Je pensais lire une comédie légère, j’ai eu droit à un drame policier assez moralisateur qui ne m’a cependant pas déplu.
Dans la riche famille Birling, je demande le père, John. Industriel respecté et quelque peu avare, il tient à garder la mainmise sur tout et tout le monde. Son épouse, Mrs Birling a les mêmes manières pompeuses et hautaines. Ce soir, c’est jour de fête car leur fille chérie, Gladys, épouse un homme de bonne famille, Gérald. Une visite inattendue brise la bonhommie ambiante. C’est un inspecteur de police qui vient annoncer qu’une jeune fille, Eva Smith, vient de se suicider et que tous les convives présents ont leur part de responsabilité dans sa mort. Et petit à petit, le voile se lève. Le père sûr de lui a fait renvoyer la fille en question de son usine parce qu’elle avait demandé une augmentation de salaire, l’adorable fille de bonne famille a fait renvoyer la vendeuse à cause de regards malveillants, le futur marié l’a prise pour maîtresse avant de la plaquer, la mère responsable d’un comité de bienséance a refusé d’apporter son aide à une Eva Smith démunie, etc. La pièce est assez bien fichue même si j’avais parfois plus l’impression de lire un roman policier qu’une pièce de théâtre.
Les personnages les plus jeunes se rendent compte des conséquences de leurs actes, expriment des regrets et éprouvent de la compassion pour Eva mais les plus âgés, tout en restant bien campés dans leur rigidité et leurs préjugés, rejettent toute responsabilité. Des questions en fin de pièce ménagent un petit suspens : l’inspecteur est-il vraiment un inspecteur ? S’agit-il bien de la même jeune fille qui aurait eu à faire à tous les membres de cette famille ?
Assez originale, je pense pourtant que la pièce aurait gagné en intérêt si elle avait fait une petite place à l’humour ; c’était faisable, il me semble. Le jeu des acteurs peut bien sûr également apporter une touche d’humour. L’ambiance n’en est pas délicieusement british et les thèmes comme la bienséance, les secrets, le remords ou encore la réflexion sur la hiérarchie m’ont tenue en haleine du début à la fin.
« Les femmes ont besoin de quelqu’un à aimer. C’est leur faiblesse. »
« Nous ne vivons pas seuls. Nous sommes les membres d’un même corps. Nous sommes solidaires les uns des autres. »