Je n’ai jamais vraiment aimé l’œuvre de Pagnol… Pourquoi ? par méconnaissance sans doute, par déception (« le Château de » ou « la Gloire de » ne me laissent que des souvenirs d’un univers désuet). Au fond de moi, je savais bien que je me trompais. C’est pour cela que je m’attaquai, pleine d’espoir, au théâtre de ce natif d’Aubagne.
L’action se passe dans un bar sur le port de Marseille. César, ventripotent et bruyant est au bar, le beau et jeune Marius son fils, le seconde, et la jolie Fanny vend des coquillages. Il y a un va-et-vient continu et joyeux.
Panisse, veuf et riche, s’est mis en tête d’épouser Fanny. Elle, secrètement amoureuse d’un Marius qui ne bouge pas le petit doigt pour la séduire, s’apprête à accepter le mariage. Marius se déclare, vexé d’avoir été doublé. Pourtant, il ne cesse d’affirmer à Fanny que malgré son amour pour elle, il « ne peut » l’épouser… en effet, ce grand rêveur n’a qu’une envie : partir en mer pour découvrir le vaste monde. A la fin de la pièce, Fanny pousse son amoureux à vivre sa passion et à embarquer à bord de « La Malaisie ».
J’ai été très agréablement surprise par cette pièce en trois actes où on ne s’ennuie pas une seconde. Le rythme est enlevé, les personnages attachants et somptueusement dessinés, les quiproquos jamais trop lourdauds, le voyage à Marseille garanti. On sourit beaucoup, notamment lorsqu’on apprend qu’il a fallu à peine trois mois à Panisse pour se remettre de son deuil, quand la mère de Fanny, Honorine, apprend que ce n’est pas elle que Panisse veut épouser mais sa fille, on rit carrément pendant la partie de cartes de quelques tricheurs, on s’attendrit quand César et Marius se querellent avant de se lancer quelques mots d’amour…
Un extrait de la dispute entre Panisse et Marius, pour obtenir les faveurs de Fanny :
PANISSE (avec une grande noblesse)
Marius, fait un peu attention à qui tu t’adresses.
MARIUS
Je m’adresse à vous, et je vous dis que ça me fait mal au cœur de vous voir.
PANISSE
Tu n’as qu’à tourner l’œil de l’autre côté.
MARIUS
Et puis je n’aime pas qu’on me regarde d’un air sur deux airs !
PANISSE
Moi, je te regarde d’un air sur deux airs ?
FANNY
Tu deviens fou mon pauvre Marius !
PANISSE
Un pauvre fou !
MARIUS
Faites attention ! Il y a des fous dangereux, j’en connais un que la main lui démange e vous envoyer un pastisson !
FANNY
Marius !
PANISSE
A moi, un pastisson ! (Avec une commisération infinie.). Ô pauvre petit !
MARIUS
Allez, sortez un peu de la banquette, avancez si vous êtes un homme !
PANISSE
Si je te pressais le nez, il en sortirait du lait !
Et je continue à participer au challenge de Bladelor avec cet étonnant score (mais j'aime ça!) : 13/12 !