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30 décembre 2022 5 30 /12 /décembre /2022 07:56

Soixante printemps en hiver - Ingrid Chabbert, Aimée De Jongh - Dupuis -  Grand format - La Manufacture ROMANS SUR ISERE

Josy vient d’avoir 60 ans. Aujourd’hui même. Elle s’apprête à souffler ses bougies entourée de son mari, son fils, sa fille et ses petits-enfants quand elle décide de partir. Comme ça. Son anniversaire a été un déclic, elle n’en peut plus de sa vie sans amour avec son mari, de cette existence routinière où elle a du mal à reconnaître ses propres enfants. Elle prend quelques affaires et s’enfuit dans le van resté au garage. Elle rejoint par hasard une aire de camping-car où se trouve déjà une jeune maman avec un bébé qui risque de se faire expulser d’un jour à l’autre. Les deux femmes vont se lier d’amitié. Josy va entrer dans le cercle très fermé du CVL, le « Club des Vilaines Libérées » qui rassemble des femmes qui, comme Josy, ont tout plaqué du jour au lendemain. Elle va y rencontrer Christine et c’est le coup de foudre tant amical … qu’amoureux. Harcelée par sa famille, Josy a du mal à assumer sa nouvelle histoire d’amour et une tragédie va finir par choisir pour elle un retour à la raison…

Alliant à la fois une thématique déjà traitée (celle de la femme qui se barre – et qu’on aime tous ou plutôt « toutes ») et une autre plus insolite (une histoire d’amour entre deux femmes mûres), la BD fait mouche. Elle évoque intelligemment toutes les nuances que comporte la décision de Josy, sa part de culpabilité et de honte, le harcèlement de sa famille, la possibilité d’une nouvelle vie. J’ai beaucoup aimé l’ensemble, j’ai cru en cette histoire d’amour mais j’ai tout de même trouvé la réaction des enfants de Josy caricaturale. Les dessins sont beaux, les couleurs douces, on retrouve la délicatesse des propos dans le graphisme de chacune des cases. Un grand bravo pour cette BD qui sort des sentiers battus ; j’essaierai de suivre ces deux autrices que je n’avais jamais lues auparavant.

Soixante printemps en hiver de Ingrid Chabbert, Aimee De Jongh - BDfugue.com

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27 décembre 2022 2 27 /12 /décembre /2022 08:33

Dans les brumes de Capelans - Olivier Norek - Leslibraires.fr

Des disparitions de jeunes filles se multiplient en France depuis quelques années. Les enquêteurs se suivent mais les conclusions sont toujours les mêmes : pas moyen de mettre la main sur ce dangereux criminel. Jusqu’au jour où on retrouve une de ses planques avec des cadavres de filles et une victime vivante. Anna est alors d’emblée placée sous la protection du capitaine Victor Coste. Ce dernier, flic qui en a vu d’autres, est reclus depuis plusieurs années sur l’île de St-Pierre et Miquelon, entre Canada et Groënland, et chargé de s’occuper des repentis, ces crapouilles à qui on donne une liberté en échange de précieuses informations. Cette fois-ci, sa mission est bien différente, il a à protéger Anna, à la mettre en confiance et à la faire parler, tout ça le plus discrètement possible. La paire va s’entendre et dévoiler, petit à petit, les brumes d’une affaire sordide… dans l’univers onirique et fantasmagorique de cet insolite archipel.

Quel plaisir de lecture ! Un froid mordant, un bon plaid et les tribulations d’un flic-ours sur une île dépaysante, un combo parfait ! Avec Olivier Norek, on peut demander bien plus au polar, ici il nous emmène sur une île étrange, hostile et fascinante à la fois, et ce duo d’écorchés, Coste-Anna fonctionne également à merveille. L’enquête est prenante et riche en rebondissements et les quelque 420 pages se dévorent avec délectation et bien trop rapidement à mon goût. Rajoutons à cela qu’Olivier Norek écrit de mieux en mieux… C’est donc une belle réussite et j’en fais un coup de cœur. L’année finit bien !

« Les résidences surveillées du programme de protection des témoins doivent respecter un seul et même critère. Elles doivent être là, sans vraiment y être, invisibles, dans le fourmillement anonyme d'une grande ville ou d'un désert rural. Celle de Coste, plantée au bout d'une falaise, à en frôler le précipice comme une maison suicidaire, ne dérogeant pas à la règle. »

« Alors qu’ils sortaient de la voiture devant la résidence surveillée dont toutes les lumières avaient été allumées, un souffle puissant dissipa les brumes comme on soulève le voile blanc d'une œuvre d'art présentée pour la première fois au public. Elles se posaient, puis s’en allaient, sans que jamais personne ne puisse les prévoir. Il n'y avait qu'une période, entre le printemps et l'été, où, plus denses et plus forte elles emprisonnaient l'île pour trois semaines complètes au moment des brumes de Capelans. »

Mon préféré de Norek : Entre deux mondes. 

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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 14:19

Quelques images enneigées de chez moi pour vous souhaiter un Joyeux Noël, doux et raisonnable, festif et convivial.

 

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21 décembre 2022 3 21 /12 /décembre /2022 16:51

L'ours de Andrew Krivak - Editions J'ai Lu

Une fille et son père sont les derniers survivants… de la planète. Dans une petite maison plantée entre un lac et d’immenses montagnes, ils vivent leur quotidien d’ermites (mais peut-on utiliser ce terme quand il n’y a plus d’humains sur la planète ?) entre chasse et cueillette, entre lecture et confection d’objets nécessaires à la vie de tous les jours. Sans tabou, le père explique à sa fille que sa mère n’a pas survécu à sa naissance. Devenue une parfaite Artémis, la petite grandit, se montre de plus en plus forte et douée. Il le faut bien car elle va se retrouver seule, complètement seule ou pas tout à fait parce qu’elle va être accompagnée d’un ours puis d’un puma, des adjuvants devenus indispensables pour traverser un hiver rude où la nourriture vient à manquer…

Légèrement perturbée par le postulat de départ, n’étant pas une adepte des récits apocalyptiques, je me suis vite faite à cette idée, la fillette étant à l’aise avec ce qu’elle a toujours connu : ne côtoyer aucun être humain à part son père. La surprise constituée par l’apparition du genre fantastique quelques pages plus tard survient quand on ne s’y attend pas. C’est un brin osé mais finalement assez cohérent dans un univers où l’homme n’a plus sa place. Il y a, dans les dernières pages, quelque chose de bestial et d’évident, une sorte de retour aux origines et, surtout une belle ode à la planète Terre qui n’a que faire de l’Homme… Vous l’aurez compris, on plonge le nez dans la nature pour ne plus en ressortir, assistant à du nature writing extrémiste et radical. Un roman étrange aux allures de fable, déstabilisant mais fort.

Merci à Tiphanie pour ce joli cadeau !

« De plus loin ce qu'elle s'en souvienne, c'était la voix de l'homme que la fille entendait dans son oreille, donc elle ne se demandait jamais s'il se pouvait que quelqu'un d'autre lui ait autrefois parlé ainsi. »

« Les arbres sont les grands gardiens de la forêt, les vrais, dit-il, et ce, depuis le début. Des animaux des temps anciens ont raconté que c'étaient les arbres eux-mêmes qui leur avaient appris à parler, car ils n’émettent jamais un son qui ne soit nécessaire. Chaque mot, tel un souffle, transporte avec lui un bien, une finalité. Pour cette raison, les arbres sont les créatures les plus sages et les plus compatissantes des bois. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour prendre soin de tout et de tous en dessous d'eux, quand ils en ont la capacité. »

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 10:35

Les corps solides - Editions Finitude

Anna vit seule avec son fils Léo dans un bungalow de fortune, tout près de la mer. Elle vend des poulets à bord de son camion-rôtissoire… jusqu’au jour où, en cherchant une cigarette, le véhicule percute un sanglier. L’assureur lui cherche des noises et ne veut rien rembourser, elle se retrouve malgré elle dans une manif qui dégénère et vole deux portables dans une boutique de téléphonie. C’est le début de la fin. Pour le couple qui élevait et vendait les poulets à Anna, c’est la faillite et la dépression. Anna se retrouve à faire le ménage dans le camping, son fils revend en cachette le cannabis qu’elle cultive dans son petit potager… jusqu’au jour où Léo inscrit sa mère à un jeu télévisé où on peut gagner une grosse bagnole d’une valeur de 50000 euros rien qu’en touchant la voiture le plus longtemps possible. Léo surfe et se fait maltraiter par un petit con à peine plus âgé, Anna n’arrive plus à joindre les deux bouts, elle décide d’accepter de participer à ce jeu… qui va change la donne dans la relation avec son fils.

J’ai (presque) retrouvé l’Incardona que j’aime, celui de Derrière les panneaux, il y a des hommes, cette manière de voir la vie, cet humour, cette provocation, cette irrévérence. J’ai dit « presque » parce que ce roman est empreint d’un sérieux et d’un engagement social qui occupent une grande place ; une certaine élégance, même, en dépit du sujet trivial. Anna est une femme brave et intelligente, son fils n’a aucun désir de devenir un voyou, les deux se retrouvent dans une situation qui les contraint à voler ou dealer. Un seul accident a un effet boule de neige sur l’entourage proche et moins proche d’Anna. Et puis il y a ce jeu, on ne sait si c’est du lard ou du cochon, si c’est drôle ou affligeant, génial (peut-être pas) ou complètement stupide (plutôt oui). L’écrivain est assez doué pour mettre le lecteur dans l’arène avec Anna, dans ce jeu qui prend vite des allures de tragédie. J’ai beaucoup aimé ce roman original et touchant, de plain-pied dans un monde consumériste et addict à l’argent facile. Beaucoup de pessimisme pour une étincelle d’espoir et un final solaire, parce que nous restons, avant tout, des « corps solides. Ce que nous sommes. Avant tout. Avant toute chose. Quelle qu’elle soit. Quoi qu’il arrive. »

« Et puis, le hasard a fait le reste pour Anna. Il y a donc le ciel, le soleil et la mer. Sandales et i. Surfeurs et touristes. Tongs et bermudas. Célibataires et familles. Jeunes et retraités. Ainsi, tout au bout de l’esplanade, face à l’océan, s’élève l’estrade où est sur le point de se jouer le défi le plus simple qui soit : toucher une voiture et attendre. Peau contre tôle. Règnes animal et minéral réunis. La soumission consentie de l’homme à l’objet. »

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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 17:29

Tananarive de Mark Eacersall, Sylvain Vallee - BDfugue.com

Amédée a un voisin et ami farfelu, régulièrement il vient trouver refuge chez Jo, un aventurier qui le délecte de ses récits plus exotiques les uns que les autres : des histoires de pirates, un Jo caché dans une case à fumer de l’opium, une évacuation en hélico vers Hanoï, une traversée de la mer Rouge … Bref, Jo a tout vécu, « prospecteur, gigolo, cultivateur, un jour riche, un autre mendiant ». Amédée est pétri d’admiration et d’envie quand il rentre chez lui retrouver sa femme. Seulement, Jo décède d’un arrêt cardiaque. La tristesse de sa disparition subite s’accompagne du choc de la découverte : non, Jo n’est pas né à Madagascar mais à Charleville. Amédée décide de se mettre à retrouver un soi-disant fils caché pour lui remettre son héritage et, surtout, l’intégrale des Pinpin qui était sa source d’inspiration. Il découvre petit à petit que son pote n’était qu’un grand mythomane.

Une BD délicieusement divertissante pour un sujet certes pas révolutionnaire, avec une trame prévisible (de même que ce Jo – même mort – et toujours présent), mais agréable comme un vin chaud en hiver. J’ai beaucoup aimé les dessins qui se rapprochent de ceux des Vieux Fourneaux. Evidemment, Amédée le pantouflard, concentré dans ses recherches se sent pousser des ailes et vit l’aventure lui aussi, et pour de vrai. J’aurais aimé plus de planches consacrées à l’imaginaire de notre aventurier menteur, les quelques-unes qui représentent toucans, tigres, cascades et oiseaux exotiques sont très réussies, je trouve.

Tananarive de Mark Eacersall, Sylvain Vallee - BDfugue.com

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 18:51

Les ronces de Cécile Coulon - Poche - Livre - Decitre

Dans ce recueil de poèmes en vers libres et de poèmes en prose, Cécile Coulon nous permet de l’accompagner dans sa vie, dans le minuscule village drômois d’Eyzahut mais aussi dans les gares et les trains si souvent fréquentés. Elle nous parle d’amour, de solitude, de disparition, des maladresses de la vie, des non-rencontres, de la course à pied, de la vie à deux, de ces petits riens qui peuvent rendre la vie charmante ou morose. Dédicace particulière à ce type qui lui offre des frites parce qu’il ne sait pas comment la séduire…

Même avec un regretté papa poète, je lis peu de poésie, parfois quand même, ponctuellement, par extraits, comme on s’autorise une petite friandise. Je me faisais cette réflexion lorsque Tiphanie m’a offert ce recueil de poèmes arrivé à point nommé… (oui, elle est douée !) Ce recueil, c’est la vie de tous les jours, les souvenirs du passé, le quotidien parfois usé d’avoir trop servi, les confidences enfin avouées, les laideurs et les bassesses de l’existence, l’ « attente douloureuse d’un succès » d’écrivaine et les pirouettes et pichenettes qui enjolivent le tout. Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas autobiographique, je n’y croirais pas. Quant à la forme, il y a de tout, des vers élégants, des poèmes en prose, des poèmes en vers libres, du quotidien et du lyrique et parfois un peu de tout ça à la fois ; elle le dit mieux que moi : « un poème c’est quelque chose d’éphémère et joli comme la signature d’un doigt sur la buée d’une vitre. » Comme souvent avec cette belle autrice, c’est authentique et profond, simple et beau.

 

« on n’est jamais mieux vêtu qu’au petit-déjeuner »

« si tu veux t’en sortir, nom de dieu,

fais absolument ce que tu veux de ta vie

mais cesse donc de poser la question

à quelqu’un qui a mis du temps

avant de trouver ses propres réponses. »

                                                                                                                         

« Ma force c'est d'avoir enfoncé mon poing sanglant dans la gorge du passé

Ma force n'a pas d'ailes

Ni de griffes

Ni de longues pattes

Ma force a construit un peu d'humanité

Ma force a toujours soif

Ma force n'est pas fidèle

Pourtant ma force n'est pas faite

Pour quelqu'un d'autre que moi. »

 

« A l'heure où les familles passent à table, où les enfants vont dormir et les vieillards s'efforcent de survivre, la course, la vraie, s’ébroue dans la pénombre et ses lucioles en furie font un cortège immense aux paupières de la nuit. »

D'autres titres de l'écrivaine : Seule en sa demeure , Le roi n'a pas sommeil, Trois saisons d'orage, Une bête au paradis ou encore Le coeur du pélican.

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7 décembre 2022 3 07 /12 /décembre /2022 18:35

La Vénus de Botticelli Creek - Keith McCafferty - Éditions Gallmeister

Dans une région montagneuse du Montana, une femme vient d’être déclarée disparue. Il s’agit de la superbe Nanika Martinelli, surnommée la Vénus de Botticelli Creek pour sa belle chevelure rousse. Au cours des premières heures, son petit ami qui était parti à sa recherche, est retrouvé mort, empalé par les bois d’un cerf. La shérif Martha Ettinger demande de l’aide à son ami et enquêteur officieux, Sean Stranahan pour distinguer l’accident du meurtre. Les investigations tournent très vite autour des loups, ces animaux adorés de certains, craints et haïs d’autres. La tension monte d’un cran quand on décèle, dans une crotte de loup, un long cheveu roux.  

Un bon conseil : prenez vous du temps pour lire ce roman à grosses lampées, il est vraiment très agréable de se plonger dans cet univers dépaysant et éminemment lupin. C’est bien sûr un nature writing de souche nord-américaine, vous aurez donc des loups, des pumas, la pêche à la mouche, des rivières, le brame du cerf, les voyages à dos de cheval, des ranchs et des cow-boys. L’intrigue ne galope pas souvent, elle traîne des pieds et les rebondissements ne sont pas si nombreux mais la fin nous promet une belle chute. Malgré quelques longueurs qui ne m’ont pas non plus barbée, j’ai aimé la fraîcheur du voyage, la rudesse des personnages, leurs relations parfois complexes, cet appel du loup que toute le monde n’interprète pas de la même manière mais qui reste, pour tous, fascinant…

« A cette époque de l'année, une fois par semaine, on découvrait au réveil les forêts d'altitude saupoudrées de blanc, et Martha installa au-dessus d'eux la bâche qu'elle avait emportée dans une sacoche. Une heure plus tard, étendue sur une couverture de selle rêche qui sentait le cheval, Walt ronflant près d'elle, Martha entendit le long brame d’un cerf. Le cri était faible, flottant à travers le bassin dans la nuit glacée. A la nuit vacillante des flammes, elle vit Petal tendre l'oreille. Mais le brame ne fut pas suivi par celui d'un mâle rival. Au bout d'un moment, Petal relâchât sa vigilance et Martha sentit le sommeil la gagner tandis que le feu sifflait sous les premiers flocons de neige. »

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4 décembre 2022 7 04 /12 /décembre /2022 10:44

Derrière les géants et stars de la plume se cachent souvent des « bons gros bâtards », des types (quelques bonnes-femmes mais elles sont rares) menteurs, rejetés de l’école, drogués, alcooliques, escrocs, voleurs, meurtriers, misogynes, polissons, infidèles, et j’en passe. Les auteurs nous démontrent cela avec un humour potache et malin. J’ai beaucoup appris : Villon a volé, aimé se bagarrer et a même tué un prêtre. Flaubert a taclé à peu près tous les écrivains de sa génération mais il faut dire que Baudelaire n’est pas en reste pour se foutre de ses contemporains : « Victor Hugo continue à m'envoyer des lettres stupides. Vraiment il m'emmerde. Tout cela m'inspire tant d'ennui que je suis disposé à écrire un essai pour prouver que, par une loi fatale, le Génie est toujours bête. » Mais Baudelaire lui-même s’en prend plein la tronche quand les frères Goncourt le traitent de « saint Vincent de Paul des croûtes trouvées, une mouche à merde en fait d’art. » Poe, à 26 ans, a épousé sa cousine de 13 ans… Le pompon revient peut-être à Verlaine, tour à tour violent et infidèle, ou alors aux surréalistes qui, à la mort d’Anatole France, écrivent un pamphlet d’une telle violence que l’écrivain a dû se retourner plusieurs fois dans sa tombe (petit extrait : « Que donc celui qui vient de crever au cœur de la béatitude générale, s’en aille à son tour en fumée ! »). Maupassant, arrivé tard en littérature, adorait se vanter de ses exploits sexuels et, inévitablement a fini par choper la vérole, « la vérole majestueuse … et j’en suis fier morbleu. Alléluia, j’ai la vérole, par conséquent, je n’ai plus peur de l’attraper, et je baise les putains des rues, les rouleuses de bornes et après les avoir baisées, je leur dis « J’ai la vérole ». L’appétit sexuel de Victor Hugo était également légendaire… N’évoquons pas Céline qui ne mérite pas qu’on parle d’autre chose que ses livres.

Une lecture jouissive, irrévérencieuse et finalement un grand bonheur de découvrir ceux qu’on prend pour des génies consciencieux n’être finalement que des hommes avec leurs vices et leurs tares.

Merci à PatiVore pour cette belle idée de lecture, je suis contente d’avoir acheté l’album, je m’y replongerai et y piocherai même des suggestions de lecture. Un index alphabétique des noms d’auteur en fin d’ouvrage est tout à fait justifié et bienvenu.

« Les femmes ressemblent aux girouettes, elles se fixent quand elles se rouillent. » Voltaire

« On raconte qu’un jour Alfred Jarry déjeunait dans un restaurant quand une charmante jeune femme s'installa à côté de lui. Mais comment l'aborder de manière originale ? Jarry dégaina son revolver, tira dans un miroir puis se tourna vers la jeune femme terrifiée et lui dit : Maintenant qu'on a brisé la glace, on peut causer. »

Les Bons gros bâtards de la littérature, bd chez Editions Lapin de Popésie,  Fernandez

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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 10:55

Ça fait trop longtemps que je n’avais pas parlé de théâtre… surtout que je m’étais fait la promesse de rendre régulièrement hommage à Molière en cette année anniversaire de sa naissance. D’une pierre deux coups !

Je ne vais pas résumer cette pièce de caractère en cinq actes où Molière se moque des femmes prétentieuses mais aussi des écrivains trop pédants. Il me faut évoquer la formidable mise en scène d’Agnès Larroque : cinq femmes tiennent tous les rôles de la pièce et ça se passe dans une cuisine à notre époque. Les comédiennes, extraordinairement dynamiques et douées pour se grimer, se changer et se perruquer en quelques minutes, nous emmènent dans un univers déjanté et psychédélique où les personnages boivent du champagne en se battant à coups de poireaux, font des doigts d’honneur et montrent leur soutif. Le corps et ses multiples possibilités est manipulé autant que la voix est travaillée et les alexandrins prononcés de tant de manières différentes qu’on a le tournis. Un remarquable mélange entre l’univers des Deschiens et celui d’un Buster Keaton pour de talentueuses comédiennes qui courent, dansent, volent, sautent, mangent, brillent par leur maestria. Bravo ! Quelle belle manière de découvrir Molière pour des non-initiés ! C’est drôle, complètement barré et résolument provocateur.

Heureusement pour vous, la troupe joue encore la pièce, et en province s’il vous plaît. Ne la ratez pas si elle passe près de chez vous : https://www.compagniedudetour.com/copie-de-saison-2021-2022

la bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=O9pR7SykUsQ

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