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21 décembre 2021 2 21 /12 /décembre /2021 10:56

Les Brumes de Sapa by Lolita Séchan

 

La fille de… nous raconte son histoire d’amitié avec une petite Vietnamienne.

A vingt-deux ans, Lolita se cherche et elle pense pouvoir se trouver en partant un mois au Vietnam. Là-bas : désillusion ; alors qu’elle attend « pourvu qu’il m’arrive quelque chose », rien n’arrive et elle n’aime ni le pays ni cette grande ville de Saigon. Les derniers jours de son voyage, elle s’en va vers le nord, Hanoï d’abord puis Sapa, une petite ville isolée entourée de cultures en terrasse. Elle y rencontre par hasard Lo Thi Gom, une fillette de douze ans qui fait partie d’une minorité ethnique, les Hmong, et qui parle parfaitement anglais rien qu’en écoutant les touristes dans les rues. Elle lui parle de sa ville, de sa date d’anniversaire qu’elle ne connaît pas avec précision, de l’école qui est pour l’instant plutôt interdite pour son ethnie, des mariages des jeunes filles de son âge. Elles se promènent ensemble dans les rues, au marché, dans les bars. Lolita rentre chez elle, ou plutôt poursuit ses études au Canada mais Lo Thi Gom l’obsède, elle sent qu’elle a besoin de retourner la voir. C’est ce qu’elle fera, pas une fois, mais chaque année. Le Vietnam deviendra son refuge, Lo Thi Gom sa bouée de sauvetage, son repère.

            C’est un beau roman graphique qui touche par sa sincérité. Lolita nous raconte sa vie d’être perdu, ses hypocondries, ses relations avec ses parents, ses peurs constantes et surtout cette rencontre aussi improbable que lumineuse. Tout n’est pas rose, elle emmène Lo Thi Gom prendre l’avion pour la première fois de sa vie pour Saigon et sent sa cadette attirée par les nouvelles technologies et les influences américaines. Elle ne sait si elle est/doit être une amie, une grande sœur, une mère… ou toujours une étrangère pour la fillette qui grandit et s’émancipe à sa façon. En effet, elle rejette longtemps le mariage, s’installe seule dans une minuscule maison brinquebalante (« mais je ne la partage avec personne »), devient guide touristique. Lolita, revenue en France, s’effraye de la demande en mariage de Renan. Les deux filles devenues femmes vont se trouver des points communs et surtout les mêmes interrogations sur la vie. Une belle surprise que cet album, pas parfait (les hachurages m'ont un peu agacée au bout d'un moment et j'aurais aimé voir les couleurs du Vietnam) mais une belle surprise.

Lo Thi Gom a un petit copain mais refuse de se marier : « Mais si je me marie je devrai tout arrêter. Je ne serai plus guide pour touriste. Je serai femme et après je serai mère. Mais moi je veux juste être moi. »

Lolita, de son père : « Il est là, c’est tout. Comme un chat devant une fenêtre qui ne chasserait jamais les oiseaux. Immobile. »

Lo Thi Gom a rêvé de poulet entier, ensuite d’école, puis de prendre l’avion : « Maintenant j’aimerais découvrir le monde, venir te voir à Paris… Mais je sais que plus rêves grossissent, moins j’ai de chance d’être heureuse. »

Un extrait que je trouve si simple et si beau : « Nous vivons tous dans une cage. Celle de notre histoire, de notre pays, de notre famille. Parfois nous nous échappons pour 3 minutes d’envol. Et ces 3 minutes de fausse liberté sont plus précieuses que tout. Ces instants volés entre l’enfance et l’âge adulte. Entre ici et ailleurs… A peine quelques battements d’ailes dans un ciel anonyme ou dans les brumes de Sapa. »

Les Brumes de Sapa, bd chez Delcourt de Séchan

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 10:48

Amore, bd chez Delcourt de Zidrou, Merveille

               Après Seul dans le noir et Apprendre à se noyer, ces titres d'une incomparable bouffonnerie, il fallait bien un peu d'Amore...

            Un peu moins d’une dizaine d’histoires pour nous parler d’amour. L’amour passionnel, l’amour infidèle, l’amour exclusivement physique, l’amour qui dure toute la vie, l’amour d’un jour, la séduction, la jalousie, la tentation, le désir, l’absence d’amour. Ce thème universel s’épanouit ici en Italie, sur une petite place ensoleillée ou sur une terrasse avec vue sur mer. Un couple fait l’amour pendant la messe du dimanche, une cliente flirte avec son gondolier à Venise, un homme trompé va chercher en vain la femme qui pourrait être sa maîtresse, un fils observe ses parents s’aimer « spectateur unique d’un amour unique ».

                C’est à la fois simple, beau, léger et puissant. Comme souvent chez Zidrou, les mots font mouche et le dessin de Merveille qui accompagne sa poésie respire l’authenticité. Un joli bijou, à relire souvent pour mettre un peu de couleur et beaucoup de lumière dans la vie. J’ai tout aimé mais ma préférence va à cette nouvelle illustrée intitulée « Grazie mille » où un vieil homme remercie l’amour de sa vie, l’amour qui l’a porté toute son existence et l’a fait apprécier les prodiges de la nature et du quotidien. Un petit extrait :

 « Pour ma vie, sur sa vie posée, grazie ! Pour mes jambes qui courent vers elle, pour mes bras qui volent vers elle, pour mon rire et son rire, enlacés… grazie ! Pour ma poitrine qu’elle caresse… pour mon souffle qu’elle dompte, mon ventre qu’elle apprivoise… pour mon désir qu’elle dresse, grazie ! Pour ma fille, dans mes bras, éclose… pour mon enfant, un instant durant, devenu géant, pour la main de ma fille, dans ma main blottie… pour la force de mes reins, pour la douceur de ma voix… grazie ! »

Amore, bd chez Delcourt de Zidrou, Merveille

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28 novembre 2021 7 28 /11 /novembre /2021 10:48

Blacksad t.6 ; alors, tout tombe première partie - Juan Díaz Canales, Juanjo  Guarnido - Dargaud - Grand format - Librairie Gallimard PARIS

Alors, tout tombe.

            Comme j’ai été heureuse de voir qu’un nouvel opus de mon chat préféré (non, mon roux qui ronronne sur le canapé passe devant, tout de même) était sorti !

L’histoire démarre par une représentation théâtrale, une troupe joue du Shakespeare devant un public conquis. Blacksad, notre détective, en fait partie et assiste, aussi médusé que les autres spectateurs, à l’arrivée de la police qui veut stopper le spectacle et à la confrontation entre la directrice de troupe, Iris, et le lieutenant. Pendant ce temps-là, notre petit journaliste Weekly tombe déjà amoureux d’une jolie Rachel, apprentie journaliste. Le soir même, Blacksad sauve Kenneth Clarke, le président du syndicat des travailleurs du métro, des griffes de dangereux malfrats. Ce même Kenneth lui apprend que Solomon, un magnat de la construction, ne jure que par les autoroutes et freine la construction du futur métro. Blacksad se met à enquêter en travaillant au plus près des taupes, dans les entrailles de la ville. Weekly, quant à lui, pense avoir trouvé le bon filon, en s’inventant reporter particulier pour Solomon.

Après huit ans d’absence, le duo d’auteurs revient nous régaler avec ces animaux personnifiés dans un univers sombre et mafieux. Il n’y pas à dire, c’est une série culte. Je continue à m’extasier sur les dessins de Blacksad lui-même, toujours élégant et malicieux, mais aussi de tous ces personnages anthropomorphiques, tellement réussis ! Comme par le passé, je trouve toujours que le scénario est un cran en-dessous du graphisme mais c’est sans doute parce que je suis tellement subjuguée par les belles planches que j’en oublie l’histoire. Dommage que ce soit un diptyque, il va falloir attendre de lire la suite, et dieu sait que la dernière planche nous réserve une sacrée surprise.

Le talentueux Guarnido s’est distingué, il y a peu, avec Les Indes fourbes.

Blacksad tome 6 – Alors, tout tombe (première partie) – Juan Díaz Canalès – Juanjo  Guarnido – polar – roman noir – batisseur new york – urbanisation –  syndicat – théâtre – shakespeare – p.2 – Branchés Culture

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19 novembre 2021 5 19 /11 /novembre /2021 19:36

Joe la pirate - cartonné - Hubert, Virginie Augustin - Achat Livre ou ebook  | fnac

Londres, 1908. Marion Barbara, dès son plus jeune âge, est un garçon manqué qui aime escalader, désobéir, crapahuter partout où c’est interdit. Le problème c’est qu’au début du XXe siècle, dans cette famille bourgeoise, ça ne se fait pas du tout. Sa mère envoie celle qui se fait désormais appeler « Tuffy » aux Etats-Unis, dans un pensionnat dans le Connecticut. Pour Tuffy, ce « petit monstre plein de santé », c’est le paradis, elle fait enfin ce qu’elle veut, développe son côté garçon comme elle l’entend et se rapproche de toutes ces jolies jeunes filles qui l’entourent. Elle revient en Europe pour participer à la Première Guerre mondiale et apprendre les joies du sexe auprès de la nièce d’Oscar Wilde, Dolly. Après la guerre, elle se fera appeler « Joe » et c’est en smoking, les cheveux courts, qu’elle va conquérir Tallulah Bankhead, une comédienne américaine, Ruth qui va longtemps rester sa préférée et même Marlène Dietrich. Gérante d’un garage où pilotes et mécaniciennes ne sont que des femmes, navigatrice hors pair, Joe finit par acheter une île des Bahamas, Whale Cay, qu’elle entreprend de gouverner ; elle y construit une grande villa mais aussi une école, un phare, une église, elle prend le temps d’enseigner les rudiments de l’agriculture aux Bahamiens. Toujours généreuse et insolente, elle n’aura pour unique confident qu’une poupée nommée Wadley, et multipliera, jusqu’à la fin de sa vie, les maîtresses.

Quelle vie ! Ce bon gros album raconte l’existence incroyable de cette femme qui affirme « Je suis ma propre création. Je ne dois rien à personne et surtout pas à mes parents. » Eprise d’une liberté absolue, elle se paiera le luxe de faire ce qu’elle veut, de décider, commander, régir, aimer à sa guise. Rarement contrariée, souvent critiquée mais jamais blessée, elle ne compte que très peu sur la gente masculine. Même si à la fin de sa vie (une longue vie, elle est morte à 93 ans, incinérée avec Wadley !), elle délaisse son île par couardise, elle se complaît dans ses souvenirs denses et si heureux. Malgré quelques longueurs, j’ai beaucoup aimé cette occasion de découvrir ce personnage méconnu, insolite et frondeur à travers ces dessins simples mais élégants, en noir et blanc.

« Ennui est un mot qui devrait être mis en pièces pour voir de quoi il est fait. Comment peut-on s’ennuyer ? Les gens manquent seulement d’imagination et de volonté. »

Joe la pirate, bd chez Glénat de Hubert, Augustin

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9 novembre 2021 2 09 /11 /novembre /2021 14:28

Livre: Stop work, Les joies de l'entreprise moderne, Jacky Schwartzmann, Morgan  Navarro, Dargaud, 9782205082005 - Leslibraires.fr

-Les joies de l’entreprise moderne-

C’est ma bibliothécaire qui m’a conseillé cet album avant que je me rende compte que le scénario a été écrit par Jacky Schwartzmann, que j’affectionne particulièrement.

Fabrice Couturier travaille dans une entreprise qui fabrique des rondelles métalliques. Imbu de sa personne, hypocrite, amateur de vidéos porno trash, prétentieux, il a tout du parfait connard. Et pourtant, on va finir par s’attacher à ce gars. Il brigue le poste de responsable des achats mais le fauteuil tant convoité sera occupé par une jeune femme, Mia, que, d’emblée, Fabrice ne peut supporter. Soutenu par son copain de la CGT, il va se venger en sapant une des marottes de l’entreprise : la sécurité. En effet, chaque employé se doit de déclarer, tous les ans « des presqu’accidents » pour éviter de grandes catastrophes. Ainsi, déclarer qu’on s’est cogné le genou contre un tiroir de bureau permet, à destination de l’ensemble de la boîte, de mettre un mot avertissant du danger accompagné de l’injonction « Il faut fermer les tiroirs de bureau. » Veillez également bien à vous tenir à la rampe d’escalier. Fabrice va pousser le bouchon plus loin… Il y a la collègue végane qui passe sa journée à avaler des pilules qui ne sont que de « la tisane à sucer », le stagiaire de 3e qui ne fait que scanner des documents, les agents d’entretien qui bossent la nuit et qu’on ne voit jamais, l’employée modèle qui va en prendre pour son grade.

Dans cette fable moderne, tous les travers de l’entreprise sont exacerbés. Et c’est plutôt drôle. Même si je ne bosse pas en entreprise, j’ai bien retrouvé le côté très précautionneux de notre chère époque (on ne peut pas laisser sortir des élèves sous prétexte que peut-être éventuellement il risque de se mettre légèrement à pluvioter). Derrière les clichés, il y a souvent une bonne part de vérités, Jacky Schwartzmann nous le prouve, comme souvent, par le biais d’un humour noir un peu choquant pour les non-initiés mais tellement délicieux. Le dessin de Navarro n’en fait pas trop mais convient parfaitement à cette tranche de vie professionnelle.

« Lingettes dans les caisses à outils. Attention à la date de péremption sous peine de sanctions. »

« Attention au dosage de savon ! Risques de glissades ! »

Stop Work - Les joies de l'entreprise moderne de Jacky Schwartzmann - Album  - Livre - Decitre

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30 octobre 2021 6 30 /10 /octobre /2021 16:03

Casterman - Le Printemps suivant - Tome 1 - Vent lointain

Cela fait presque dix ans que je n’avais pas lu Margaux Motin.

Comme dans la première BD que j’avais lue, l’autrice se met en scène. L’album démarre sur une séance de paddle sur la mer qui ne se passe pas bien parce que la narratrice a peur et des vagues (et mêmes des vaguelettes) et de tout ce qui peut grouiller à ses pieds. Mais pourquoi donc accepte-t-elle cette sortie paddle ? C’est, elle nous l’explique ensuite, qu’elle a négocié avec son chéri… Elle veut bien faire du paddle s’il la laisse occuper plus de la moitié de leur jardin à planter des fleurs. Car la petite famille (recomposée) a élu domicile dans une grande et belle maison à la campagne. Margaux, qui avait des habitudes de célibataire doit combattre son instinct naturel à vouloir tout contrôler. Entre concessions et frustrations, la vie quotidienne du couple n’est pas toujours simple. Margaux ne rejette pas les responsabilités sur son compagnon, elle admet volontiers et avec humour qu’elle est exubérante, un brin tyrannique, maniaque, dépensière, perfectionniste, têtue.

Je pourrais reprendre mot à mot -ou presque- mon billet d’il y a dix pour J’aurais adoré être ethnologue de la même autrice-dessinatrice : c’est drôle, c’est frais, on peut s’identifier à elle mais rien de transcendant pour autant (« c’est coloré, gai, féminin, frais, ça met de bonne humeur et ça déculpabilise », voilà-t-il pas que je m’autocite… ) Une remarque qui a son importance : les dessins, que j’avais déjà beaucoup appréciés, sont bien plus précis et plus élégants qu’il y a dix ans, c’est un plaisir des yeux, les pleines pages sont magnifiques. La fin plutôt tristounette donne surtout envie de lire la suite !

Le Printemps suivant Tome 1. Vent lointain - Margaux Motin - Livres - Furet  du Nord

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23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 17:38

L'Adoption de Zidrou et Monin : être né quelque part - Babelio

Wadji a 10 ans et il vient du Yémen. Gaëlle et Romain, un couple d’une quarantaine d’années, ont enfin réussi à obtenir son adoption. Ils sont heureux, ont invité du monde pour fêter l’occasion. Mais le petit Wadji garde son imperméable, il semble perdu et tout petit dans cette grande maison confortable. Il ne connaît ni le fonctionnement de la douche, ni celui de la balançoire. Il observe et s’imprègne sans comprendre réellement. Si, il comprend quand, lors de son premier jour à l’école, on se moque de lui et qu’il se défend violemment avec ses poings. Quand il est contrarié, frapper devient une réponse. Il refuse également le contact physique et Gaëlle est frustrée de ne pouvoir le prendre dans ses bras. Cette adoption pose de plus en plus problème au couple…

C’est une belle histoire émouvante et cruelle sur l’adoption et ses difficultés et surtout sur la confrontation de deux mondes diamétralement opposés. Les parents adoptifs veulent trop vite faire entrer le garçon dans leur moule à eux en ignorant qu’il a un passé, qu’il avait une vie avant, qu’il avait une famille. Même si c’est un peu caricatural, ce sont les vieux riches occidentaux qui sont les plus cons, la grande sœur fait à peine exception. Le petit gamin est attachant dès les premières planches avec ses grands yeux effrayés et on comprend vite que le passé le hante encore entre ses parents qu’il a perdus et la guerre qui l’a traumatisé. Le dessin est superbe, Monin utilise toutes les palettes de couleurs et brille de précision, les visages sont d’une netteté ! J’ai donc beaucoup aimé cet album qui connaîtra une suite, je l’espère en tous cas, parce que la fin ouverte m’a frustrée ! Je l’ai fait lire à mon ado de fille qui en est sortie complètement révoltée contre les parents.

Le tome 2 qui était une toute autre histoire.

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7 octobre 2021 4 07 /10 /octobre /2021 13:45

Jonathan Munoz et  Gaet's - Un léger bruit dans le moteur.

D’après le roman du même nom de Jean-Luc Luciani.

Un minuscule village perdu au milieu de nulle part. Des gens pauvres, stupides et incultes. L’épicière est la seule qui se rend dans « le monde de dehors du village ». Le narrateur ? Un petit garçon qui éprouve un besoin inextinguible et un plaisir intense à tuer. Sa mère est morte à sa naissance, il a poussé son demi-frère du haut de la balançoire avant d’écraser sa tête contre le sol, il a planté son équerre dans l’œil de sa maîtresse, il a enfoncé son copain dans une grosse flaque de boue, et la série ne s’arrêtera pas là … son unique objectif est simple : tuer tout le monde. Il y parviendra et quittera cet univers gris et sordide.

Est-ce pertinent de dire que c’est sinistre du début à la fin ? Non seulement ce petit garçon est affreux mais les gens qui l’entourent sont eux-mêmes laids, grotesques et dénués d’humanité. Le décor est glauque lui aussi, des cabanes en bois grossièrement bâties, un vent hostile, des rues sombres où personne ne passe jamais. La somme de tant de données négatives a (presque) pour effet d’obtenir un résultat positif, on est (presque) content pour ce garçon qui peut se barrer de ce hameau dirigé par des adultes irresponsables et odieux. En tous cas, on ne reprochera pas à cet album mièvrerie et platitude ; j’ai aimé cette noirceur qui m’a amusée jusqu’à ce que je me dise que ça existe encore, ce genre d’endroit… même si vous entendez votre voiture faire un « léger bruit dans le moteur », ne vous arrêtez pas !

Jonathan Munoz et  Gaet's - Un léger bruit dans le moteur.

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21 septembre 2021 2 21 /09 /septembre /2021 14:36

Chroniques de jeunesse - broché - Guy Delisle, Guy Delisle - Achat Livre |  fnac

Par le passé, j’ai lu pas mal d’albums de Delisle, j’ai été contente de me plonger à nouveau dans ses dessins, dans son univers.

Guy a 16 ans, il postule dans l’usine où travaille son père en tant que dessinateur industriel, une usine de papier québécoise pour un job d’été. Il découvre un métier difficile, éreintant, supposant de maîtriser d’énormes machines, le tout dans une atmosphère bruyante et trop chaude. Guy rêve d’être dessinateur de BD, il travaille la nuit dans cette usine et s’isole des jeunes de son âge. Il rencontre des hommes très différents qu’il plaint de travailler douze mois dans l’année dans cet enfer.

Même si le sujet n’est pas des plus passionnants, ça m’a plu de découvrir cet univers de papier et surtout cette première expérience dans le monde du travail pour un adolescent québécois. Je garde moi-même de forts souvenirs de mes jobs d’été que j’ai – pour la plupart – détestés. Il est utile de passer par là pour savoir ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas faire. Delisle évoque des ouvriers sans les juger et c’est toujours avec une grande humilité et une certaine dignité qu’il traite ses sujets. Le lecteur est content pour lui quand, à la fin, il se fait embaucher par un producteur et qu’il quitte cette usine qui « continuera à tourner et à fumer nuit et jour, hiver comme été. » Je suis en panne de BD en ce moment et je dois dire que je n’ai pas grand-chose de plus à rajouter pour celle-ci.  

Chroniques de jeunesse de Guy Delisle - Album - Livre - Decitre

 

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7 septembre 2021 2 07 /09 /septembre /2021 14:39

Les Mains de Ginette de Marion Duclos, Olivier Ka - Album | Editions  Delcourt

Ginette a de belles mains, les plus belles que Marcelin Gavoche n’ait jamais vues. Et il s’y connaît, Marcelin, en mains, puisqu’il vend des gants de toutes sortes dans sa droguerie. Il a l’art de savoir vendre, d’expliquer à ses clientes pourquoi il trouve pour elle le « produit parfaitement adapté à la nature de leur peau et à la morphologie de leurs doigts. » Disons-le clairement, Marcellin tombe amoureux des mains de Ginette, pour elle, pour elles, il accomplit le meilleur, la couvre de cadeaux et d’amour. La préposée aux postes et le droguiste se marient et contaminent, par leur bonheur, le village entier. Mais au fil des mois, Ginette devient de plus en plus suspicieuse, toutes les mains vues par Marcelin à la boutique ne le tenteraient-elles pas ? N’a-t-il d’ailleurs pas déjà succombé à une fille qu’il gante ? La jalousie de Ginette prend des proportions drastiques, elle empêche son mari d’aller où bon lui semble, elle le force à préférer la vente de l’électroménager à celle des gants, elle regarde avec mépris les mains de toutes les clientes de la poste. Marcelin, tellement amoureux, accepte tout mais ses meilleurs copains ne voient pas cette tyrannie du même œil. Il faut que cela cesse !

Une histoire plutôt sombre et même tristounette puisque ça ne termine pas très bien même si le lecteur ne risque pas de s’attacher à Ginette, une femme mauvaise et toxique comme on dirait de nos jours… L’histoire a pour cadre un petit village des années 60 et nous invite à entrer dans la boutique de la parfaite petite ménagère. Les dessins attrayants sont très colorés et avec ses bigoudis et ses papiers peints à grosses fleurs, nous projettent bien dans cette époque. Mais mais mais, j’ai ressenti une petite déception quant à l’intrigue (c’est pourtant Olivier Ka !), tout ça se lit très bien mais il manque un peu d’humanité dans cette histoire de vie ratée ou un peu de piquant qui permettrait de rendre l’album marquant.

Le très beau billet de Mo'

Les mains de ginette de Olivier Ka, Marion Duclos - BDfugue.com

Bonne rentrée à toutes et à tous !

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