Une petite ville minière du Nord de la France dans les années 60.
Le titre est une des phrases fétiches prononcées par Sylvain, le frère de la narratrice. Ils entretiennent une relation particulière basée sur les coups, les bêtises et les moqueries. Il n’empêche que ces deux-là s’aiment beaucoup tout de même.
C’est un univers tout à fait particulier que nous présente cet écrivain-scénariste, celui d’un père jamais content, de victimes des corons, de personnages aux noms tous plus loufoques les uns que les autres (Proust, les Dagobert, Mme Culotte à l’envers, …), celui de l’exploit de Youri Gagarine ou de la venue de De Gaulle. C’est un univers où on parle familièrement, où les parents écoutent "Bétove" et où la narratrice ne comprend rien à ses devoirs.
J’ai aimé le début de ce livre mais je me suis vite lassée. Le roman emprunté à ma bibliothèque municipale, était rangé dans la catégorie « humour » ; je ne me suis poilée pendant les 268 pages de lecture. Certains moments frisent le tragique et on assiste tout simplement à l’évolution d’une fille à une époque faite de clichés et de cruautés diverses. Le frère, Sylvain, a toujours le dessus et à la grande surprise des enfants, c’est même lui qui écope systématiquement des coups du père, la fille en est intrigué au point de penser qu’elle est parfois invisible.
Ca saute aux yeux, j’ai beaucoup de mal à résumer et à parler de ce roman qui ne m’a pas emballée. Plutôt ennuyeux, il a l’avantage de nous projeter dans un cadre spatio-temporel intéressant. Le mot est fleuri, souvent enfantin, agrémenté d’hyperboles et de comparaisons, et il plaira à certains mais sentira le réchauffé pour d’autres. Dernier aveu : j’ai craqué sur la couverture, j’aime beaucoup les œuvres de Norman Rockwell et les mollets de cette fillette casse-cou m’ont toujours fascinée !
« On attendait le bus avec Sylvain. On était plantés comme deux palmiers le long du mur en brique au coin de la maison. Le vent passait dans les branches de Sylvain, pas dans les miennes. Je bougeais pas d’une feuille. Je sentais rien mais alors rien du tout, même pas le cartable qui pendait au bout de mon bras.
- Rentre ta langue, ahurie.
Une copine m’avait dit que les mongols avaient une grosse langue et des mains en palmes. C’est ça que je devais avoir, la mongoliste. J’ai eu la flemme de regarder si j’avais des palmes à cause des gants. Sylvain m’a poussée d’un grand coup d’épaule. J’ai rien senti. Il a recommencé. J’ai pas réagi.
- Abrutie. Dis quelque chose.
Il en avait marre de se trimballer une chiffe comme moi. Il a été content que le bus arrive.
- Le v’là !
- Ah ! merde, j’ai fini par dire. »