Résistance et traque. Deux portraits, deux destins qui se croisent : celui de Max, plus connu sous le nom de Jean Moulin, et celui d’une jeune inconnue, Agathe Langlois.
Je me réjouissais à l’idée de lire ce livre, Quint étant un de mes auteurs favoris. Je n’ai pas été déçue par le roman mais par moi-même. Je suppose qu’il faut une bonne dose de connaissances sur la Résistance de la Deuxième Guerre pour apprécier pleinement toutes les références aux personnages et aux lieux cités. Ce n’est pas mon cas, hélas. Les noms propres abondent, chaque personnage est doté d’une couverture donc d’un ou de plusieurs autres noms. Je m’y suis parfois perdue. Je l’ai trouvé historiquement technique ou techniquement trop historique pour moi…
Le lecteur a connaissance des pensées des deux personnages-phare grâce au monologue intérieur. Agathe rencontre Max alias Jacques Martel alias Jean Moulin, dans un troquet lyonnais. Ils parlent de ses études d’histoire à elle, il la taquine, elle le titille et représente pour lui « ces promesses assassinées pour qui il vaut la peine de risquer sa peau ». Un petit jeu de séduction amusera les deux mais c’est surtout l’amitié qui renforcera leur lien. Chacun est résistant à sa manière. Max, comme on le sait, a été le bras droit, le chargé de missions du Général de Gaulle ; Agathe, elle, transmet des informations secrètes avec son fiancé, Maurice (son « amoureux à la voix parfumée ») qui sera dénoncé (par ses parents !) et retrouvé pendu. Max ne sait pas qui elle est vraiment.
Les deux protagonistes jouent au chat et à la souris mais en 1943, il n’y a guère de place au divertissement. Max est vite arrêté, torturé et Michel Quint nous offre ses dernières pensées avant de mourir.
La qualité littéraire de l’auteur n’est pas discutable. Son écriture me fascine, les analogies, les métaphores, l’approche tout particulière de la vie que Quint nous propose est un véritable joyau. J’ai cependant été gênée par une chose bien particulière : la présence des points de suspension qui miment bien sûr les méandres des pensées des personnages mais qui ont rendu ma lecture souvent laborieuse.
Deux petites traces de Max :
Ø Une amie d’Agathe, Irène, est cancéreuse et elle compare l’invasion de son corps par la maladie à celle de la France par les ennemis : « Je guette les progrès du mal, je l’écoute m’envahir et je suis attentive à ma résistance, mes jambes, mes bras, ma vue… Des fois, j’ai l’impression d’être une carte d’état-major et de me planter des petits drapeaux imaginaires sur le corps, défaite des reins, le poumon soutient l’assaut ennemi, victoire du cœur… Souvent, je me dis que je suis la France en résumé, et qu’on en sortira pas vivantes, ni elle ni moi… »
Ø Jean Moulin est décrit comme un homme incroyablement humain, qui doute et ne contrôle pas tout, loi s’en faut. Il ne cesse de faire l’éloge de ses compagnons résistants : « quelle que soit votre appartenance politique, résistante, vous êtes des héros, justement de votre humanité nue. Vous ne mourrez jamais. Vous êtes de bronze, pour vous tuer il faudrait fusiller vos statues. »
Je garderai précieusement ce livre à la si belle couverture, ne serait-ce que pour la flatteuse dédicace laissée par Michel Quint : « Ah si Violette avait été aux côtés de Max… ! »