Je n’avais jamais lu cet auteur, quel tort !
Le Chili, en 1988, Pinochet a proposé un référendum. Nico Santos est le fils d’un professeur de philosophie, de son professeur de philo. Il est amoureux de Patricia Bettini, la fille d’Adrian Bettini, un célèbre publicitaire.
Tout bascule lorsque le clan de Pinochet demande à Adrian Bettini d’assurer la campagne du « oui », en faveur du dictateur. Craignant les représailles, le publicitaire refuse tout de même. Lorsque le parti du « non » lui propose la même chose, une campagne de pub télévisée de quinze minutes, il se sent obligé d’accepter mais se retrouve en manque d’inspiration.
Comme cela arrive fréquemment, le professeur Santos se fait arrêter devant toute sa classe et emmener on-ne-sait-où. Dans ce tourbillon d’inquiétude, Nico essaye de vivre son histoire d’amour avec Patricia.
C’est un musicien loufoque et un rêve d’arc-en-ciel qui donneront l’inspiration à Adrian. Le « non » sera chanté, scandé, répété sans cesse sur les sons du Beau Danube Bleu de Strauss. Contre toute attente, la campagne publicitaire fait un tabac, le « non » devient une source d’espoir formidable, un mot chaleureux, une lumière dans les ténèbres. Cet élan pacifiste et rieur permet aux opposants de Pinochet de remporter le référendum et de rêver de liberté.
C’est un très beau livre ! La poésie côtoie l’humour, le tragique se mêle à l’espoir avec brio. On en ressort le sourire aux lèvres, ragaillardi par les quelques envolées lyriques du roman. La Grande Histoire, jamais envahissante, permet à la petite, à l’histoire individuelle de ces deux amants en devenir que sont Nico et Patricia, de se révéler.
J’ai l’impression d’en avoir dit insuffisamment et je constate avec étonnement que ce roman est peu présent dans la blogosphère, c’est bien dommage, il est à découvrir !
Celle qui m’a conseillé ce livre se reconnaîtra : Merci !
Le magnifique rêve de Bettini qui se voit chef d’orchestre : « A peine un frémissement. Rien de plus que cette vibration des barytons concluant solennellement le non qui provoque l’explosion des aigus des sopranos, et là, enfin, enfin, c’est le finale, les applaudissements redoublent, Bettini sait qu’il doit se retourner pour saluer, mais quelque chose de fascinant se produit alors, qui l’en empêche : les puissantes voix du chœur ont réussi à perforer le plafond du Municipal, d’où, d’un ciel parfaitement turquoise, descend un arc-en-ciel de couleurs infinies qui l’oblige à tomber à genoux, en extase, devant ce Dieu ex abrupto. »
N.B : je viens d’apprendre qu’on peut dire « un finale » puisque le mot vient de l’italien « finale », ch’savais pas !