La BD s’inspire du roman de Daeninckx du même nom.
1920. Eugène Varlot, détective privé, est appelé d’urgence par le colonel Fantin de Larsaudière qui lui demande d’enquêter sur des tentatives d’intimidation qu’il subit de la part d’un anonyme. Varlot doit trouver de qui il s’agit. L’affaire, très vite, se complique : le détective se rend compte que la femme de Fantin, Amélie, le trompe avec de nombreux aviateurs ; leur fille, Luce, se comporte comme une enfant de cinq ans… alors qu’elle en a vingt-cinq. Bref, tout porte à croire que Fantin mène Varlot en bateau, espérant voir mourir sa femme pour récupérer sa fortune et tentant de se faire, avec le détective, un alibi en béton.
L’intrigue est un peu sinueuse, je ne vais pas vous le cacher, mais j’ai adoré l’univers des années 20 recréé, là, sous nos yeux. Paris et ses anciennes Peugeot, ses somptueux cinémas, ses extravagantes réceptions… et Paris avec les souvenirs très frais de la Grande Guerre. Varlot lui-même en subit les conséquences en faisant toutes les nuits le même cauchemar. Des êtres abîmés, voire, déchiquetés par les armes des tranchées errent dans les rues et les hôpitaux.
La fin est surprenante et malgré les 80 pages et le noir et blanc qui peut faire hérisser les poils de certains lecteurs, j’y suis arrivée assez vite. Le langage est cru, fleuri, direct et incisif : « comment en vouloir à une jeunesse qui voit revenir son champion de polka en chaise roulante ?». J’ai même découvert une expression que je ne connaissais pas et que Daeninckx semble apprécier particulièrement : mettre les bouts (se tirer, se sauver).
Tardi est fidèle à lui-même, tout en courbe et en rondeurs, il se fait le miroir d’une époque aux contrastes saisissants.