Cet album me faisait de l’œil depuis bien longtemps pour deux raisons : le dessinateur, d’abord, dont j’avais adoré le coup de crayon dans Sambre, ensuite le titre car je croyais naïvement (mais pas complètement à tort) qu’il s’agissait d’un album dédié à la peinture.
Période postrévolutionnaire, dans les années 1793-1794. Robespierre, s’il prône le changement apparaît tout de même comme le nouveau monarque. Il ordonne, il exige. Et réclame au peintre David un tableau représentant l’Être suprême, le symbole de la Raison qui viendrait remplacer le Dieu religieux, renié par les révolutionnaires. Oui mais trouver un modèle, l’image de cette notion abstraite de l’Être suprême n’est pas chose aisée, et c’est le jeune Jules qui, d’après David, s’approchera le plus de cet Invisible.
Comme on le sait, toute cette histoire finira mal, les rêves de Robespierre partiront en fumée, et, acte tragique par excellence : David ira récupérer la tête guillotinée de Jules pour recomposer son modèle…
Le dessin est sublime, le coup de crayon d’Yslaire est unique, les couleurs toujours proches du noir et du rouge correspondent parfaitement à cette période historique sanglante. La reconstitution des tableaux de David est fort intéressante (l’album commence sur l’histoire de « La Mort de Marat », peint par David en 1793). On assiste aussi à la création du musée du Louvre, sous le nom de « Muséum central des arts de la République » ou encore à l’élaboration du tableau « La Mort de Bara ».
Pourquoi ne mettre que 16/20 alors ? La manière dont l’intrigue est menée m’a déplu, j’ai trop eu l’impression d’avoir affaire à une démonstration de tous les talents d’Yslaire (et qu’ils sont nombreux !) au détriment du scénario, pourtant écrit par Jean-Claude Carrière qui est aussi l’auteur de La Controverse de Valladolid.
» 16/20 »