Ça paraît dingue mais je crois bien que c’est la première fois que je lis du Larcenet… on m’avait dit que cet opus se prêtait très bien à une lecture familiale, c’est donc avec ma fille de 5 ans ½ et mon fils de 8 ans ½ que nous avons découvert le déménagement du scénariste.
En effet, Larcenet et sa compagne Mariette quittent Juvisy, la ville, pour s’installer aux Ravenelles, à la campagne. On sent très vite que c’est Manu qui a plus de mal à se faire à sa nouvelle vie. Il ne quitte pas les cartons dans lesquels il peut même trouver refuge en cas de dispute conjugale. Il a du mal à se faire à l’alcool local, une eau-de-vie qu’il considère comme un « poison violent ». Quand il écrit, c’est pour parler d’un m « mec des quartiers, boosté à l’amiante, qui veut incendier le métro », bref, grâce au portable et à internet, il reste heureusement relié à sa vie d’avant.
Les clichés vont bon train : les bûcherons bien rustres qui abattent les énooormes châtaigniers de la forêt, la vieille Madame Mortemont qui ressemble plus à une sorcière qu’à une femme, le froid hivernal qui oblige les anciens citadins à porter bonnet et moufles à l’intérieur de leur maison, la neige qui coupe les deux habitants du reste du monde et qui oblige Manu à recourir à la fameuse eau-de-vie…
La fin de l’album raconte le début de ce projet, écrire et raconter ce changement de vie. C’est le pote Ferri qui propose à Manu de mettre sur papier son expérience : « mais si attends, je vois ça très bien : des demi-pages, des gags très courts ».
J’ai passé un excellent moment, les dialogues sont drôles, les dessins simples sont pourtant bien efficaces. On pense aux chroniques de Delisle qui lui aussi tente de s’habituer à un nouvel environnement ou encore au Paul de Michel Rabagliati qui s’essaye à la vie québécoise… Je suis friande ce genre d’histoire et je vais continuer avec le prometteur tome 2 « Les projets ». Quant à mes loulous, ils ont aimé (remarquez, ils aiment presque tout ce que je leur lis !) mais le deuxième tome se lira sans eux, j’ai dû escamoter certaines phrases un peu trop salaces pour leurs chastes oreilles…
» 18/20 »