Marie est une femme mariée, prof et mère d’un petit garçon prénommé Martin. Elle en marre, marre de son mari, de ses élèves, parfois même de son fils. Et un jour, sur le trajet des vacances, sur une aire d’autoroute, elle prend la poudre d’escampette. Elle couche avec le premier routier qui passe et qui l’emmène à Nice. Là-bas, vidant son compte en banque, elle boit, dépense sans compter et rencontre Lestaque, un peintre richissime. Elle pose nue pour lui avant de partir en prenant soin de lui piquer une somme rondelette pour fuir en Italie. Les rencontres se suivent, rien ne dure, seul le mot « liberté » persiste…
De son côté, se remettant douloureusement de la « fugue » de sa femme, le mari délaissé refait sa vie. Marie, elle, finit par attendre, rongeant son frein sur l’aire d’autoroute qui l’avait vue disparaître…
Même si le sujet est similaire à celui de Lulu femme nue de Davodeau (et que de ressemblances ! le thème de la nudité, la solitude, les errances sur la plage, l’apparente absence de regrets), il m’a encore une fois fort intéressée. Ne nous voilons pas la face, chacun de nous a eu envie, ne serait-ce que quelques secondes, de partir, fuir, tout oublier de sa vie, de son passé. Si l’héroïne s’éclate quelque temps, on comprend qu’elle s’ennuie aussi très vite et que les relations basées sur le mensonge (parce que, bien sûr, elle n’avoue à personne qu’elle a quitté mari et enfant sur un coup de tête) n’ont pas la vie dure.
Un thème intéressant, des cases qui bien souvent se passent de texte, une sensibilité délicate pour des images parfois crues : j’ai bien aimé ! Petit bémol : ces rencontres avec des millionnaires qui paraissent si faciles… et peu crédibles ! Et il y a encore de quoi faire avec ce thème de la femme qui fuit son foyer !
Un petit extrait où Marie explique qu’elle ne comprend pas un mot d’italien : « que dalle ! mais tu sais quoi ? Hé ben, c’est génial, de pas comprendre, ça me berce. […] J’adore qu’on me parle sans que la signification des mots puisse m’atteindre, celle logorrhée qui résonne à mon esprit comme la carte d’une pizzeria. Je ne veux surtout pas comprendre. »
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