C’est la guerre 14 – 18. Dans les tranchées, la 17ème compagnie d’infanterie a été rebaptisée les « Folies Bergère ». Là-bas, comme ailleurs, les hommes tentent de vivre avec la mort, avec les morts qui jonchent le sol tout autour d’eux. Certains ne cessent de penser à leur femme, d’autres s’inventent des noms de mets délicieux pour qualifier la bouillie qu’ils sont obligés d’avaler, d’autres encore dessinent pour enregistrer l’horreur qui n’en épargne aucun. Aucun ou presque… Rubinstein a été fusillé mais, ô miracle, il ne meurt pas, il ne garde que des cicatrices là où la balle a troué sa peau. Peu de temps après, on distingue, sur le champ de bataille entre Français et Allemands, une fillette… une fillette qui cherche son papa qui n’est autre que Rubinstein.
Bon sang, quelle claque ! Cette BD est un concentré du pire, tout ce que la guerre a produit de plus sombre, de plus noir. Même si le dessin est réaliste, il est, la pour la majorité des planches, aussi noir et torturé que l’intrigue. Du sépia, du noir et du blanc et quelques touches de couleurs presqu’incongrues .Toutes les peurs sont représentées, celle qui fait que le soldat se pisse dessus, la peur du monstre, la peur du diable… et cette peur omniprésente de mourir dans un endroit où la vie ne vaut pas tripette… L’horreur côtoie le beau : loin des tranchées, Claude Monet en personne peint ses nénuphars alors qu’un petit garçon s’obstine à lui rappeler qu’il a oublié de peindre les grenouilles…
C’est un album aux allures cauchemardesques qui déménage, qu’on n’oublie pas, et qui, en dénonçant les horreurs de la guerre propose une réflexion bien plus large sur la brièveté de la vie. A lire donc, absolument.
Noukette rend joliment justice aux deux auteurs dans son billet.
» 19/20 »