Qu’il est bon de retrouver un auteur qu’on aime ! Il me tardait de lire ce diptyque de Gibrat qui signe ici textes et dessins.
Deuxième guerre mondiale, sous l’Occupation. Dans le petit village aveyronnais de Cambeyrac, Julien, pour éviter l’embrigadement dans le STO, saute du train qui l’emmène en Allemagne et retourne au village où sa tante, Angèle, le cache. C’est elle qui va lui apprendre une nouvelle aussi étrange que bienvenue : le train en partance pour l’Allemagne a été bombardé, les papiers d’identité que Julien avait perdus ont été retrouvés sur le corps d’un autre et Julien… est tout simplement déclaré mort. Ne pouvant plus se cacher chez sa tante, il va se réfugier dans le grenier de l’école où Angèle donne cours aux enfants.
L’idée de départ est d’emblée terriblement séduisante et romanesque, Julien va assister à ses propres funérailles, il va épier, du haut de son grenier, la place principale du village, et va surveiller celle qu’il aime, Cécile. De son mirador, il va savoir qui est celui qui collabore, qui est celui qui résiste, il va maudire Paul, un médecin qui fait du gringue à la belle Cécile. Le 31 décembre 1943, un événement va chambouler ce précaire équilibre : Angèle se casse une jambe, Julien ne peut donc plus compter sur elle pour lui fournir des vivres et le chauffage de l’école et, comble de malheur, une congère vient lui bloquer l’accès à l’école. Julien est donc condamné à rester dehors, tapi dans le froid. Lui vient alors l’idée de trouver refuge chez Cécile… mais il reconnaît, devant sa maison, « sous une épaisse couche de neige, les courbes amollies de la voiture de Paul ».
Ce premier tome est passionnant, on a l’impression de regarder un petit film, c’est une vraie réussite tant pour les images qui, par leur réalisme, rendent ce petit village vivant, que pour le scénario qui nous prend aux tripes. Deux petites remarques concernant Cécile : même si un baiser a été échangé avec Julien, on ne connaît pas grand-chose de leur relation passée, et, elle ressemble énormément à Jeanne, l’héroïne du Vol du corbeau.
Le suspense reste entier à la fin du tome et ne demande qu’à se jeter sur le second… ce que je vais faire !!!
» 18.5/20 »