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11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 22:40

 

Résultat de recherche d'images pour "olmi nous étions faits"

            Incapable de lire un gros roman, je me suis rabattue sur un livre qui traînait dans ma PAL depuis belle lurette, venu d’on ne sait où.

            Serge et Suzanne tombent amoureux. Le premier a soixante ans, une jolie épouse et deux enfants en bas âge, le tout couronné d’une situation professionnelle très confortable ; Suzanne est en couple aussi, elle est accordeuse de piano. Rien n’indiquait que ces deux-là allaient s’aimer. Pourtant l'intense liaison ne dure pas et Serge a plutôt choisi une oreille attentive qu’une amante exceptionnelle. Il confie à Suzanne les secrets de son passé, ce père qu’il a toujours détesté pour avoir maltraité sa mère et cette mère vénérée morte beaucoup trop tôt. Il a même un crime à avouer… mais Suzanne ne veut plus être celle qui reçoit les confidences en se taisant.

            Au départ, j’ai eu peur. C’est quand même l’histoire d’un type vieillissant qui tombe follement amoureux d’une femme pas très belle alors qu’il a chez lui une épouse magnifique, jeune, dévouée, drôle, enthousiaste. On n’y croit pas du tout. Pourtant, au fil des pages, ce n’est plus cette improbable liaison qui nous importe et nous emporte mais la relation ambiguë entre ces trois pantins qui n’ont rien décidé, et surtout, l’enfance de Serge qui est bouleversante. Le personnage de Suzanne m’a beaucoup émue aussi, elle ne demande rien à personne, Serge lui saute dessus, elle tombe amoureuse, quitte son homme et se rend compte qu’elle se retrouve seule en deux temps, trois mouvements. Les citations ci-dessous s’interrogent sur cette situation de solitaire. Pour conclure, je dirais que c’est un petit roman beaucoup moins vaudevillesque qu’il n’y paraît aux premières pages et qu’il vaut le détour pour certains de ses passages.

« La liberté et son pendant, la solitude, maintenant, je les connaissais bien. Elles étaient une partie de moi, elles me constituaient, et je pensais qu’on aurait pi les analyser dans mon sang, les cellules de ma peau. Parfois l’avenir semblait vaste, parfois je le trouvais pitoyable. La solitude est à vous, elle vous tient, et on ne sait jamais si c’est une délivrance ou une malédiction. Va-t-elle vous donner des ailes ou vous réduire à une existence de petits pas ?»

« C’est fini peut-être, la vie avec les hommes. Est-ce grave, ce renoncement ? Est-ce qu’il y a une douleur à comprendre que notre vie ne dépend que de nous, que nous ne tomberons pas si nous lâchons la main de l’autre, comme ces plantes trop hautes s’effondrent sans leur tuteur ? N’est-ce pas cela, le véritable amour de la vie : lui accorder seule, le pouvoir de nous rendre heureux ? »

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8 décembre 2019 7 08 /12 /décembre /2019 11:01

Résultat de recherche d'images pour "liseur schlink"

            En panne de lecture, je suis allée piocher dans la réserve de mon collège… et j’ai choisi un livre dont je connaissais l’histoire (je me demandais même si je ne l’avais pas déjà lue…)

            Michaël, à 15 ans, tombe amoureux du corps nu d’une femme de vingt ans son aîné, entraperçu par hasard, par une porte entrouverte. Hanna, saisissant l’attirance qu’elle provoque, fait du lycéen son amant. Michaël va la retrouver tous les jours et connaît ses premières joies sexuelles. Poinçonneuse de tramway, Hanna lui demande de lui lire des romans. A haute voix. Au bout de quelques mois de liaison intense, Hanna disparaît mystérieusement. Sept ans plus tard, Michaël la retrouve dans un tribunal, après la Seconde guerre mondiale. Hanna, alors SS, a œuvré aux côtés des nazis, contribuant à faire périr des femmes enfermées dans une église en feu. Michaël suit attentivement le procès qui va mener la jeune femme en prison à perpétuité. Michaël, se souvenant des bons moments du passé et toujours perplexe face à cette condamnation, va envoyer des cassettes à Hanna où il va lire et encore lire, rien que pour elle.

            Je suis passée par différents stades : lorsque Michaël apprend le passé de criminelle d’Hanna, il semble froid et indifférent. Il assiste à toutes les séances d’audience mais semble ne rien éprouver. Cette « anesthésie » qu’il évoque m’a profondément dérangée mais je l’ai comprise en regard de la suite et de la fin du livre. Ce premier amour, sans doute renforcé par d’insolites retrouvailles, va marquer la vie entière de Michaël, le chambouler à tout jamais. Le roman tire sa force dans cette ambiguïté, cette question délicate, aimer un être vil plus que les actions criminelles qu’il a pu commettre. Ou la courte distance entre répulsion et attirance… J’ai beaucoup aimé la fin du roman et le style de manière générale, tout en retenue et en pudeur, qui en dit bien plus que de de longs discours. Evidemment, je n’ai pas vu l’adaptation cinéma du réalisateur Stephen Daldry mais j’en ai bien envie, maintenant !

            J’ai toujours eu une dizaine de billets d’avance, programmés ; il m’est arrivé d’en avoir 20 … Et pour la première fois depuis l’existence de ce blog (10 ans, anniversaire que j’ai zappé allègrement aussi !), je suis à flux tendu. Vous aurez remarqué que je passe moins vous lire aussi, veuillez m’en excuser. Heureusement que l’appétence de la lecture revient doucettement…

« C’est que je lui faisais la lecture. Le lendemain de notre conversation, Hanna avait voulu savoir ce que j’apprenais au lycée. Je lui parlai des poèmes homériques, des discours de Cicéron, et de l’histoire d’Hemingway sur le vieil homme et son combat avec le poisson et avec la mer. Elle voulut entendre à quoi ressemblaient le grec et le latin, et je lus à haute voix des passages de l'Odyssée et des Catilinaires

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1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 14:45

Résultat de recherche d'images pour "au loin diaz"

            Hakan et Linus sont deux jeunes frères suédois envoyés par leur père aux Etats-Unis pour fuir la misère. Même avant de mettre un pied en Amérique, Hakan perd son grand frère et mentor. Il débarque en Californie et n’a plus qu’un seul objectif : retrouver son frère qu’il croit à New-York. Dans un road trip rocambolesque, celui qui est craint parce qu’il est immense va souvent affronter les cruautés d’une nature impitoyable mais également les plus grands vices et mauvaisetés des hommes. Parmi les diverses rencontres hautes en couleur : des pionniers, des fanatiques religieux, des scientifiques (et Hakan va vite savoir soigner une plaie, recoudre un animal, désinfecter une blessure), des shérifs, des escrocs, un ami sincère, des originaux en tous genres. Parce qu’il sera obligé de tuer des ennemis, il va revêtir bien malgré lui, la légende d’un géant sauvage et dangereux. Sur sa route, peu d’âmes généreuses vont l’aider et l’accompagner et c’est ainsi qu’il finira par choisir la solitude.

            C’est vraiment depuis sa sortie que je lorgne ce roman que je me suis finalement offert en poche. Première remarque : je savais qu’il s’agissait d’un récit d’aventures faisant cheminer un héros aux Etats-Unis mais je ne m’attendais pas à une telle écriture. Epiques, tranchantes, crues, les phrases nous emportent complètement dans ce vaste pays hostile à l’époque de la grande ruée vers l’Ouest. Le roman exhale une puissance faisandée et aride propre au désert américain et la dureté de la nature associée à la sauvagerie de certains hommes m’ont fait penser au film The Reve­nant d’Alejan­dro Gonzá­lez Iñár­ritu. Le personnage central, Hakan, m’a, lui, fait songer au Garçon de Marcus Malte par ses dimensions hors normes, son état d’esprit ingénu et si peu matérialiste. A noter aussi que certaines descriptions sont dignes d’un Zola… Et pourtant, pourtant, c’était les montagnes russes pour moi, tantôt en admiration devant un passage brillamment écrit, je me suis aussi parfois ennuyée par le côté répétitif des moments de solitude liés à une chasse avisée et cruelle (âmes sensibles, abstenez-vous !) et puis, il y a des répétitions au sens strict du terme, deux-trois phrases répétées mot pour mot à quelques pages d’intervalle, l’avez-vous remarqué ? Est-ce une coquille ? Bon, finalement, un roman très riche, d’excellente facture, rude et dépaysant mais – assurément – pas un coup de cœur, pour moi.

Pourquoi enterrer un mort ? « Est-il plus grand hommage que de devenir un festin pour ses semblables ? Quel monument pourrait être plus noble que la tombe palpitante de souffle d’un coyote ou l’urne planante d’un vautour ? Quel autre mode de conservation serait plus fiable ? Quelle résurrection serait plus littérale ? Savoir que toutes choses vivantes sont indéfectiblement liées – la voilà, la religion pure et sans tache. Quand on a compris cela, il n’y a rien dont on dût porter le deuil, car même si rien n’est permanent, rien n’est jamais perdu. »

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 18:49

Résultat de recherche d'images pour "FEEL good gunzig diable vauvert"

            D’un côté : Alice, maman célibataire, pauvre car remerciée au magasin de chaussures où elle a travaillé pendant vingt ans, elle n’a jamais eu vraiment de chance dans sa vie. Le père de son enfant l’a laissée tomber quand elle était enceinte, ses parents sont morts prématurément. Elle voulait à tout prix ne pas offrir la même vie « un peu juste » à son fils Achille.

           De l’autre côté : Tom, le gars qui a toujours été un peu à part. Enfant, était-il précoce ou attardé ? En tous cas, il n’a jamais réussi à séduire la jeune fille qu’il convoitait et s’est contenté d’une femme qu’il n’a jamais vraiment aimé…  Il se réfugie dans l’écriture mais après quelques maigres publications à très petit budget et sans succès, c’est la période des vaches maigres.

          Ces deux-là vont bien sûr se rencontrer et d’une manière complètement insolite (je ne veux rien dévoiler, mais en rencontres originales, on a difficilement trouvé mieux) et l’écriture va les rapprocher … ou les éloigner. Le but étant, pour les deux, de s’enrichir.

          Critique sociale, parodie d’un roman feel good tout en étant un roman feel good décalé, ce livre se lit très bien, se dévore même. On sourit beaucoup, on a hâte de connaître la suite, on s’attache aux personnages. Des sujets sérieux comme la précarité, le travail de l’écrivain, l’amour maternel sont évoqués de manière légère et même survoltée je dirais, dans une petite ambiance malicieuse voire grivoise. Voilà pour les aspects positifs. Je rajoute que je l’ai lu en période de deuil et qu’il m’a fait du bien, c’est indiscutable. Pourtant, faire de cette lecture un coup de cœur ne me viendrait pas à l’esprit, l’écriture est plate et je trouve que la première moitié du roman souffre de longueurs dues au récit d’un quotidien parfois sans intérêt. Je reviendrai vers cet auteur, je sais maintenant à quoi m’en tenir : une petite déprime et hop ! un Gunzig. Est-ce que ça ne vaut pas son pesant d’or ?

La vision du métier d’écrivain selon la femme de Tom : « Chez un bûcheron, à force de couper des arbres, les mains deviennent de très grosses mains, des mains déformées, des mains qui ne peuvent plus faire que ça : couper des arbres. Chez un écrivain, l’esprit se déforme. Il passe trop de temps dans des endroits qui n’existent pas en compagnie de gens qui n’existent pas et à un moment, il éprouve des difficultés à revenir. »

Le genre d’images qu’on peut trouver dans le roman : « Le visage de Tom avait pris une couleur gris clair de sable pollué. »

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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 16:15

Résultat de recherche d'images pour "Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese zoe"

             Frank Starlight a 16 ans. Il a été élevé par un « vieil homme » qui lui a appris la chasse, la pêche, la survie dans cette contrée âpre et sauvage de la Colombie britannique mais aussi le courage, la droiture, la prudence, la patience et la loyauté. Quand Eldon, son père mourant, le réclame, Frank ne se montre pourtant guère enjoué car l’homme l’a abandonné, rarement vu, souvent mésestimé, se saoulant à longueur de journée. Il accepte pourtant de l’accompagner jusqu’à la montagne pour qu’il puisse être enterré comme un guerrier, selon les traditions indiennes ojibwés. Durant le voyage éprouvant pour le père, le fils va en apprendre davantage sur ses origines et le passé honteux de son père.

            C’est un roman bien particulier pour moi puisque j’ai perdu mon papa en cours de lecture, alors que cette histoire évoque un fils qui emmène son père mourir. Le hasard n'arrive jamais par hasard... Mon papa n’était pas un guerrier parce qu’il détestait tout ce qui a trait à la guerre et aux armes mais un battant courageux, stoïque et valeureux, ça oui ! Je ne lui dédie pas ce pauvre billet parce qu’il vaut bien mieux, tellement plus, mais je lui fais la promesse de lire ou relire Christian Bobin et Blaise Cendrars, ses écrivains préférés. Je n’ai pas l’habitude de me confier ici mais je ne pouvais parler de ce roman de manière froide et objective. Et puis si je lis beaucoup, si j’écris (si peu), c’est bien grâce à mon papa, poète et artiste à ses heures perdues, rêveur et tellement optimiste à temps complet.

           C’est la première fois que je lisais cet auteur mais son style et son univers m’ont plu d’emblée. Nature writing certainement, le livre met aussi en valeur les traditions indiennes en voie de disparition, l’amour filial qui n’est pas toujours celui du sang, mais surtout, surtout, il évoque cette douloureuse question du pardon de manière poétique et sublime. Certains passages sur la guerre sont magnifiques aussi et la fin est une belle réussite qui clôt une lecture à la fois éprouvante et apaisante.

(Surtout zappez les condoléances, à l’avoir trop entendu, le mot me débecte – je précise aussi que ce billet a été écrit il y a presque trois semaines)

Frank : « Seul. Il n’avait jamais su ce qu’était la solitude. Même s’il y réfléchissait bien, il n’arrivait pas à donner une définition du mot. Il était en lui, indéfini et inutile comme l’algèbre – la terre, la lune et l’eau établissaient la seule équation qui donnait de la perspective à son monde et il le traversait à cheval revigoré et rassuré de sentir ces terres autour de lui comme le refrain d’un hymne ancien. »

« La guerre, c’était savoir que des choses pouvaient t’être enlevées. »

« Parfois quand on t’enlève quelque chose, t’as l’impression d’un trou au milieu de toi, dans lequel tu sens souffler le vent. »

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11 novembre 2019 1 11 /11 /novembre /2019 15:35

Résultat de recherche d'images pour "pyongyang 1071 schwartzmann"

            L’auteur, au détour d’une soirée créole, décide de participer au Marathon de Pyongyang. On peut parler d’un coup de tête puisque le monsieur n’est pas un grand adepte de la course à pied et qu’il n’a pas vraiment couru depuis des années… Il se prépare donc, prend un congé de six mois, respecte le programme de course élaboré par un site internet. Au moment du départ, l’angoisse monte : celle de ne pas réussir à parcourir les 42 kms mais surtout celle de ne jamais revenir de cette Corée du Nord si particulière. Après un voyage d’une longueur admirable (relier Pékin à Pyongyang met une trentaine d’heures de train…), une nuit courte, un inévitable décalage horaire, c’est le Marathon dans les rues de la capitale, pour un aller-retour plutôt solitaire puisqu’il n’y a que 2000 participants. Je vous passe les détails de la course, vous vous en doutez bien que notre ami réussit haut la main son défi. Reste une petite dizaine de jours à passer dans la dictature ; aucune place pour l’improvisation, les étrangers sont baladés et bien cadrés entre les différents monuments officiels, toujours à la gloire des dictateurs. Il faut se prosterner, admirer, ne pas faire n’importe quelle photo, n’énoncer aucun commentaire désobligeant, ne pas faire d’humour, ne pas parler aux gens que d’ailleurs on ne rencontre pas vraiment. Un séjour hyper organisé, surveillé de près par des « guides » qui font plutôt figure de flics. Un couvre-feu à 22h, un tramway qui ne fonctionne que pour les étrangers, une absence totale de fantaisie ou d’improvisation et une bonne indigestion auront eu raison de notre écrivain.

       Le récit a été pour moi doublement passionnant : je cours régulièrement mais n’ai jamais dépassé les 15 bornes et je suis toujours admirative des marathoniens ! Et puis ce pays renfermé sur lui-même, communiste et cinglé, où toute religion est proscrite, a un potentiel de fascination et d’effroi assez élevé. Je me suis régalée à accompagner le narrateur dans ce voyage ubuesque d’avant course, à courir avec lui dans les rues de la capitale nord-coréenne, à participer à ses dégoûts, ses craintes, ses étonnements. Bon, j’aime de toute façon le franc-parler de Jacky Schwartzmann alors je manque peut-être d’objectivité mais le témoignage ne peut être qu’intéressant !

 

« La course à pied est un sport chiant, il faut le dire. Peut-être le moins ludique et certainement le plus crevant, il a tout contre lui. Du coup, c’est un sport de cérébral. Quand vous courez, votre esprit vagabonde, vous laissez la fission nucléaire de la caboche s’accomplir et évitez ainsi de mourir d’ennui. Petit plus : penser à toute autre chose vous sort de votre corps et de la difficulté, si bien que vous pouvez parcourir plusieurs kilomètres avant de vous souvenir de la souffrance physique. »

Le restaurant de l’hôtel : « Au rez-de-chaussée, la salle de restaurant ressemble à une salle de mariage qu’aurait décorée le Michel Serrault de La Cage aux folles. La hauteur sous plafond, je ne saurais dire. Les murs ? Rose. Rose pute, pour être précis. D’immenses tables rondes, sur lesquelles ont tient à dix ou quinze, et munies d’un plateau central tournant. »

« On me trimballe au milieu des Coréens comme s’ils étaient des fauves, je passe devant eux, je passe parmi eux, mais je ne les rencontre pas. Ce pays accepte de nous recevoir, mais il ne nous accueille pas. Ils veulent qu’on les voie, mais pas qu’on les regarde. »

« La dynastie des Kim a transformé ce pays en un furoncle dont on ne saurait que faire en cas s’effondrement du régime. »

Une visite d’une cascade est annoncée – en plus d’être décevante, les visiteurs remarquent des inscriptions communistes sur des pierres : « Le fanatisme, c’est quand on veut coller la grille de ses valeurs sur le réel, quitte à le tordre, à le casser. Si le réel ne correspond pas à ce que je pense, plutôt que de m’adapter, je modifie le réel. Je grave mes conneries dans la pierre, par exemple… »

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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 10:22

Résultat de recherche d'images pour "Une bête au paradis de Cécile Coulon"

          Gabriel et Blanche Émard ont perdu leurs parents morts dans un accident de voiture. D’emblée et avec une vivacité incroyable pour son âge, c’est la grand-mère Emilienne qui a pris la relève dans cette ferme isolée. Tandis que Gabriel peine à surmonter le choc du deuil, reste maigre et effacé, Blanche se démarque par son franc-parler, son énergie et sa beauté solaire. Louis, c’est le commis qu’Emilienne a recueilli alors qu’il fuyait un père violent ; secrètement attiré par Blanche, il sait qu’il n’aura jamais aucune chance. Alexandre, c’est le petit ami de Blanche qui préfère la ville à la campagne, à tel point qu’il la quitte pour faire ses études ce qu’elle n’accepte pas. Reviendra-t-il à la ferme des Émard ?

          Roman de la terre, âpre et sans concession, il fleure bon un parfum de tragédie qu’on sent imminente dès les premières pages. Et la tension monte encore d’un cran au retour d’Alexandre, des années plus tard. Quelque chose d’étouffant et d’acéré poursuit la plupart des personnages formidablement présentés par l’autrice qui raconte avec brio cette histoire captivante. On sent qu’elle sait où elle va, c’est costaud, franc, poétique et à l’état brut un peu comme cette Émilienne… J’aurais pu lire le roman d’une traite. Alors oui, je peux vous trouver un bémol de rien du tout : les titres des chapitres m’ont dérangée parce qu’ils m’ont un peu coupée dans mon élan de lecture. Mais le plaisir était là, vif, intense, sans cesse renouvelé. Merci Cécile Coulon !

Mes autres lectures de l'autrice : 

Trois saisons d'orage

Le roi n'a pas sommeil

Le coeur du pélican

« les deuils répétés avaient fait d’elle une puissance humaine dont le pouvoir grandissait dans l’imagination de ceux qui la côtoyaient. Emilienne avait toujours été une vieille femme. Pas une vieille dame, une vieille femme. »

« Louis comprit qu’ici la mort était une affaire de famille que l’on réglait naturellement, ainsi qu’on plie un drap propre. »

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2 novembre 2019 6 02 /11 /novembre /2019 13:03

 

               Certes, toutes les lectures ne passent pas facilement quand on traverse une période sombre comme celle que j’ai connue mais le hasard a fait que j’ai rencontré pas mal de déceptions et d’interruptions de lecture, ce qui me frustre toujours.

- Le Chemin des âmes de Joseph Boyden se passe dans l’Ontario juste après la 1ère Guerre mondiale. La vieille Indienne Niska ramène son neveu de soldat, Xavier, chez eux, en canoë. Les chapitres se partagent entre les souvenirs de guerre de Xavier et la lente avancée vers la maison. Considéré comme un chef d’œuvre, le roman aurait pu me plaire mais les récits de guerre m’ont fait penser à A l’ouest rien de nouveau et j’ai décroché très vite. Je pense reprendre ce livre en main un jour, c’est surtout la partie consacrée à la tribu Cree qui m’intéressait. J’ai stoppé ma lecture au bout de 120 pages.

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- Le bruit et la fureur de William Faulkner : là je savais que je m’attaquais à un monument difficile d’accès. J’avais bien pris mes précautions, lu résumés et avis avant de démarrer. J’avais bien compris que la première longue partie, racontée par un retardé mental était très confuse, que les bouleversements chronologiques rendaient la lecture compliquée… Mais j’ai été complètement larguée au bout d’une trentaine de pages, à tel point que je ne suis pas sûre de retenter l’expérience. Tant pis.

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- La fille des bois de Patricia Macdonald : le seul des trois livres que j’ai terminé. C’était un cadeau de mes enfants pour mon anniversaire et je n’ai pas tellement rechigné à lire cette reine du polar, autrice à succès. Mais force est d’admettre que le style est plat, l’intrigue parfois invraisemblable. Une ado est retrouvée assassinée et 15 ans plus tard, sa meilleure amie revient sur les lieux du crime parce qu’elle apprend que celui désigné jadis coupable est innocent. Elle enquête avec les moyens du bord risquant elle-même sa vie. Dans la catégorie des polars faciles à lire, légers et pas « prise de tête », je pense quand même qu’on peut trouver mieux. Je crois qu’on a souvent comparé Patricia Macdonald à Mary Higgins Clark mais il me semble que cette dernière fait preuve d’un talent un peu plus grand tout de même…

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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 11:55

Résultat de recherche d'images pour "Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois"

            Paul Hansen est en prison depuis deux ans (oui, encore un Paul comme souvent chez Dubois). Il a pour colocataire de cellule un motard rustaud et virulent incarcéré pour meurtre. Nous ignorons longtemps pourquoi Hansen croupit en prison mais il nous déroule l’historique de sa vie : sa mère française, très belle et gérante d’un cinéma dans les années 70 et son Danois de père, pasteur, s’exilant plus tard au Canada. Hansen aura passé une grande partie de sa vie à gérer l’intendance, l’entretien, la surveillance, les réparations et les petits bobos des occupants d’une résidence chic à Montréal, L’Excelsior. C’est désormais à Patrick Horton, voisin de cellule aussi rustre qu’attachant qu’il doit s’accommoder. Les absurdités et les horreurs carcérales, il les subit avec philosophie, sachant que personne ne l’attend à la sortie et qu’il est hors de question qu’il exprime le moindre remords sur les actes commis.

          Ce romancier que j’adore pourrait écrire sur n’importe quel sujet, je le suivrais sans rechigner. Ici, il rend passionnantes les vies d’un pasteur, d’un fana de paris hippiques ou encore d’un agent d’entretien d’un grand immeuble. Pourquoi ? Il accompagne ses personnages avec autant de tendresse que d’humour, il donne à tout être sa part d’extraordinaire et de beau. Et voilà, on est touché. J’ai adoré la fin mais j’ai tout adoré dans ce roman qui m’a parlé, m’a parfois remuée… Il faudrait se lire un Dubois par mois, une routine qui serait bien agréable !

La succession.

Très tôt, le pasteur n’a plus la foi, ce qui ne l’empêche pas de produire d’édifiants prêches ; pourtant, c’est l’organiste virtuose, Gérard LeBlond, que viennent admirer la plupart des fidèles : « « les fidèles arrivaient désormais de plus en plus tôt pour obtenir les meilleurs places, celles des tout premières ranges offrant une point de vue saisissant sur la fluide précision des doigts de l’artiste et sur l’incroyable ballet de ses pieds virevoltant, sautant, bondissant de note en note sur les deux octaves du pédalier. Vu de dos, son jeu de jambes ressemblait à la course d’un homme perdu hésitant sur la direction à prendre, lançant un pas vers la droite, revenant sur son choix, virant à gauche, pour se jeter au centre avant de reproduire sa chorégraphie erratique qui semblait ne mener nulle part et qui, pourtant, suivait pas à pas les chemins rigoureux de la transcription. La virtuosité des orteils de LeBlond était devenue aussi légendaire que celle de ses phalanges. » 

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25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 09:44

Résultat de recherche d'images pour "Animal de Sandrine Collette"

              Mara, une jeune femme qui vivait seule, vient de délivrer deux enfants ligotés à un arbre dans la jungle népalaise : Nin la petite fille, Nun le petit garçon. Elle fuit avec eux, les faisant siens, jusqu’au bidonville le plus proche. Mais force est de reconnaître qu’il leur est impossible de survivre à trois, Mara doit faire un choix… On retrouve, Nin vingt ans plus tard, adoptée et devenue Lior. La jeune femme, férue de chasse, poursuit des ours au milieu des volcans du Kamtchatka, en Russie. Elle va se retrouver confronter à un ours aux dimensions gigantesques et cette rencontre va réactiver des souvenirs profondément enfouis. Hadrien, son compagnon, tente de comprendre l’animalité qui règne en elle mais aussi sa phobie des tigres.

             De tous les livres que j’ai lus de l’autrice, c’est celui que j’ai le moins aimé. Je dirais même qu’il m’a déçue, je l’ai trouvé caricatural et peu vraisemblable, et je crois que je ne suis jamais entrée tout à fait dans l’histoire. Cette surabondance d’animaux sauvages confrontés aux humains m’a paru inadéquate et saugrenue. Restent deux points positifs et non des moindres, qui m’ont permis sans problème d’aller jusqu’au bout de ma lecture : les paysages verts, denses et exotiques -cette ode à la nature très appréciable, et puis l’écriture de Collette, envoûtante et âpre. Je pense que celui qui n’a jamais lu l’autrice peut y trouver son compte, les ressemblances avec Six fourmis blanches m’ont paru prononcées. J’ai préféré Un vent de cendres ou l’excellent et trop méconnu Les Larmes noires sur la terre.

« Le destin, ça tourne dans n’importe quel sens. Le destin, cela vous endort comme si tout allait bien – pour mieux vous surprendre ensuite. »

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