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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 17:23

 

               Un roman graphique de Mathias Enard ? L’idée est stimulante, non ?

               Le narrateur est un artiste reconnu à qui on demande de créer un monument du souvenir pour la ville de Sarajevo. Il n’a jamais réalisé de mémorial et ne sait par où commencer. Il visite la ville, ses ruines, ses mosquée, ses cafés, ses maisons aux façades trouées. Il y rencontre Marina, une architecte qui travaille pour une ONG qui le guide dans cette ville qui a tant souffert, qui lui montre le site des Jeux Olympiques de 1984, c’était encore « avant »… Mais le narrateur ressent aussi le besoin de découvrir Belgrade, Cracovie, les rives du Danube, de marcher ce passé balkan pour savoir quelle forme prendra ce monument de mémoire.

                Marqué par les ombres de corbeaux et de loups, ce roman graphique est sombre et beau. Il se fait aussi réflexion sur l’art et la place de l’art dans le monde, sur la vanité des tombes et autres stèles commémoratives. Un combat entre la vie et la mort sans qu’on sache bien lequel des deux ressort gagnant…  Les illustrations de Pierre Marquès sont de toute beauté et mêlent les genres : photographies, aquarelles, peintures proches du photoréalisme qui figent l’instant tout en apportant une petite touche d’espoir. Un bien bel objet que ce livre surprenant et … nécessaire !

 

              Quand l’artiste s’interroge sur sa démarche : « Les vivants ou les morts ? S’adresser aux vivants pour les morts ? Les morts n’ont plus besoin de rien et les vivants veulent vivre en paix. La vie est le seul monument aux morts. Les histoires que les morts racontent aux vivants. »

19/20

 

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 11:03

 

               Les deux auteurs évoquent si souvent ce titre dans Le retour à la terre que j’ai sauté sur cet album au tout petit format à peine l’avais-je entraperçu…

               Le personnage principal est un dessinateur au gros nez (on se demande bien qui il peut représenter…) qui se rend chez son Maître, un moine bouddhiste, un guide spirituel qui a pour tâche de critiquer ses dessins mais aussi, de manière plus large, de lui prodiguer des enseignements sur la vie. En arrivant, le dessinateur surprend le Sage en train de monter un banc Ikéa, il lui donne un coup de main, les deux ont du mal à s’en sortir… d’où l’admirable jeu de mots du titre. La plupart des planches sont constituées d’un dessin en noir et blanc de Celui-qui-a-encore-tant-à-apprendre, surnommé Demi-Lune,  accompagné d’une remarque de Celui-qui-sait-tout.

              Comme dans Le retour à la terre, les deux artistes exploitent la carte de l’auto-dérision. Le dessinateur est un être qui doute, qui se met facilement en colère, qui griffonne et parfois gribouille. L’humour toujours présent, donne à ce petit album carré (Jérôme me donnera-t-il le nom de ce format ^^?) une fraîcheur et une légèreté qui font un bien fou.

 

Deux petits extraits pour vous donner l’eau à la bouche :

- Celui-ci est très étrange !

- Je l’ai intitulé « Le chien qui boîte », Maître…

- Il boîte et n’a pas d’oreilles…

- Ah oui, tiens…

- Ce chien n’est –il pas pareil à l’être humain qui croit boiter alors qu’en réalité il est sourd ?

- Oui Maître.

 

- Pourquoi cherches-tu à enfermer tes peintures dans des cases, Demi-Lune ?

- Je ne sais pas, Maître… Tout petit déjà, je lisais « Les tuniques bleues » et c’était dessiné dans des cases.

- Ton trait doit ressembler au torrent de montagne qui dévale les pentes sans obstacle.

- Ben oui … Mais les cases, c’est important, ça, en B.D., les cases…

- Les cases sont des petites maisons en bambou qui empêchent le vent harmonieux de souffler sur ta page.

- Moi je veux bien, mais sans cases, les gens vont pas comprendre…

- Ton besoin de dessiner dans des cases est illusoire et correspond à la peur que tu éprouves à laisser parler en toi le Grand Tout…

 

19/20

 

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 11:29

 

             Ça y est, Manu est papa ! Comme tous les jeunes parents, Manu et Mariette voient leur vie chamboulée. La petite Capucine ne fait pas ses nuits, Manu est crevé, il fait des cauchemars, il est de mauvaise humeur avec sa compagne, il chante beaucoup pour calmer bébé, il la promène souvent en poussette. Quand Mme Mortemont vient la garder un soir pour que les parents puissent aller au cinéma, Manu n’est pas tranquille.

              Mais les parents restent des adultes, des adultes fragiles et influençables. Aussi, quand Christina Ignacio re-débarque dans la vie de Manu, une ancienne copine qui adorait tellement ses dessins, Mariette se venge à coups d’ex petit ami, Aymeric de Saintonge, qui lui offrait des fleurs, lui. Tout se détraque quand il se met à pleuvoir, à pleuvoir très fort, à pleuvoir sans cesse : le toit fuit, des copains raveurs se tapent l’incruste et Manu déprime. Comme par peur qu’il n’y en ait pas assez, il se promène tous les jours avec un gros paquet de couches roses….

              C’est toujours aussi bon et goûteux ! D’une incroyable justesse, les auteurs nous offrent des tranches de vie emplies de tendresse et d’humour. Snif snif, il ne me reste plus qu’un tome à lire et ce sera fini…

 

   19/20  

 

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 11:19

            

            Comme dans le premier tome, les auteurs de ce très amusant livre d’images imaginent ce qu’aurait pu être l’origine d’un tableau. Si l’effet de surprise est passé, on se marre vraiment bien tellement c’est loufoque et cocasse, parfois absurde. Trois tableaux de Tiepolo montrent un Christ à terre portant péniblement sa croix sur son dos. Vous ne le saviez pas mais Jésus a glissé, une première fois sur un râteau, une deuxième fois sur un savon et une troisième fois sur une peau de banane. L’anachronisme fonctionne également à plein régime : si Van Gogh porte un bandeau dans son Autoportrait à l’oreille coupée, c’est tout simplement parce qu’il a passé trop de temps à écouter ACDC. Les femmes nues du Déjeuner sur l’herbe de Manet sont dans cette tenue parce qu’elles ont perdu une partie de strip poker.

            On sourit du début à la fin, on en voudrait deux cents pages de plus et quelle belle façon de découvrir ou redécouvrir les grandes œuvres de Millet, Raphaël, Brueghel l’Ancien ou encore Vélasquez !

 

19/20

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 10:39

 

 

              Emue j’ai commencé cet album, encore plus émue je l’ai refermé. Neuf tomes de douceur, de sourires, de tendresse, d’amour, qui s’achèvent ici.

              Les femmes de Notre-Dame-des-Lacs préparent activement le retour de leurs bonhommes. Elles leur mijotent une belle surprise, elles se sont fait belles, très belles et leur ont concocté une fête de retrouvailles inoubliable. Marie, quant à elle, est ronde et épanouie par sa grossesse. Serge la couve et l’accompagne. Mais Serge est aussi occupé ailleurs : le baptême du bateau de Noël, construit pendant si longtemps fait germer une idée dans la tête du curé Réjean : les deux compères (dont la relation si particulière est à peine suggérée) filent à Montréal pour acheter à Noël un perroquet.

            Le jour du baptême du bateau est enfin arrivée, on ne peut se lasser d’admirer la grande case qui lui est consacrée : tout le monde s’affaire, Gaétan fait rôtir des cochons, on dresse d’immenses tables à l’extérieur, les hommes s’apprêtent à faire sauter les cales du bateau et c’est à Marie que revient l’honneur de briser la bouteille de champagne (attention du « vrai champagne de France »!). Deux événements viennent rompre cette allégresse : le bateau prend feu, on ne sait pas pourquoi, et Marie… perd les eaux ! Elle accouche non pas d’un « ti-cul » mais de deux ! Ils s’appelleront Louise et Ti-Jean. Noël oublie vite sa tristesse causée par la perte de son bateau en pensant au prochain qu’il construira.

              Les auteurs, sensibles à notre tristesse de lecteurs, nous offrent un dernier cadeau : un album de photos qui nous permet de continuer l’aventure pendant quelques années. La modernité est entrée à Notre-Dame-des-Lacs puisqu’après la création des trottoirs, les chars (comprenez les voitures) puis l’électricité sont venus éclairer et améliorer la vie déjà bien douce et heureuse de nos chers villageois.

          Cette série, exceptionnelle, est une consolation, une friandise, un beau rayon de soleil de lecture. Les superbes dessins de Loisel et Tripp magnifient les valeurs simples comme la solidarité, la générosité, la tolérance. Merci à eux.

 

« 20/20 »

 

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 15:12

 

                                     

 

                Après avoir été séduite par Un petit goût de noisette, j’ai voulu lire autre chose de cette dessinatrice talentueuse.

               Valentine a 14 ans, elle est au collège, elle vient d’entrer en 3ème, elle est amoureuse de Félix mais ne l’ose pas l’approcher. Ses copines sont bien plus extraverties qu’elle, l’une multiplie les conquêtes masculines, l’autre semble connaître la terre entière.  Valentine, elle, est toujours un peu en retrait, on dirait qu’elle a du mal à suivre le mouvement, qu’elle s’efforce d’être comme les autres adolescents, sans y parvenir vraiment. Elle fait des choses dont elle n’a pas vraiment envie, comme rajouter du whisky dans son coca ou danser avec un garçon qui l’indiffère. Les relations avec sa mère ne sont pas mauvaises mais elles ne sont pas excellentes non plus. Valentine passe beaucoup de temps devant la télé à manger des gâteaux. Elle est forte en gym au collège mais elle n’en tire aucune fierté.

               Même si le regard est très juste et pertinent – quelques souvenirs de cette période de l’adolescence, si particulière, me sont revenus – ça ne m’a pas vraiment passionnée. J’ai sans doute passé l’âge… Les dessins sont très jolis, précis et colorés, ça ne m’étonne pas que le talent de cette dessinatrice laotienne plaise tant aux jeunes.

 

16/20

 

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 18:08

 

              « Ah, enfin ! » Combien de lecteurs du tome 1 se sont dit ça en découvrant le tome 2 ! Je me réjouissais vraiment de lire la suite des aventures de nos petits vieillards joyeux.

              On retrouve Sophie, désormais maman d’une petite Juliette. N’oublions pas qu’elle détient une fortune colossale. Ne sachant qu’en faire, elle envoie une valise pleine de billets à Pierrot qui devrait les utiliser à bon escient pour son collectif « Ni yeux ni maître », ces petits vieux qui essayent de semer la zizanie dans les milieux politiques policés et hypocrites. Oui, mais Sophie signe son colis du premier nom de femme pirate qui lui vient à l’esprit, « Ann Bonny ». Hasard malheureux, Anny Bonny est aussi le pseudo qu’une ancienne amoureuse de Pierrot s’était choisi. Et voilà notre Pierrot au bord du délire parce que son ancienne conquête, contrairement à ce qu’il croyait depuis des dizaines d’années, est vivante !

             Le collectif cher à nos trois amis sévit toujours et c’est bien ce qui m’a fait le plus rire, ils assistent à la conférence d’un certain « Jean-François Cop… » accompagnés de leur pote surnommé « Human Bomb ». « Ce gars-là, il se vide le moutardier sur demande, n’importe où, n’importe quand, tu vois…. C’est une arme de destruction massive ». L’arme fait effectivement son petit effet, tout le monde fuit !

              Les planches qui nous emmènent dans les boulangeries sont également délicieuses, tellement réalistes et justes. Pierrot demande une baguette mais devant les différentes propositions de la vendeuse, une « Sarmentine… une Fleurimeuline du papé… une Grand Siècle », Pierrot s’énerve et se rabat sur un pain aux raisins.

                J’ai bien entendu adoré l’album dans son ensemble, la critique de la société qu’il propose, les dessins qui montrent des vieux si rabougris mais si humains, si combatifs ! La vie semble être une vaste blague qu’on peut raconter de différentes manières. J’ai eu du mal à comprendre la présence d’un passage bien précis, celui du spectacle de marionnettes de Sophie où elle explique grosso modo qu’il faut prendre soin de notre planète. Le discours écolo-moralisateur ne cadre pas avec l’esprit des deux tomes. Petit bémol qui n’a en rien gâché mon engouement pour ce magnifique diptyque.

 

« L’anarchie, c’est pas le bordel, mon cher ! C’est l’ordre, moins le pouvoir, nuance. »

 

»   18/20   »

 

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 16:49

                

             Voilà un bouquin que je range parmi mes BD mais qui est bien inclassable… tant mieux, il brille par son originalité !

            Les auteurs nous proposent une explication, complètement fictive, de certains grands tableaux célèbres. Pourquoi et comment certaines toiles ont-elles été peintes, pour le dire autrement. Ainsi, pour expliquer « Napoléon à Fontainebleau » et la mine déconfite de l’empereur, on voit une première image montrant l’homme surexcité, tapant du pied, avec, sur le guéridon, une canette de Heineken (et une bouteille de Kronenbourg à ses pieds !), une deuxième case montre un écran de télé et le score footballistique « France 0 – 1 Italie ».

            Une de mes double-pages favorites : une première case montre une terrasse déserte, des tables nappées de blanc. Une deuxième fait un zoom sur une grande ardoise : « Happy Hour Now ! » et la troisième représente « Le Déjeuner des canotiers » de Renoir. « La Mort de Sardanapale » se résume aux conséquences d’une journée de « Soldes Flash » et si Paul Cézanne, dans son autoportrait, porte un turban, c’est parce qu’il a maladroitement joué au bilboquet avant. Je crois que c’est la placidité et le flegme de la plupart des personnages que j’ai tant apprécié. Cézanne nous regarde, son bilboquet à la main, l’air de dire « regarde ce que je sais faire » et sur le vrai tableau, il nous scrute toujours, il assume sa maladresse et se résigne à porter son bandage sur la tête. Excellent !

            Cette réécriture de l’histoire des grandes œuvres d’art est un vrai plaisir pour les yeux, il n’y a pas de texte mis à part les références des tableaux, mais on n’en a vraiment pas besoin. Complètement loufoque et jubilatoire. On en veut encore !!! Ça tombe bien, un tome 2 est sorti !

19/20

 

 

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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 21:54

                                

            Et je continue ma promenade campagnarde avec Manu et Mariette.

            Cet album est un peu particulier car il s’éloigne des caractéristiques très marquées de la campagne pour raconter la vie d’un futur père. Le sujet a été maintes fois traité et pourtant, Manu Larcenet y apporte une touche de tendresse et d’humour incomparables.

            Mariette est enceinte et Manu panique. Il a peur et prend des précautions : il fait un repérage du trajet maison-maternité, il lit Laurence Pernoud de A à Z et lorsqu’il quitte Mariette pour aller à un festival de BD, il met des post-il partout dans la maison. D’ailleurs, il ne rentre pas les mains vides de ce festival de BD de Château-Moignon, il y remporte la Gomme de Bronze pour son album Pic d’Ozone. Cette Gomme est un truc assez immonde et surtout très imposant que le couple ne sait où placer : deviendra-t-il escabeau ou table de chevet ?

            On retrouve les mêmes personnages que dans les tomes précédents : Mme Mortemont qui tente de deviner le sexe de l’enfant à venir avant de… le mettre tout simplement au monde ! L’ermite est là aussi, toujours fidèle et donneur de conseils. La nouveauté, ce sont les parents de Mariette, ils se permettent de douter de leur gendre et de son métier bizarre.

            J’ai plusieurs fois éclaté de rire pendant cette lecture. Album parfait après une bonne grosse journée harassante, ça détend, ça soulage, ça fait sourire… merci monsieur Larssinet !

19/20 

 

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 16:08

 

                         

                  Helen Keller est née en 1880. A dix-neuf mois, elle contracte une maladie qui la rend aveugle et sourde. Coupée du monde, incapable de communiquer ou même de se tenir à table, à sept ans, elle va recevoir l’aide d’Annie Sullivan. Annie Sullivan a, elle aussi, un parcours particulier. Presque aveugle, elle subit une série d’opérations qui vont lui permettre de recouvrer partiellement la vue. A vingt ans, elle devient la préceptrice d’Helen Keller.

               Cette BD originale raconte cette rencontre mais surtout l’apprivoisement, l’éducation et les liens très forts qui ont uni Helen et Annie. Grâce à de petites pressions, caresses ou signes dans la main, Annie apprend doucement, très doucement à Helen à comprendre, à répéter des mots et enfin, à faire passer des messages. A onze ans, Helen parviendra à écrire un récit entier.

              Cette bande dessinée réussit admirablement à décrire le cheminement d’Helen partant d’un monde noir et silencieux où elle ne s’exprime que par le corps (et souvent violemment) à un univers coloré et riche. Bien sûr, le parcours est semé d’embûches, la petite fille refuse de faire, met du temps à comprendre, se révolte. Annie adopte une méthode plutôt musclée qui consiste bien souvent à mettre Helen à terre, méthode qui, cependant, fonctionne. Un bel album sur la différence et la notion de persévérance pour une leçon pleine d’espoir et d’humanité. Petit bémol : le dessin des visages que j’ai trouvés un peu bâclés. J’ai aimé apprendre que les deux femmes ne se sont jamais quittées. J’ignorais également que les Américains célébraient le Helen Keller Day tous les 27 juin, jour de sa naissance.  

              Merci à la prêteuse ;-)

 

          

18/20

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