A Catia, mon amie, partie trop tôt, vraiment trop tôt. Je ne t’oublierai jamais.
Après Alice Kahn, me revoilà plongée dans des questions d’identité. Autre vision d’un même thème.
Marie se réveille un matin avec … 12 ans de plus. Pas de science-fiction ni de surnaturel, elle a tout simplement oublié ces douze années qui la séparent de sa première nuit avec Pablo de maintenant. Mais elle ne comprend rien à ce maintenant. Hier, elle avait 25 ans, elle fêtait son nouveau boulot en compagnie d’un bel hidalgo aux yeux rieurs, elle passait une nuit torride avec lui et aujourd’hui, elle se réveille, mariée à ce même Pablo, mère de trois enfants, femme organisée de 37 ans. Le choc de cette découverte la fait d’abord se taire, elle joue à être mère et épouse, puis se renseigne chez son ancienne meilleure amie qui lui en apprend un peu plus sur elle et sur ces douze années oubliées. Marie mène l’enquête, pose la bonne question, à savoir : pourquoi a-t-elle perdu la mémoire, quel est l’événement qui lui a fait « choisir » de tout oublier ?… « Je me demande si une femme sans passé peut raisonnablement avoir un bel avenir ».
Je suis plutôt hermétique aux histoires d’amnésie (faciles…) mais le livre, s’il commence sur un ton léger et badin, gagne petit à petit en intensité. Les réflexions se font plus profondes, le ton plus grave.
Quelques traces de son bond dans le temps sont assez savoureuses. Elle se rend compte que les gens sont plus tristes, plus ternes en 2000 qu’en 1988, ils « ont l’air d’être en guerre. Pourtant, j‘ai lu les journaux en venant et rien de tel n’apparaît. » Le petit logo d’Internet Explorer sur son écran d’ordinateur l’intrigue également.
J’ai un peu perdu le fil de l’histoire à la fin du livre que j’ai trouvée plus plate, répétitive et presque trop euphorique.
Marie finit pas comprendre que c’est lors d’une improvisation théâtre qu’elle s’est coupée de son passé. Pour mieux revivre, pour mieux pardonner, pour redonner une seconde chance à son couple.
Des pistes de réflexion sur le temps qui passe, sur la vie à deux.
De jolies allusions au théâtre que j’ai particulièrement appréciées :
« Jouer, c’est remonter le courant de la peur, aller à la recherche de la partie de soi qu’on ne connaît pas. »
« On ne peut pas faire semblant, au théâtre. Le public y croit parce que les comédiens sont authentiques. Ce qui se passe entre les deux personnages, ce n’est pas la réalité, c’est la vérité. Ce qu’on écoute entre les sons, ce sont les silences qui servent à entendre les pensées. »