Comme son titre l’indique, ce roman graphique tourne autour d’un immeuble newyorkais « qui se tenait à califourchon à l’intersection de deux avenues. C’était un point de repère dont les murs survivaient aux pluies de larmes et aux averses de rires. » Une fois l’immeuble trop délabré, il est rasé et assez vite remplacé par une construction neuve et moderne. Quatre fantômes surgissent, ils nous racontent la vie de cet immeuble à travers leurs propres drames, espoirs et joies.
Monroe Mensh a tenté toute sa vie de se racheter. Devant le building, une balle perdue tue un enfant à côté de lui. Monroe pense qu’il aurait pu le sauver. Désormais, son objectif est d’aider les enfants, de récolter de l’argent pour les miséreux. Ses bonnes intentions croiseront souvent la route de la malchance…
Gilda Green est une très belle fille qui, étudiante, s’est amourachée de Benny, le poète. Agacée par le manque de confort et de sécurité de son bien-aimé, elle épouse son patron, un dentiste. Quelques années plus tard, elle se rend compte que son mari millionnaire la trompe mais aussi qu’elle est encore amoureuse de son poète. Impossible de revenir en arrière…
Antonio Tonatti est un violoniste qui a petit à petit abandonné son instrument favori pour travailler dans l’entreprise familiale de construction. C’est un accident du travail qui lui permettra de retrouver le violon, et tous les jours, il jouera devant le même building, n’ayant que pour récompenses « la lueur de plaisir, le bonheur que son jeu provoquait ».
P.J. Hammond est le fils d’un riche dirigeant immobilier. A la mort de son père, il veut faire comme lui, s’enrichir au détriment des pauvres. Une obsession tourmentera ses vieux jours : acheter ce building si difficile à acquérir, cet immeuble où son père a fait fortune, où il a joué, enfant.
Will Eisner rend attachant un bâtiment qui à la fois spectateur et hôte de centaines de personnes. Ce building est chargé de souvenirs, un peu à la manière du buffet de Rimbaud.
La lecture de cet album a été facile et rapide mais je n’ai pas été emportée par l’histoire, par les histoires. Ce découpage en historiettes m’a trop fait penser à Petits miracles que j’ai préféré… et j’ai même trouvé des ressemblances avec le style d’Eric-Emmanuel Schmitt … non qu’une telle comparaison soit blasphématoire mais la dimension édifiante et bassement philosophique m’a lassée aujourd’hui. Je n’ai pas été charmée à 100%.