Billet lapidaire car cette BD m’a déprimée !
Ernest est placé en maison de retraite parce qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer. Si au début, il a encore toute sa tête et s’intègre bien à la vie de la résidence, petit à petit, sa mémoire s’effiloche : il ne trouve plus ses objets familiers, il tient une balle entre les mains et ne sait plus ce que c’est, il n’arrive plus à boutonner sa veste, et… il ne sait plus ce qu’est une veste.
Le lecteur apprend à connaître les autres pensionnaires de la résidence : entre l’escroc kleptomane, celui qui ne parle que de son passé lointain et celle qui passe sa journée à demander à téléphoner, le tableau n’est pas très glorieux. Ernest se trouve au rez-de-chaussée au début de l’album et il sait que, lorsque son état dégénérera, il se retrouvera au fameux premier étage, là où ils sont tous fous. Ces vieux tentent malgré de tout de se rebeller, ils empruntent une voiture et prennent la poudre d’escampette mais se font vite reprendre.
L’illustrateur a fait le choix d’alterner les dessins représentant le présent, de petits être âgés et dépendants, et le passé, lorsque ces mêmes personnes étaient valides et saines, et occupaient même souvent un statut enviable dans la société.
J’aurais aimé trouver un petit éclair d’espoir mais l’état d’Ernest va decrescendo et ses congénères ne vont pas mieux que lui. C’est très triste et c’est ce qui nous attend, ou en tous cas, certains d’entre nous. L’humain réduit au néant, l’être n’est plus pensant, on lui a ôté son intelligence, sa réflexion, sa mémoire. Difficile à accepter.