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« Personne ne m’aime. Personne ne me déteste. Je suis juste invisible. Le contraire de quelqu’un d’inoubliable. »
Tout commence par une partie de cache-cache lors d’une fête d’anniversaire. Antoine, un petit garçon grassouillet qui est au CM2, a trouvé une très bonne cachette dans la penderie de la mère de son copain. Tout le monde l’a oublié et s’est rendu dans le jardin pour jouer aux fléchettes. Antoine va se cacher sous la table du salon pendant que les enfants mangent le gâteau d’anniversaire. Personne ne remarque son absence. C’est ainsi que le petit malheureux va passer plus de 24h à se cacher, à épier les autres qui l’oublient totalement. Il va de surprise en surprise :
- Thomas, la star de l’école, sanglote dans les bras de sa mère après sa fête d’anniversaire parce que, malgré son immense popularité, ses invités ne sont pas des vrais amis et il se sent seul.
- Cédric, la brute de la classe, se prend des claques de son père au McDo.
- Maud, la fille « sérieuse, discrète, ringarde », « sage et insignifiante » a un amoureux déjà collégien.
- Léa qui prétendait avoir un père entraîneur de foot pousse la chaise roulante de son père.
- Son institutrice embrasse le directeur d’école.
- Sa mère fume alors qu’elle était censée avoir arrêté depuis deux ans.
Mais bien sûr, l’absence d’une journée à l’école crée la panique de la mère d’Antoine qui appelle les flics. Antoine se rend aussi compte que Chloé, dont il est secrètement amoureux, n’est pas indifférente et pleure à l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose. Au final et contre toute attente, la mère d’Antoine le gronde parce qu’il n’a pensé qu’à lui et qu’il ferait mieux de s’intéresser un peu plus aux autres… « Oui. C’est ça. Je ferais mieux de m’oublier un peu moi aussi. De me cacher loin à l’intérieur de moi-même et de m’y laisser un bon bout de temps. Ni vu ni connu. »
Une très jolie réflexion sur la comédie des apparences. Antoine découvre les autres autrement que ce qu’ils ont bien voulu montrer. La petite leçon que lui inflige sa mère à la fin sort des sentiers battus et s’attaque au narcissisme des enfants. On passe d’une forte empathie pour ce garçon (le début du roman est poignant) à une sorte de malaise parce qu’il se complaît dans ses activités de voyeur.
L’ensemble n’est pas manichéen. C’est un petit voyage initiatique, un pan de vie à méditer.