J’étais réticente à l’idée de me replonger à nouveau dans un roman de Tatiana de Rosnay, dans Elle s’appelait Sarah, elle tiraillait déjà les cordes sensibles du lecteur (ou de la « lectrice » ?!). Elle use des mêmes stratagèmes ici.
Justine Wright est une mère de famille quarantenaire, traductrice, mariée à un Anglais, Andrew. Vivant à Paris, elle s’enfonce dans une routine toutefois confortable. Tout bascule le jour où elle apprend que son fils aîné, Malcom, 14 ans s’est fait renverser par une mystérieuse Mercedes couleur « moka » conduite par un chauffard qui brûlait un feu rouge. Le gamin est dans le coma et le responsable a pris la fuite. A partir de là, le suspens nous tient jusqu’aux dernières pages et j’avoue que je me suis laissé prendre dans ses filets avec aisance. D’une part, on se demande si Malcolm va sortir du coma et on partage les angoisses de la famille. D’autre part, on mène l’enquête avec Justine : elle veut retrouver le coupable ; la police traîne à le faire. Après avoir suivi une fausse piste, plaque d’immatriculation et témoignages de badauds permettront à Justine de retrouver une certaine Eva Marville à Biarritz. Elle va enfin pouvoir lui demander pourquoi elle a fui le jour de l’accident.
J’avais reproché à De Rosnay l’invention du gosse dans le placard dans Elle s’appelait Sarah ; ici, c’est un ado dans le coma (qui pourrait rester froid face à ça ?). Beaucoup de théâtralisation, de raccords trop faciles, de drames voire de tragédies, de passages hyper romancés. Un truc m’a particulièrement agacée : Justine n’arrête pas de vouloir dire quelque chose avant de se rétracter : Je lui aurais bien tout raconté mais… X m’en a empêché… j’avais bien envie de lui dire… mais j’en étais incapable. On a parfois envie de la secouer cette Justine. Dernier élément déjà repéré dans d’autres romans : la dimension franglaise. L’auteur essaye d’y intégrer quelques réflexions chauvines : les lenteurs de la police française, les splendeurs méconnues de la gastronomie anglaise (qui l’eût cru ?) en sont deux exemples.
Ne soyons pas vaches, j’ai lu ce roman d’une traite, parfait pour des vacances normandes sous la pluie. Si vous êtes une ménagère de moins de 50 ans (oups, ma vachitude reprend le dessus !), non, si vous n’avez pas de difficultés à gérer vos productions lacrymales, lisez-le.
En extrait : le coup de fil au prétendu responsable. « Silence. Impossible de parler. Impossible de leur dire : Je m’appelle Justine Wright. Je vous appelle parce que je sais que vous avez renversé mon fils, il y a trois semaines, boulevard M. à Paris. Vous l’avez renversé et vous avez pris la fuite. Mon fils est dans le coma. On ne sait pas s’il va s’en sortir. Je ne sais pas si la police vous a déjà contactés, mais je vous appelle pour vous dire que je sais que c’est vous. Je le sais. »