Confinement jour 6. Ce billet a été programmé il y a quelques semaines mais … comme ce titre résonne à nos oreilles actuellement! Prenez soin de vous et vivez !
« Je suis mort à sept heures du matin. » : d’emblée le cadre est posé, Jacques, le narrateur – 34 ans -est mort mais il se voit, il observe la scène d’un regard extérieur sans avoir de corps, il se souvient de son passé, il passe d’un endroit de la ville d’Aix-les-Bains à un autre. Quincailler raté qui détestait son métier, marié à Fabienne qu’il n’aime plus mais qui, elle, adore la quincaillerie, Jacques dormait avec sa maîtresse au moment de sa mort. Vivotant et pas forcément fier de lui, il se rend compte que sa mort rend plutôt service à son entourage. Evidemment, sa sœur Brigitte fond en larmes mais son fils de huit ans va sans doute se mettre à idéaliser son père qui a tout raté de son vivant. Son père de cœur, Alphonse, lui parle encore tandis que sa veuve de femme, Fabienne, change étrangement de mode de vie. Jacques se plaît même à la découvrir autrement… ne l’aurait-il pas vraiment comprise de son vivant ? N’oublions pas Naïla, la maîtresse, la jolie vendeuse de voyages un peu menteuse et Odile, depuis toujours secrètement amoureuse de Jacques mais mariée à son meilleur copain.
Je ne sais pas pourquoi ce roman dormait dans ma bibliothèque, comment il avait atterri là il y a fort longtemps mais, pour la petite histoire, il a été acheté en 2003 à 5.20 euros et il vaut maintenant deux euros de plus… Bonjour l’inflation. Parenthèse refermée. Vous l’aurez compris, l’écrivain démarre son livre avec une accroche forte qu’on peut détester et qui sent le réchauffé et pourtant, ça fonctionne plutôt bien. On attend de voir la suite, la découverte de la mort, la réaction attendue ou non des proches, la fin de la mort - la fin de la fin en quelque sorte. Les personnages sont vraiment bien choisis, ils frôlent parfois la caricature mais on se croirait dans une comédie brillamment réussie où les êtres ont la faculté d’évoluer. Et, comme souvent chez Van Cauwelaert, l’humanité et la tendresse prennent le dessus et vous emballent tout ça dans un joli paquet cadeau. Une bonne pioche où se mêlent harmonieusement agréables moments de lecture et réflexions sur la mort et l’au-delà.
« Le Paradis n’est peut-être qu’un genre d’hospice, quand plus personne ne peut vous accueillir sur terre. »
« L’Enfer, c’est pour ceux qui n’ont jamais pris de risques. Qui se sont laissés vivre sans se remettre en question, sans rien faire, ou alors, comme mon père, en emmerdant les autres, en profitant d’eux. »