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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 14:09

 

Patrick tient une boutique de farces et attrapes, vous savez là où on vend des objets rigolos et inutiles : des tabliers avec des seins, des fausses crottes, des masques de président,… L’humeur et l’état d’esprit de Patrick ne cadrent pourtant pas du tout avec l’endroit : il est dépressif, des dépressifs qui aiment s’enfoncer dans leur situation de looser. Il refuse les invitations de ses amis, se plaît à mal manger, à boire du mauvais vin, à ressasser ses malheurs…, il veut « déprimer tranquille ». Sa femme l’a quitté, et comme il le dit à son frère : « je suis l’homme d’un seul vagin ».

Si Patrick décide de végéter dans sa dépression, Clarisse en a décidé autrement : acrobate, elle l’invite à voir son spectacle au cirque et en profite pour le draguer. Patrick s’ouvre petit à petit mais lorsqu’il s’agit de s’engager un peu plus, c’est Clarisse qui se braque : le manque de confiance de son nouveau compagnon lui fait peur. « Apprends à t’aimer un minimum, la charge est trop lourde pour moi. » Patrick replonge mais la déprime sera de courte durée, il a retenu la leçon de vie de Clarisse qui l’a plus aidé en le quittant qu’en restant.

Cette BD est un vrai bonheur, l’histoire est simple mais optimiste. Ce que j’ai le plus apprécié, c’est ce décalage entre la dépression de Patrick et les objets qui l’entourent : il dort sur une couette à l’effigie de Bob l’éponge, il prend son bain avec un pénis flotteur, il porte des immenses pantoufles roses. Si le ton est léger et farcesque, le lecteur pourra y trouver une petite morale qui consisterait à choisir le rire aux pleurs, la joie à la tristesse.

Les couleurs sont plutôt pastel et l’auteur a choisi un ton par page, tantôt le jaune, tantôt le rose, tantôt le bleu.

Une belle découverte d’un auteur que je croyais avoir lu (mais non !) et qui est célèbre pour Les Petit Ruisseaux.

 

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 12:38

 

Billet lapidaire car cette BD m’a déprimée !

Ernest est placé en maison de retraite parce qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer. Si au début, il a encore toute sa tête et s’intègre bien à la vie de la résidence, petit à petit, sa mémoire s’effiloche : il ne trouve plus ses objets familiers, il tient une balle entre les mains et ne sait plus ce que c’est, il n’arrive plus à boutonner sa veste, et… il ne sait plus ce qu’est une veste.

Le lecteur apprend à connaître les autres pensionnaires de la résidence : entre l’escroc kleptomane, celui qui ne parle que de son passé lointain et celle qui passe sa journée à demander à téléphoner, le tableau n’est pas très glorieux. Ernest se trouve au rez-de-chaussée au début de l’album et il sait que, lorsque son état dégénérera, il se retrouvera au fameux premier étage, là où ils sont tous fous. Ces vieux tentent malgré de tout de se rebeller, ils empruntent une voiture et prennent la poudre d’escampette mais se font vite reprendre.

L’illustrateur a fait le choix d’alterner les dessins représentant le présent, de petits être âgés et dépendants, et le passé, lorsque ces mêmes personnes étaient valides et saines, et occupaient même souvent un statut enviable dans la société.

J’aurais aimé trouver un petit éclair d’espoir mais l’état d’Ernest va decrescendo et ses congénères ne vont pas mieux que lui. C’est très triste et c’est ce qui nous attend, ou en tous cas, certains d’entre nous. L’humain réduit au néant, l’être n’est plus pensant, on lui a ôté son intelligence, sa réflexion, sa mémoire. Difficile à accepter.

 

 

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 17:59

 

Cette BD, vue partout, ne m’avait jamais particulièrement attirée pour une raison bien précise : j’ai reçu l’agenda l’an dernier du même auteur et je ne l’ai pas aimé (mais comme c’était un cadeau, il m’a accompagnée toute l’année !).

Pas rancunière pour un sou, j’ai tout de même emprunté le livre à la bibliothèque pour en savoir un peu plus…

Margaux Motin nous raconte sa vie de femme, d’épouse, de mère et d’illustratrice. C’est en tous cas ce qu’elle veut nous faire croire. Son mec qui la surprend en train de se déchaîner sur une choré ridicule ; les innombrables différences hommes/femmes ; la progéniture qui, même si on l’adore, est parfois bien pesante ; les joies de la maternité ; l’attirance irrépressible de la femme pour les chaussures de grande marque ; un séjour à Rome ; les captivantes tâches ménagères… sont quelques-uns des thèmes abordés. Alors, premier constat : rien de nouveau sous le soleil. Ca m’a beaucoup rappelé certains sketchs de Florence Foresti. Et pourtant, on souri, on ri même –chose rare devant un bouquin !

Mon passage préféré, c’est justement « les joies de la maternité », Margaux Motin nous les liste avec délice : « des vergetures sur les miches (voire sur les nénés, voire sur le ventre selon que l’on est plus ou moins poissarde), une perte considérable du volume mammaire, des taches sur toutes tes fringues, et des taches qui puent en plus, ton périnée qui t’abandonne et tu es tragiquement incontinente,… ».

L’auteur dessine superbement bien, c’est coloré, gai, féminin, frais, ça met de bonne humeur et ça déculpabilise, alors que demande le peuple ? Peut-être que le peuple de lectrices jalouse légèrement la silhouette et les jambes de rêve de la protagoniste, à part ça…

Et même si les clichés ont la vie dure (la femme est bien entendu superficielle, gourmande, de mauvaise foi, paresseuse, dépensière, etc.), on se marre bien !

 

 

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 12:57

 

J’avais découvert Alfred lors de la lecture de l’inoubliable et impressionnant Pourquoi j’ai tué Pierre. Ici, la claque n’est que légèrement moins forte. La BD s’inspire d’un court roman de Guillaume Guéraud.

Le narrateur, c’est le tueur. Pas n’importe quel tueur puisqu’il a dégommé huit personnes un jour de mariage dans un village perdu, Mortagne. Pas n’importe quel mariage puisqu’il s’agissait de celui de son frère.

Toute la BD raconte comment Martial, un jeune homme sain d’esprit en est arrivé à commettre ces meurtres atroces. Mal aimé de ses parents, il a passé son enfance dans ce patelin perdu où violences, hypocrisies et règlements de compte sont légion, un bled où le travail du bois, la vigne et la chasse sont les uniques préoccupations. Il s’est lié d’amitié avec le simplet du village, Terence, qui se fait régulièrement battre par le marié son frère Arnaud et son super pote, Frédo. La coupe est pleine pour Martial. Il faut que cela cesse et il s’occupe seul de cela.

L’album est brutal, du début à la fin. La description du massacre du mariage l’est bien évidemment, mais le portrait des habitants de Mortagne, les conflits, les arrangements sournois, la maladie du père, l’absence totale de sentiments le sont sans doute tout autant. Ce qui est dérangeant, c’est qu’on nous fait passer l’assassin pour sympathique, voire, le seul être à dix bornes à la ronde qui a un peu de jugeote et de bon cœur.

Les dessins sont eux aussi emplis de cette violence. De grandes cases, des personnages laids, du brun, du gris, des traits rapides et grossiers comme si les habitants du village ne méritaient pas qu’on s’y attarde.

Appréciant la qualité du graphisme en accord avec cette histoire sordide, j’ai cependant été frappé par une atmosphère que j’ai l’impression de croiser souvent en bande dessinée : la campagne profonde, la bêtise des habitants, la violence. Sont-ce des thèmes de prédilection pour nos bédéistes ?

J’ai découvert Meunier avec Après la nuit.

 

« A Mortagne, on n’a pas vraiment les moyens de réfléchir en fait. On a bien un cerveau mais rien d’autre à mettre dedans que tu raisin, des planches, de la sueur et du plomb. C’est comme ça. Pour le reste, on n’a pas les armes qu’il faut pour changer les choses. Voilà ce que j’ai ruminé durant tout ce week-end avec Terence. Voilà. »

 

 

 

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 08:42

 

« J’ai l’honneur de déclarer la naissance du Royaume de Georgettia, et devant cette assemblée, je me sacre Roi Miao, premier souverain de la royauté. » Cette première phrase de la BD donne le ton : un vieux monsieur veuf, qui vit seul avec son chien, s’invente un univers où il est le roi.  Son unique sujet est son chien, la voisine qu’il épie et convoite devient une comtesse à conquérir, sa petite maison un château fort.

Ce monsieur a une famille : une fille malheureuse parce qu’affublée d’un mari plutôt fade et fainéant et deux petits-fils inintéressants car fans de foot. Poussant jusqu’au bout sa douce folie, il envoie des lettres à l’ONU demandant la reconnaissance de son royaume… jusqu’au jour où Gilles, le fameux gendre, postier, tombe sur une de ces lettres, mal affranchies, qu’il ouvre et lit. Gilles, rêvant d’écrire de beaux romans sans jamais oser passer aux actes, trouve là l’idée du siècle. Il comprend vite que l’expéditeur de ces lettres originales n’est autre que son beau-père. Son épouse, devant ses cachotteries, se méfie, soupçonne son mari de le tromper et se transforme en serpent venimeux qui l’attaque.

L’album joue sur deux univers, deux époques : la réalité du siècle contemporain avec tous les soucis qui vont avec et le monde médiéval que s’est créé le roi Miao où il combat les problèmes comme un preux chevalier lutterait contre un dragon malfaisant.

L’idée est originale et j’ai aimé le refuge que trouvait ce petit papy dans son imagination, mais la lecture ne m’a pas entièrement satisfaite. Multipliant les clichés, les auteurs surfent sur la facilité. Les dessins m’ont un peu plus séduite que le scénario, les transformations des êtres et des choses sont assez jouissives pour le lecteur, le grand-père accompagné de son placide compagnon à quatre pattes m’ont régalée.

 

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 08:40

 

J’avais gardé en tête la couverture de cet album entrevu chez Noukette, je suis tombée dessus à la bibliothèque, je l’ai emprunté ne sachant plus du tout de quoi il en retournait…

            Olivier, le narrateur (et auteur) nous raconte sa vie : des parents hippies et très cool, des grands-parents catholiques pratiquants plutôt obtus, ses questionnements quant à la religion et à l’existence de Dieu. Et puis une rencontre : Pierre, un curé qui contre toute attente se lie d’amitié avec les parents d’Olivier. Pourquoi ? parce que Pierre est un curé ouvert, sympa, bon vivant, généreux. Olivier l’admire, se flatte d’être son ami… chaque année un peu plus. Il part en colo avec lui et d’autres gamins mais seul lui, Olivier, a le privilège de promener le gros chien de Pierre. Pierre revêt une dimension paternelle et protectrice complètement rassurante. Olivier passe d’ailleurs des étés fabuleux à la Joyeuse Rivière, cette ferme isolée dans un écrin de verdure.

            … vous devinez la suite comme je l’ai deviné. Il faut se méfier de ce qui est trop bon, trop lisse, trop parfait. L’air de rien, Pierre demande à Olivier de lui masser le ventre, un soir, alors que tous les autres colons dorment profondément. Bien sûr, ce n’est pas innocent. Bien sûr, vu l’ampleur des relations d’amitié et de confiance qui se sont tissées depuis des années entre le curé et l’enfant de douze ans, Olivier se tait. Il refuse témérairement de recommencer mais il se tait. Et il va se promener avec ce pesant bagage toute sa vie. Passé la vingtaine, une jolie femme et des projets lui feront mettre ces attouchements dans un coin de sa tête mais à 35 ans, ça lui expose à la figure, ça remonte à la surface, ça rend sa vie insupportable.

Olivier a la chance d’avoir un super pote, Alfred, à qui il va raconter son histoire et avec qui il va collaborer pour donner naissance… à cette bande dessinée. La fin de l’album est surprenante, haletante, saisissante.

Autobiographique et très intime, cet ouvrage est d’une subtilité incroyable. Il est avant tout une thérapie pour l’auteur qui ne s’en cache pas : « il est grand temps d’écrire cette histoire, entièrement, depuis le début. Il n’y a rien d’autre à faire pour m’en débarrasser. J’ai la chance de pouvoir tout jeter par écrit. C’est aussi efficace qu’une psychanalyse et ça me fait faire des putains d’économies. Alors je m’immerge entièrement dans mes souvenirs. » Gorge serrée pour le lecteur.

Cette BD à part, marquée par le sceau du courage, est une leçon pour tous : plutôt que de noyer ses mauvais souvenirs, l’auteur les affronte, les attaque… se montre plus grand et plus fort qu’eux. Différentes techniques sont utilisées comme les photographies qui s’intercalent entre les dessins, des jeux de proportions qui m’ont fait penser tantôt à Almodovar, tantôt à Satrapi. J’ai été très très émue et même si j’ai trouvé cet album extrêmement triste (une mauvaise expérience, un événement malheureux peut hanter toute une vie, hélas !), j’en fait un coup de cœur pour le génie, le surréalisme dans le dessin, le talent et la sensibilité des auteurs.

 

 

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 22:58

 

L’enfer, le silence

 

 

J’ai mis du temps à m’attaquer à ce quatrième tome. Je le regrette, il est sublime. Mes réticences concernant le scénario des précédents albums s’est presque évaporé à la lecture de celui-ci. Presque. Je crois qu’il y a incompatibilité entre Diaz Canales et moi-même car il reste toujours des détails de l’histoire, dans chaque BD, qui m’échappent.

La Nouvelle-Orléans, 1950. Le journaliste et désormais ami de Blacksad, Weekly, lui a trouvé un nouveau boulot : Faust Lachapelle, un producteur musical, veut retrouver un pianiste de grand talent, Sebastian. Ce père spirituel craint que le musicien n’ait succombé à la drogue, son vice préféré. L’enquête devient glauque lorsque notre séduisant détective tombe sur un cadavre, celui d’un ami de Sebastian, et lorsqu’un hippopotame alcoolique le menace parce qu’il lui aurait piqué son boulot.

Encore une fois, les personnages foisonnent, ils sont d’ailleurs d’autant plus nombreux dans ce tome qu’on assiste à la cavalcade de la Nouvelle-Orléans. Les détails sont remarquables : du bouledogue aigri qui représente la vieille femme faisant la gueule, en passant par les escaliers et les célèbres balcons de la ville, le charme néo-orléanais transpire et le lecteur prépare mentalement ses bagages.

Le dessin est de toute beauté, toute la palette de couleurs est présente avec finesse et pertinence : le bleu de la chemise de Sebastian, la cape rouge de la Mort, les couleurs pastel pour les rues et la douceur de vivre de New Orleans… L’humour n’est pas absent, il y a par exemple ce vaillant petit journaliste qui s’apprête à sympathiser avec une jolie créature mais qui doit la délaisser au mauvais moment pour poursuivre son enquête.

Cet album est surprenant à tous points de vue et je crois bien que c’est mon préféré de la série. Pour ne pas me défaire de ma réputation de pinailleuse, je dirais que le choix de la couverture est discutable, il ne reflète pas le contenu de l’album, tout ce bleu apporte une touche bien froide à cet ouvrage qui ne l’est pas du tout. Donc, ne vous arrêtez pas à la première de couverture et, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, plongez, noyez-vous dans cette admirable BD !

Tome 3 : ici.

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 23:05

 

 

D’emblée, je savais que cet album allait me plaire… il parle de bonne bouffe !

 

Alain Passard est un grand chef, propriétaire d’un restaurant parisien trois étoiles, « L’Arpège » (je n’y ai bien sûr et hélas ! jamais mis les pieds). Christophe Blain, dessinateur et scénariste « étoilé » dans son domaine se propose de nous dévoiler une partie du travail titanesque de Monsieur Passard.

Si le thème de l’album est original, la forme n’est pas en reste. La page de gauche est réservée à une recette, celle de droite à la réalisation de cette recette par Passard dessinée par Blain. Bien sûr, les recettes sont originales et surprenantes puisque nous dégustons (trop virtuellement à mon goût !) un cœur de chou nous veau « à cru » au parmesan, des galettes de pomme de terre « façon pizza » aux crudités et parmesan, une émotion « pourpre » au miel d’acacia ou encore des fraises aux « éclats » de berlingots à l’huile d’olive.

Ce qui ressort de ces planches culinaires et gastronomiques, c’est l’amour du chef cuisinier pour son métier. Il regarde amoureusement les légumes et les fruits qu’il choisit minutieusement, il dresse souvent un « tableau » des produits crus, les observe, les scrute, les dispose à la manière d’un peintre devant sa toile. C’est bien un art. Un art sensuel et généreux.

Quelques intermèdes nous emmènent loin des fourneaux, dans le potager de Sarthe ou encore dans celui de Normandie. Passard s’entoure des meilleurs jardiniers, sa cuisine s’apparente même parfois à un laboratoire où l’on compare, par exemple, le navet dans trois terroirs différents. Cette minutie peut faire sourire mais lorsqu’on suit le cheminement d’un grand chef, elle est logique.

Un hommage à un grand cuisinier donc, et plus généralement à un métier souvent ingrat qui s’approche du sacerdoce, Passard nous dit dans la dernière page que ses journées vont de 7 à 3h du matin… et il conclut en s’exclamant : « Hahahaha on a la belle vie ! »

Une belle lecture gourmande que je ne peux m’empêcher de comparer à Le gourmet solitaire que j’ai tant aimé qui est, il me semble, un brin supérieur à cet album par son intrigue. Le côté répétitif de Blain peut déplaire à certains. Je ne manquerai pas de tenter l’une ou l’autre recette et vous en ferai peut-être part.

 

Le fameux « cœur de chou » : « C’est beau, ça, c’est des p’tits cœurs de bœuf. C’est tendre comme la rosée. Ce que j’aime, c’est presque créer le truc. Réunir les ingrédients. Jouer avec les couleurs. Regarde. J’ai fait mon marché. C’est beau, non ? Tony, viens voir. Regarde, c’est beau, non ? »

 

 

 

C’est une première, voici ma note pour cet album… note que je transmettrai à Yaneck, comme tous mois   : 18/20

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 23:17

 

           Comme son titre l’indique, ce roman graphique tourne autour d’un immeuble newyorkais « qui se tenait à califourchon à l’intersection de deux avenues. C’était un point de repère dont les murs survivaient aux pluies de larmes et aux averses de rires. » Une fois l’immeuble trop délabré, il est rasé et assez vite remplacé par une construction neuve et moderne. Quatre fantômes surgissent, ils nous racontent la vie de cet immeuble à travers leurs propres drames, espoirs et joies.

Monroe Mensh a tenté toute sa vie de se racheter. Devant le building, une balle perdue tue un enfant à côté de lui. Monroe pense qu’il aurait pu le sauver. Désormais, son objectif est d’aider les enfants, de récolter de l’argent pour les miséreux. Ses bonnes intentions croiseront souvent la route de la malchance…

Gilda Green est une très belle fille qui, étudiante, s’est amourachée de Benny, le poète. Agacée par le manque de confort et de sécurité de son bien-aimé, elle épouse son patron, un dentiste. Quelques années plus tard, elle se rend compte que son mari millionnaire la trompe mais aussi qu’elle est encore amoureuse de son poète. Impossible de revenir en arrière…

Antonio Tonatti est un violoniste qui a petit à petit abandonné son instrument favori pour travailler dans l’entreprise familiale de construction. C’est un accident du travail qui lui permettra de retrouver le violon, et tous les jours, il jouera devant le même building, n’ayant que pour récompenses « la lueur de plaisir, le bonheur que son jeu provoquait ».

P.J. Hammond est le fils d’un riche dirigeant immobilier. A la mort de son père, il veut faire comme lui, s’enrichir au détriment des pauvres. Une obsession tourmentera ses vieux jours : acheter ce building si difficile à acquérir, cet immeuble où son père a fait fortune, où il a joué, enfant.

 

Will Eisner rend attachant un bâtiment qui à la fois spectateur et hôte de centaines de personnes. Ce building est chargé de souvenirs, un peu à la manière du buffet de Rimbaud.

La lecture de cet album a été facile et rapide mais je n’ai pas été emportée par l’histoire, par les histoires. Ce découpage en historiettes m’a trop fait penser à Petits miracles que j’ai préféré… et j’ai même trouvé des ressemblances avec le style d’Eric-Emmanuel Schmitt … non qu’une telle comparaison soit blasphématoire mais la dimension édifiante et bassement philosophique m’a lassée aujourd’hui. Je n’ai pas été charmée à 100%.

 

 

 

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 23:32

 

 

 

Tout comme pour Construire un feu, je n’ai pas réussi à lâcher cette BD une fois ouverte. Cet auteur a le don de happer le lecteur, et ici, avec  de l’horreur et de l’insoutenable !

            Les premières planches renvoient au procès du trop célèbre Landru, en novembre 1921. Un avocat énumère ses crimes, le condamne sans indulgence et le traite de « monstre », d’ « impitoyable Barbe-Bleue », d’ « assassin scrupuleux et méthodique ».  Puis, retour en arrière. Janvier 1915. Explication des faits à leur source, à leur origine. Sauf que Chabouté nous propose une version toute particulière de cette page historique sanglante. Landru n’est plus le coupable mais la victime ou du moins, le complice inconscient des meurtres commis sur les femmes.

            Du fond des tranchées, en janvier 1915, Paul exprime son désir de retrouver sa bien-aimée, Hélène, et de fuir. Ce qu’il ne tarde pas à faire. La guerre aura laissé des traces indélébiles sur son visage puisqu’un obus l’a complètement défiguré. Il lui faudra beaucoup d’argent, prévient-il dans une des dernières lettres adressées à Hélène. Landru, lui, passe son temps à séduire des jeunes femmes par le biais de petites annonces avant de les escroquer. Paul, ayant eu vent de ses petits larcins, le fait chanter en lui demandant de rameuter encore et encore, des femmes riches à la villa de Gambais : « C’est elles qui vont nous donner leur argent et nous supplier de les aider à quitter le pays … et je me ferai un plaisir et un devoir de leur  faire prendre un bateau pour l’Argentine ». Landru se voit forcer d’accepter le marché. Les trois complices suivent toujours le même procédé : ils feignent un cambriolage la nuit lorsque la jeune femme est au lit. Paul donne une arme à celle-ci et l’ordre de tirer sur tout ce qui bouge. Les femmes, les unes après les autres, vont croire qu’elles ont tiré et tué un Landru allongé au sol, inerte. Ce n’est qu’au bout de quelques voyages (pour lesquels Landru demandera toujours « deux allers, un retour ») que Landru apprendra le véritable destin des femmes : massacrées, Paul et Hélène leur extorquent leur argent,… mais aussi leur peau, qu’un médecin tente de greffer sur le visage mutilé de Paul.

            Pourquoi changer l’Histoire ? est-ce pour nous amener à réfléchir sur la justice ? sur la responsabilité des médias ? sur la « vérité » qui reste toujours une donnée incertaine ? Je ne sais pas mais en tous cas, la version que nous présente Chabouté est une réussite.  Le récit est prenant, le graphisme noir et blanc envoûtant. Le réalisme des planches évoquant la Première Guerre fait froid dans le dos. Landru avec sa célèbre barbe pointue passe pour un homme bienveillant trop crédule. Paul, momifié par ses nombreux bandages apparaît comme un monstre, au sens propre comme au sens figuré. Au final, c’est bon comme un excellent polar, images en prime.

  

 

 

 

 

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