Amoureuse des mots, je suis toujours ravie de recevoir ce genre d’ouvrages, d’autant plus que c’était encore un cadeau de Noël…
L’auteur nous livre ses réflexions et ses petites recherches, sans ordre apparent, « par sauts et par gambades », un peu à la manière de Montaigne (quel beau compliment, n’est-ce pas ?) selon ses envies, semble-t-il, qu’il regroupe dans de petites parties d’une page ou deux dont le titre commence souvent par « Les mots… » (« les mots qu’il faut, les mots wallons, les mots pataquès, mes mots en vert, les mots au néon », …)
La deuxième partie du titre convient bien mieux au recueil. J’ai souvent souri, j’ai même éclaté de rire parfois mais ce sont bien des « cocasseries », des étrangetés, des bizarreries de notre chère langue que Chiflet nous propose telles des mignardises sucrées, salées, pimentées, douces, parfois fades, souvent insolites, de temps en temps déjà goûtées… Vous apprendrez ainsi à connaître l’odontophilie (l’excitation sexuelle mettant en jeu les dents), la taphéphilie (l’excitation à l’idée d’être enterré vivant … ?!?), la cryophilie (l’excitation sexuelle due au froid), une version journalistique de la Cigale et la Fourmi, les plats d’un restaurant où le langage est exagérément ampoulé (on mangera donc des « miettes de filet mignon et leur fouillis de pommes de terre » à la place du hachis Parmentier ou encore des « turbans de semoule de froment al dente et à la Leonardo da Vinci », autrement dit des nouilles) ou encore une flopée de néologismes (caféructation = « borborygme qu’émet une cafetière électrique pour vous avertir que le café est prêt » ; fiascotte = « biscotte qu’on n’a pas réussi à tartiner sans la briser », etc.) ; les perles des libraires (La Cousine Bête ou Les Rougons macabres !)
Ce qui m’a plu également, c’est l’humilité de l’auteur qui affirme plus d’une fois qu’il ne sait pas d’où vient telle ou telle anomalie langagière ou orthographique (tout pareil !). Une petite partie texte/jeux clôt le livre.
Pour finir, ma préférence va aux ambiguïtés de la langue française, les doubles sens, les sous-entendus :
- Le détective passe la maison du coiffeur au peigne fin.
- Le sourd ne l’entendit pas de cette oreille.
- L’acrobate fait le pont
- Cet homme aime sa fille plus que sa femme (ne l’aime ?)
- Alphonse n’a pas confiance en lui (en Pierre, Paul, Jacques, ou en lui-même ?)
- Je n’ai pas découpé mon amant en petits morceaux comme on l’a dit. Sous-entendu : j’ai fait des gros morceaux, pas des petits.
- Le Premier ministre s’est suicidé bizarrement. Sous-entendu : quinze coups de couteau dans le dos, drôle de suicide !
Allez, quelques « mots mots » pour la route : « blabla, dare-dare, flonflon, gogo, mémé, nana, papa, pipi, toc-toc, grigri, pousse-pousse, zozo »…
De quoi aimer plus encore la langue française !