Ca m’apprendra à multiplier les lectures pour adolescentes aux hormones en ébullition… J’en avais un peu marre, c’est vrai et je me suis dit que lire un bon vieux classique, ce serait enrichissant.
Je me suis cramponnée à deux mains au décollage, pendant le vol et l’atterrissage fut carrément douloureux ! Quelle pièce difficile d’accès ! Baroque, oui, s’il ne fallait retenir qu’un adjectif ce serait celui-là. J’ai adoré certains passages mais mon boulot et ma famille m’ont tant accaparée que j’ai lu le livre par morcellements et je n’ai pu aller au-delà des ¾. Par choix aussi. Je crois que c’est une œuvre qu’on ne peut survoler, qui réclame attention et égards. Rencontre ratée que certains me reprocheront mais voilà, ce n’est que partie remise.
Je suis bien incapable de résumé les fils de l’intrigue qui se sont insidieusement enchevêtrés dans ma tête, mais un personnage m’a touchée, Sigismond, ce fils de roi emprisonné depuis sa naissance car les astres avaient prédit au roi superstitieux (Basilio) que le prince serait « le plus intraitable des hommes, le plus cruel des princes, le plus impie des rois ».
Je ne suis pas folle et j’ai quand même saisi au vol quelques beaux effluves du texte :
- « nous sommes dans un monde si étrange que vivre n'est que rêver, et que l'expérience m'enseigne que l'homme qui vit rêve ce qu'il est, jusqu'au moment où il s'éveille. Le roi rêve qu'il est roi, et vivant dans son illusion, il commande, il dispose, il gouverne. »
- « Qu'est-ce que la vie? - Une fureur. Qu'est-ce que la vie ? - Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe, et les songes mêmes ne sont que songes. »
- « Le plus grand crime de l’homme, c’est d’être né. »
- « L’oiseau naît, et à peine est-il une fleur qui a des plumes et un bouquet qui a des ailes, que, revêtu de sa parure charmante, il s’élance de son nid bientôt oublié, et fend d’un vol léger les plaines de l’air. Et moi qui ai plus d’âme, j’ai moins de liberté !… La bête sauvage naît, et dès que sa peau est marquée de ces lâches égales qui y semblent tracées par le plus habile pinceau, elle traverse les forêts en bondissant, et pressée par la nécessité, déchire sans pitié tout ce qu’elle rencontre sur son passage. Et moi, avec de meilleurs instincts, j’ai moins de liberté !… »