Ce livre aurait aussi pu s’intituler « Les Monologues du ventre » car il fonctionne un peu comme la pièce de théâtre, Les Monologues du vagin du même auteur.
Eve Ensler déteste son ventre. Elle le trouve trop gros et ce premier constat débouche vite sur une réflexion plus générale sur le physique des femmes, sur ces défauts qu’on hait plus que tout, sur ces régimes qu’on ne cesse de commencer, d’interrompre, de reprendre et d’arrêter. J’emploie volontairement le « on » généralisant car toutes les femmes se reconnaîtront pour avoir subi cette tyrannie de l’apparence.
Eve Ensler nous propose différentes visions, différents témoignages de femmes à travers le monde, comme elle l’avait fait pour son précédent livre. On a du mal à parler de « pièce de théâtre » d’ailleurs car, encore une fois, il s’agit de monologues et de quelques dialogues.
J’ai été un peu moins émue qu’à la lecture des Monologues du vagin, paradoxalement, ça m’a paru trop féministe, la femme comme une guerrière est une image qui ne me plaît pas tellement et puis finalement, cette dictature du physique parfait, les hommes ne le subissent-ils pas aussi ?
A lire… mais c’est léger –et très vite lu aussi.
Un extrait touchant, celui où Eve raconte sa rencontre avec des femmes afghanes à qui il est formellement interdit de manger des glaces. Alors qu’elles risquent la flagellation voire la condamnation à mort, ces Afghanes se réunissent secrètement dans un restaurant :
« Les coupes de glace à la vanille arrivent sur la table (3 coupes). Sunita relève sa burqua, l’attache avec beaucoup de précautions sur sa tête comme si c’était un voile de mariée. Elle regarde longuement sa coupe. Elle attend que je commence la première. Tandis que les talibans encerclent le souk dans leurs camions Toyota, la glace cesse d’être mon ennemie. Sunita risque sa vie pour ce petit plaisir. Elle le partage avec moi. Je mange cette glace. Eve mange la glace. Cette douce vanille interdite se fond dans mon corps. »
Et la fin du livre… ou les évidences qu’il est bon de rappeler et nous aident à nous accepter :
- Notre corps nous parle de toutes ces femmes qui sont venues avant nus sue la terre.
- Il nous parle de nous-mêmes.
- Notre corps est notre chez-nous.
- Un chez-nous où nous pouvons crier.
- Ou nous pouvons nous reconnaître.
- Nous montrer excessives.
- Nous vider.
- Nous remplir.
- Notre corps est unique.
- Notre corps est parfait parce qu’il est unique.
- Nous sommes en parfait accord avec ce corps parfait.
- Accord parfait.
- Parfait accord.
- Un corps parfait.
10/12 pour le challenge de Bladelor