

 

" notre lune de miel luira sur toute notre vie, et ses rayons ne pâliront que sur votre tombe ou la mienne."  :-)

 

 

 

  

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 16:20

           Je m’attendais très sérieusement à lire -  encore - un bouquin sur un grand sportif, comme La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon ou Courir d’Echenoz. Et bien pas du tout. Et heureusement, rajouterais-je.

             Le narrateur est né et a vécu son enfance sur la presqu’île de Quiberon, en face de Belle-Ile, là où la mer cogne. Très tôt, il s’est mis à désirer celle qu’il surnommait « la belle Gaëlle », une mère de famille d’origine bretonne et vietnamienne, grande, svelte à la peau ambrée et qui passait ses journées sur la plage. Quelques années plus tard, c’est sa fille Marion qui s’approchait du narrateur pour en faire son ami, son amant puis son mari et le père de leur fille Louise.

             La relation entre Marion et le narrateur est décrite à travers le prisme de l’océan. Cet océan où Marion aime aller nager longtemps et souvent, cette mer que le narrateur a entrepris de peindre. Marion est une silentiaire, calme, proche de la nature, sensuelle et gracieuse. Ce qui m’a d’emblée surprise, c’est la distance entre ces deux êtres, le destin ou la force des choses les rapproche mais le narrateur ne nous livre pas ses sentiments, il semble subir les événements, notamment la grossesse de Marion, un surprise pour les amants. Finalement, c’est ce « peu » qui m’a plu, c’est comme si tout était facile, c’est sans trop réfléchir que le narrateur avance dans la vie, ça glisse, ça coule, c’est simple et léger. Du brut, du sauvage. La fin contrarie complètement cette douceur et cette dimension primaire et instinctive de la vie, et elle m’a déçue. Je garde néanmoins un beau souvenir de ce livre qui fait du bien.

             C’est (encore !) chez Sylire que j’ai pioché cette bonne idée de lecture.

 

« Ce séjour de deux ans à la Martinique m’avait appris à la regarder. Ce regard quotidien me la fit aimer. Cette répétition ressemblait au lever du soleil chaque jour sur la mer. J’avais beau la voir le matin avec son mug de thé, les jambes croisées et lisant quelques pages d’un livre, m’émerveiller de ses pieds nus, ses orteils, ses ongles, je me demandais si elle ne sortait pas de la mer qui l’avait polie. J’étais face à elle sans effusion, devant un grand arbre qui vous impose sa grâce et sa sagesse. »

« En mer, nous avons l’infini devant nous et nos cartes de navigation nous servent de cadre. Dans la peinture, nous avons un cadre dans lequel nous devons trouver l’infini. »

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11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 09:00

 

 

                     Voilà un livre que j’aurais voulu ne jamais avoir lu, voilà une histoire que j’aurais préféré ne jamais connaître. Et je me demande même, violemment, ce que ce roman foutait dans ma bibliothèque.

                  Le narrateur et auteur nous raconte comment sa fille de trois ans, atteinte d’un cancer, est morte un an plus tard. Voilà l’austère résumé que j’ai pu me faire au bout de trois, quatre pages de lecture. Et j’aurais dû m’arrêter là. Et pourtant je n’ai jamais lu un livre aussi vite.

                      Pauline est une adorable fille de trois ans qui a une petite douleur dans le bras gauche. Son pédiatre, un peu inquiet, l’envoie faire une série d’examens. Il s’agit d’un cancer très rare qui se répand rapidement et fait gonfler le bras. Les parents, Alice et Philippe, suivent avec consternation l’engrenage médical. Dopée à la morphine, la fillette se fera opérer… c’est un succès de courte durée, la « boule » revient, la douleur aussi. Après de multiples hospitalisations, il s’avère que le mal a décidé de rejoindre un poumon. Une lourde opération parvient, encore une fois, à supprimer la tumeur et pourtant, « le cancer était comme une flamme courant sur une large feuille de papier », il s’étend à l’autre poumon, empêche l’enfant de respirer. Cette fois, c’est vraiment la fin, ce n’est qu’une question d’heures, de minutes. Les parents assistent à la mort de leur enfant unique.

                          Mon compte rendu est froid, le récit de Philippe Forest ne l’est pas du tout. Il raconte les journées de vacances avec Pauline, ses jouets préférés, les histoires racontées, la patience et le courage de cette petite fille, sa maturité face à la douleur et à l’impensable. Il propose des réflexions plus générales sur la mort des enfants, son besoin d’écrire ; en tant que littéraire, il évoque Camus, Joyce, Victor Hugo mais aussi Peter Pan qui était le personnage préféré de sa petite Pauline. L’écriture est poétique, belle, pour narrer ce qu’il y a de pire. Le Pire. J'étais en apnée durant toute ma lecture, sur le point d’étouffer, au bord des larmes. Le livre m’a hantée plusieurs nuits d’affilée. En tant que maman, je n’ai pas réussi à prendre le moindre recul par rapport à cette tragédie, à cet Incompréhensible. J’ai lu beaucoup de critiques dithyrambiques, pourtant, je ne parviens pas, malgré ses qualités, à qualifier ce livre de « magnifique ». J’aurais préféré ne pas l’avoir lu…

 

A la naissance de Pauline : « Avec un enfant, on rentre dans l’irrémédiable. Abasourdi par la fatigue, on conçoit trop tard ce que la vie donnée a d’irréparable. »

« Je n’aurais jamais écrit. »

« Nombreux étaient ceux d’ailleurs qui se détournaient de vous car ils vous savaient voué au malheur et ceux qui tentaient de vous accrocher au passage, vous saviez qu’ils cherchaient sur vous la trace de ce même malheur que les autres fuyaient. Votre perte, ils la savouraient comme la promesse de leur salut. »

« C’est étrange mais c’est ainsi : beaucoup de malades préfèrent se penser justement punis par une puissance vague de rétributions des joies et des peines plutôt qu’injustement châtiés par la divinité aveugle du sort. Ils se préfèrent coupables dans un monde juste plutôt qu’innocents dans un monde injuste ! Toute épreuve est donnée alors comme une mortification secrètement choisie. Toute mort est un suicide inconsciemment désiré. Chacun n’a que ce qu’il mérite. Le monde, après tout, n’est pas si mal fait… »

Les deux catégories de malades : « Ceux qui se battent, triomphent. Ceux qui renoncent au combat, succombent. Il faut l’écrire noir sur blanc : tout cela est un peu mythe. »

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 14:16

                                              

             J’avais un grand besoin de polar et avec cette lecture, j’ai également allégé ma PAL puisque ce petit pavé ne compte pas moins de 523 pages.

             La jeune et jolie inspectrice Petra Connor est affublée d’un assistant, Isaac, un Salvadorien surdoué. D’abord un peu agacée par la promiscuité de ce grand adolescent timide, elle se rend vite compte qu’il est très doué puisqu’il comprend (lui, tout seul comme un grand), que de nombreux meurtres ont été commis un 28 juin de la même manière : une sorte de tuyau avait été enfoncé dans la nuque de la victime. Alors, meurtres en série ou pas ? Petra commence à y croire mais elle doit d’abord résoudre l’assassinat de quatre jeunes gens à la sortie d’une discothèque.

             Lecture simple, fluide, addictive, certes, mais qui ne m’a rien apporté. Le style est plat, de nombreux passages sont inutiles et l’intrigue est finalement, très très classique. Le personnage d’Isaac vaut un peu mieux que les autres mais ça ne vole pas très haut dans l’ensemble. Je vais donc tâcher de me souvenir du nom de cet écrivain afin de l’éviter, à l’avenir.

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 14:02

 

 

             Une amie, grande sportive, m’a conseillé ce livre, une biographie romancée, sachant que je pratique la course à pied de plus en plus régulièrement et avec plus en plus de plaisir.

               En 1945, Emile Zatopek a commencé sa vie d’adulte à fabriquer des chaussures de tennis dans l’usine Bata, à Zlin, en Tchécoslovaquie. Alors que les Allemands nazis envahissent la ville, la Wehrmacht organise une course opposant des Allemands sportifs et en grande forme et des Tchèques maigrichons et affaiblis par les restrictions. Emile, même s’il a « horreur du sport », suit le mouvement parce qu’il est discipliné. Il finit deuxième, sans vraiment avoir cherché à être bon. Les copains lui demandent de participer à d’autres courses, il accepte pour leur faire plaisir. Ses performances s’améliorent mais il court de manière anarchique, comme il le sent, il fonce, court très vite sans réfléchir. Rapidement (c’est le cas de le dire !), il devient le meilleur de son pays. Quand les autorités politiques l’y autorisent, il franchit les frontières et gagne, gagne, gagne. Trois fois champion du monde, il arrive premier quatre fois aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 puis d’Helsinki en 1952. Son exploit, jamais égalé, est d’avoir remporté successivement le 10 000 mètres, le 5 000 mères et le marathon à Helsinki.

             L’itinéraire de ce vainqueur est décrit avec humilité et simplicité. L’athlète n’a jamais joué la star, on lui a reproché d’avoir un style peu esthétique, il fait des grimaces en courant, progresse de « façon lourde, heurtée, torturée, tout en à-coups ». Il souffre mais il aime ça. Il ne cherche pas la gloire mais le dépassement de lui-même. Un bel exemple mis en valeur par l’écriture sans fioritures de Jean Echenoz qui sait attraper le lecteur dès la première page. J’ai beaucoup aimé !

 

A ses débuts : « Au bout de quelques semaines voici même qu’il se met à courir seul, pour son propre plaisir, ce qui l’étonne lui-même et il aime mieux ne pas en parler à qui que ce soit. La nuit tombée, quand personne ne peut le voir, il faut aussi vite que possible l’aller-retour entre l’usine et la forêt. »

« Il veut toujours savoir jusqu’où. »

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 15:53

                 

 

                       C’est en peaufinant une séquence sur Vendredi ou la Vie sauvage de Tournier que je suis tombée sur ce roman qui est également une réécriture du mythe de Robinson.

                          Au-dessus de l’océan Pacifique, un avion se crashe avant de s’enfoncer dans l’eau. Des 56 passagers, 54 ont survécu au choc. Grâce au radeau pneumatique, ils arrivent à regagner l’île la plus proche. Les rescapés finlandais et suédois sont principalement composés de sages-femmes et de bûcherons mais c’est un journaliste qui est le narrateur.

                      Se construire une cabane, chasser le sanglier, se confectionner de la corde, pêcher, essayer de recueillir le sel de la mer sont des activités qui pourraient sembler banales et évidentes pour des rescapés. C’est sans compter l’humour de Paasilinna ! En effet, certains mettent en place une distillerie et installent une buvette sur la plage, d’autres utilisent à bon escient le stock de stérilets que les sages-femmes entreprennent de poser à de jeunes et moins jeunes filles. Débarque aussi un Vendredi peu ordinaire puisque c’est un déserteur indonésien (car le centre de l’île, inaccessible, est en guerre). Les singes deviennent des animaux domestiques, des couples se forment et on ne se trouve pas si mal sur cette île au bout de quelques mois… Pourtant, certains éprouvent le désir de retrouver leur famille européenne et se mettent à débroussailler un SOS géant dans la jungle avant de l’incendier pour qu’il soit visible des satellites… et ça marche !

                     Beaucoup d’invraisemblances, une pointe de parodie, des pistes de réflexion sur la vie en société mais un très bon moment de divertissement. Dommage que le style soit un peu faiblard.

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 21:06

Après avoir aimé Opération Sweet Tooth et adoré Sur la plage de Chesil, j’aurais vraiment aimé crier que Ian McEwan est mon nouveau dieu. Eh ben non.

Michael Beard est un chercheur, un physicien spécialisé dans le réchauffement climatique. Il a même obtenu le prix Nobel. Mais il n’est pas que cela, il est aussi… un homme, un homme dans toute sa splendeur : il mange trop et boit trop, ne pratique aucun sport, courtise autant de femmes qu’il y a de jours dans l’année en leur faisant pourtant des promesses qu’il a parfois l’audace de tenir (il a été marié cinq fois), il n’hésite pas à escroquer un collègue en usurpant la paternité d’un super projet, il devient papa mais néglige sa petite fille de trois ans, il n’a ni scrupules ni remords…

Je me suis bien trop souvent ennuyée lors de cette lecture qui allie réchauffement climatique (avec des détails techniques dont je me serais bien passée, je ne suis qu’un pauvre pseudo littéraire, moi…) et décrépitude d’un homme à qui on mettrait bien quelques paires de claques. Oui, c’est du second degré mais ça ressemble à du déjà vu (La vie en sourdine de David Lodge par exemple) en moins subtil et ça m’a beaucoup déçue.

Quand je m’ennuie, j’aime bien repérer des bourdes d’écrivain. Ainsi, la petite fille de trois ans de Michael répond-elle au téléphone « Tu es dans ton lit, parce que tu as une voix rauque. » Sans évoquer la syntaxe et la prononciation parfaites, une gamine de trois ans connaît l’adjectif « rauque » ?  Michael adore manger des cochonneries, des trucs bien gras et pas diététiques du tout. Si jamais le lecteur n’avait pas bien compris, Ian McEwan en remet une couche à la toute fin du livre avec ce repas au restaurant qui a même réussi à m’écœurer, moi, la gourmande que je suis : « son entrée arriva : des losanges de fromage orange plongés dans de la pâte à beignets, puis roulés dans le sel et la chapelure avant d’être frits, et servis avec une sauce crémeuse d’un vert très pâle » suivie du plat principal : « Quatre blancs de poulet sans la peau, entre lesquels étaient intercalés trois steaks minuscules, le tout entouré de bacon, nappé d’une sauce au fromage et au miel, et accompagné de pommes de terre au four grillée, elles-mêmes fourrées de beurre et de fromage à la crème. »

 

Remarquez, le bouquin qui suit la lecture du grandiose Confiteor n’avait aucune chance, c’était perdu d’avance…

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 17:38

Le roman commence ainsi : « Ce n’est qu’hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. »

Un vieil homme, atteint par la maladie d’Alzheimer, entreprend de raconter, dans une longue lettre, sa vie, son parcours, ses amours. Cette lettre, qui deviendra ce livre, est destinée à l’amour de sa vie, Sara, et c’est son meilleur ami, Bernat, qui fait figure d’intermédiaire.

 Barcelone dans les années 50. Adrià Ardèvol est un enfant doué, surdoué même. Il apprend différentes langues à la vitesse de la lumière. Pourtant, sa vie n’est pas aisée : son père est sévère et exigeant avec lui, sa mère ne montrant pas plus d’affection envers son fils, souhaite qu’il devienne un violoniste professionnel. A la mort de son père, l’adolescent comprendra progressivement que son père était un escroc, un voleur. En effet, Félix Ardèvol tenait une boutique d’antiquités dont la plupart des trésors avaient été acquis de manière frauduleuse.

Il est difficile voire impossible de résumer un tel livre qui, la quatrième de couverture l’explique très bien, « défie les lois de la narration ». Non seulement la trame n’est pas linéaire mais les contours de cette autobiographie ne sont pas nets non plus, Adrià s’exprime tantôt à la première personne, tantôt à la troisième ; dans une même phrase, il passe du présent d’énonciation au passé plus ou moins lointain. Un violon très précieux, un Storioni, constitue un des personnages centraux du roman, il nous guide à travers les âges et les lieux, de l’Italie du XVIIIème siècle à Auschwitz en passant par la dictature franquiste et un petit salon bourgeois barcelonien… D’autres objets revêtent une grande importance : un morceau de linge usé, une médaille.

N’ayons pas peur des mots, ce livre est un chef-d’œuvre. D’une richesse, d’une intelligence rares, il est difficile à lire à plusieurs égards : la trame narrative malmène le lecteur (j’ai fait l’erreur d’emporter le roman en vacances et c’est tout sauf une lecture de plage !) mais les sujets traités sont également poignants : la mort, la maladie, les camps de concentration, le mal et surtout le rapport entre l’homme et le mal. Ponctué par des pointes d’humour et d’auto-dérision, ce livre érudit au style remarquable, reste fluide et très agréable à lire.

Lire ce roman, c’est un peu comme être face à un océan déchaîné, on observe, on admire, on se tait. Je sais déjà que les livres que je lirai après celui-là me paraîtront fades. Un monument, une somme, un classique, un bouleversement littéraire… il est temps que je me taise !

 « Si bien que j’étais un enfant unique observé par des parents avides de voir leur fils intelligent faire des étincelles. Ceci peut être le résumé de mon enfance : la barre très haut. »

« Un livre qui ne mérite pas d’être relu ne méritait pas davantage d’être lu. »

 

« l’œuvre d’art naît de l’insatisfaction ; le ventre plein, on ne crée pas d’œuvre d’art, on fait la sieste. »

 

Et voilà le génie  : 


 

 

Avec ses 772 pages, c'est mon deuxième pavé de l'été pour le challenge de Brize

Pavé 2014

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30 août 2014 6 30 /08 /août /2014 20:51

Ah la laaaa, où avais-je donc pêché l’idée de lire ce livre de 950 pages ?

Tout démarre un beau matin de printemps 1540 alors que Mattias Tannhauser essaye de venir à bout de la fabrication d’une dague à la forge de son père, quelque part dans la vallée des Carpates. A douze ans, Mattias assiste au massacre de sa famille par les troupes ottomanes qui finissent par enlever le garçon. Après avoir fait partie de l’élite militaire turque entièrement dévouée au sultan, Mattias se reconvertit dans le commercer d’opium et d’armes. La Valette, le Grand-Maître de l'ordre des Hospitaliers, fait cependant appel à lui en 1565 pour la défense de l’île de Malte, menacée d’invasion par les Turcs. En parallèle, une magnifique jeune femme va également demander de l’aide à Mattias : elle voudrait récupérer le fils qu’elle n’a pas connu et qu’on lui a volé, douze ans auparavant, à sa naissance. Oui, mais le papa de ce fiston délaissé à Malte n’est autre que Ludovico Ludovici, légat personnel du pape Pie IV et toujours amoureux de Carla même s’il lui a préféré l’Inquisition. Rajoutez à cela des personnages secondaires colorés : Amparo, l’amie très proche de Carla, un peu simplette mais très belle aussi (Mattias sera un peu amoureux d’elle et va lui prouver – physiquement – à maintes reprises, savamment décrites dans le roman…), Bors, l’ami fidèle de Mattias, prêt mourir pour lui. Ça éclate de partout, c’est vif, remuant, sanglant, bouillonnant…

Au final, que retiendrai-je ? Le contexte historique, sans aucun doute, les batailles d’une violence inouïe (les têtes volent allègrement – au sens propre du terme -  des bassines sont remplies de membres amputés, les soignants rentrent les tripes des malades dans leur bide comme des femmes qui s’efforcent à faire entrer un foulard un peu trop grand dans un sac un peu trop petit…), l’histoire d’amour (heureusement qu’elle est présente, et bien présente, à la manière d’une rose éclatante de blancheur sur un tas de fumier puant) complètement romanesque entre Mattias et la belle et sage Clara qui pourtant laisse une place à la douce et folle Amparo. Ça peut paraître complètement péjoratif, ça m’a fait penser à un feuilleton télévisuel d’été, une histoire aux multiples rebondissements avec drames et tragédies à la clé et l’amouuuur qui couronne le tout. Les bestialités en plus. Et pourtant, j’ai pris goût à tout ça, je me suis attachée aux personnages et malgré le manque de crédibilité de certains événements, je me suis laissée entraînée dans cette musique maltaise ensorcelante.

Cette longue lecture me permet de participer au challenge de Brize, "Pavé de l'été" et m’a fait prendre conscience (en avais-je vraiment besoin ?) que les bons gros livres, y’a que ça de vrai pour s’éloigner, s’évader d’un quotidien parfois morose. Et très bientôt, un autre pavé !!!

 

 

La rencontre Mattias - Carla : « Ses traits étaient clairs et dessinés, ses iris verts et comme encrés d’un fin cercle de noir. Malgré son nom, elle n’avait pas l’air française, mais possédait la stature d’une Sicilienne. Ses cheveux étaient de la couleur du miel, et traversés de mèches plus jaunes, comme si l’un des conquérants normands avait laissé des traces dans son sang. Ils étaient ramenés en une tresse nouée sur son crâne, mais si on leur rendait leur liberté, ils descendraient en cascade d’or. Malgré ses efforts, les yeux de Tannhauser revinrent vers son buste. La robe était attachée sur le devant par un ingénieux système de crochets et de boutonnières et venait soutenir ses seins – qui étaient de taille modeste et d’une blancheur frappante – en deux hémisphères exquis. Ces hémisphères étaient séparés par une fourche dans laquelle il aurait été heureux de tomber pour l’éternité. »

Pavé 2014

 

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