Ce roman qualifié de « roman d’espionnage » est sorti en janvier dernier et il a déjà fait beaucoup parlé de lui…
La narratrice est une femme qui revient quarante ans en arrière pour nous raconter ses débuts d’agent secret. Fille d’un pasteur, douée en mathématiques mais passionnée de lecture de romans, Serena se voit embaucher par le MI5, une agence de renseignements anglaise. Précisions que nous sommes alors au début des années 70 et que Serena n’a qu’une petite vingtaine d’années. Une mission particulière lui demande d’aller recruter un jeune écrivain que le MI5 pourrait contrôler à sa guise. Serena se prête au jeu, elle commence à lire les nouvelles de ce Tom Haley avant de le rencontrer et… de tomber amoureuse de lui. Cette liaison la contraindra à ne rien révéler de sa mission. Il n’est pas simple de résumer cette histoire sans en révéler certaines clés essentielles à sa compréhension. Il est beaucoup question d’écriture, à la manière des poupées gigognes, il y a plusieurs nouvelles narrées dans le roman, commentées et presque toujours approuvées par Serena. C’est un roman d’amour plus encore qu’un roman d’espionnage. Avant tout, ce fut un grand bonheur de lecture, l’écriture est fluide, le rythme haletant et les personnages remarquablement bien dessinés.
Opération Sweet Tooth est un roman complet, alliant mystère et suspense, Histoire et amour. La réussite est totale, on ne s’ennuie pas une seule minute et quand on pense arriver au bout, la surprise finale nous ravit ! Est-ce que tous les romans de ce monsieur McEwan sont aussi bons que celui-ci ? Ça me démange d’aller vérifier par moi-même !
« […] on m’envoya en mission secrète au-dehors, et Shirley m’accompagna. […] Une camionnette attendait dans un garage fermé à clé donnant sur une rue de Mayfair, cinq ou six cent mètres de là. Nous devions prendre le volant et rejoindre une adresse à Fulham. Celle d’une cache, bien entendu, et l’enveloppe brune qu’il nous lança en travers de son bureau contenait plusieurs clés. A l’arrière de la camionnette, nous trouverions des produits d’entretien, un aspirateur et des tabliers en plastique que nous devions enfiler avant de partir Nous étions prétendument employées par une société qui s’appelait Springklene. Arrivées à destination, nous devions nettoyer les lieux « de fond en comble », c’est-à-dire, entre autres, changer les draps de tous les lits et faire les vitres. Des draps propres avaient été livrés. Le matelas d’un lit à une place avait besoin d’être retourné. Il aurait dû être remplacé depuis longtemps. Les toilettes et la baignoire devaient faire l’objet d’une attention particulière. »
« A cinq heures le samedi après-midi, nous étions amants. Cela n’alla pas tout seul, il n’y eut aucune explosion de soulagement ou de plaisir dans l’union des corps et des âmes. »