Partie à Florence quelques jours, j’ai emporté avec moi ce roman, qui, m’avait-on dit, je ne sais où, évoquait la ville toscane.
A part quelques allusions à l’Arno et au Ponte Vecchio, Florence n’est qu’un personnage très extérieur à cette histoire aux consonnances tragiques.
Ce sont trois voix qui s’entremêlent, se succèdent, se croisent : celle de Luca, un mort retrouvé sur les rives de l’Arno, celle d’Anna, sa compagne depuis cinq ans, et celle de Leo, un jeune prostitué qui, on l’apprend rapidement, a été l’amant de Luca.
On ne sait pourquoi Luca est mort mais plus que les circonstances et les raisons de son décès, c’est son passé qui intrigue Anna. Elle croyait le connaître et découvre petit à petit, à la manière d’une pelote de laine qu’on déroule lentement et inexorablement, l’existence de ce mystérieux Leo, celui que Luca voyait si fréquemment.
Faire parler un cadavre, c’est original, et ici, drôlement réussi. Si le thème de ce livre peut paraître morbide, le ton révèle une grande douceur, un incommensurable respect envers l’homme. L’amour homosexuel est traité avec sobriété, mettant en valeur les ambiguïtés du cœur humain.
Si je n’ai rien découvert sur la ville florentine, j’ai en revanche beaucoup apprécié ce roman qui, tout en soufflant un air de tragédie antique, ouvre une nouvelle porte aux vastes suppositions de l’insondable sujet qu’est la mort. Un romancier que j’ai envie de connaître davantage.
La voix de Luca :
« La terre me pèse un peu, bien sûr, mais j’aime l’idée de ne plus faire qu’un avec elle, de me fondre en elle, d’être envahi par elle, de m’en retourner à elle. C’est curieux qu’on m’air redonné la bonne terre contre laquelle je reposais lorqu’ils m’ont repéré sur la rive de l’Arno. Au fond, on n’échappe pas à une manière de sort. »
« Dans ma perpétuité, je débusque au moins une consolation : moi, je suis voué à demeurer jeune à jamais, à posséder toujours le visage sans aspérités qu’on a eu la drôle d’idée d’accrocher au marbre de ma tombe. C’est étrange toutefois de se croire intact et impérissable lorsque la chair est devenue de la cendre, lorsque le lierre s’enroule autour de l’armature noircie et trouée. De se croire indissoluble quand on n’est plus qu’un amas de détritus. »
Je triche, les photos ne sont pas de moi !