Ce petit roman regroupe deux thème forts : le divorce et les mensonges que peuvent raconter des enfants et des adolescents.
Aurélie est fille unique. Un jour, sans crier gare, ses parents lui annoncent qu’ils se séparent. Ce qui perturbe le plus l’adolescente, c’est que rien ne lui laissait supposer une mésentente ou un désamour… et puis il y a cette façon de se séparer, sans cris, sans heurts, sans même une once de chamaillerie : « Rien ne changera pour toi, ma chérie, tu sais. (…) Tu continues à vivre ici comme avant. On a tout arrangé. Ta mère ne déménage pas. Ne t’inquiète pas. Tout reste pareil pour toi ». Oui, mais pour Aurélie, c’est un gouffre qui s’ouvre, là, sous ses pieds. Elle ne peut accepter que ses parents mettent une croix sur leur passé commun si vite, si facilement. Mais comme tout va bien pour tout le monde, elle garde ses pensées malheureuses pour elle… jusqu’au jour où elle raconte à un vieux monsieur, lors d’un trajet en train, que son père est en prison. Même si le mensonge lui fait horreur, il la libère de ce poids trop lourd à porter. Et elle attire enfin la compassion ! Quelque temps plus tard, c’est à deux jeunes filles qu’elle raconte que ses parents sont morts dans un accident de voiture, puis à un couple d’amoureux que son petit ami est atteint d’une grave maladie. Aurélie, par ses fictions, se fait écouter, plaindre, consoler.
Ces mensonges vont cesser le jour où un garçon, dans le train, lui avoue qu’il a tout entendu depuis le début. Il en rit, ironise puis lui dit qu’il a connu ça, lui aussi, raconter des bobards pour attirer l’attention et évacuer sa peine.
C’est un bien joli roman, court, simple et intense en émotions. Les adultes décident, les enfants subissent, … vaste débat. Une réflexion sur l’amour traverse, en filigrane, le roman, avec cette douloureuse question : « Ca sert à quoi si ça ne dure pas ? »
Un autre passage… mais on pourrait en relever tellement !
« Je vois que les liens entre eux ont disparu. Et moi je ne suis plus liée à rien. Je suis un ballon plein d’air. Il n’y a plus de main pour tenir la ficelle. Comme quant j’étais petite et qu’un jour mon ballon s’est envolé au square. Je me rappelle j’avais tellement pleuré. Je le voyais s’envoler. Loin loin. Un ballon avec des couleurs. Du rouge, du jaune. Il avait disparu.
J’ai peur. J’ai l’impression de tout perdre à l’intérieur de moi, morceau par morceau. J’ai peur. »