La vie d’artiste sans s’emmêler les pinceaux sur les chemins détournés est le titre intégral de cet album. C’est sur la pointe des pieds que je suis entrée dans cette lecture, avec réserve et prudence car j’avais déjà lu Cestac pour Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps qui fut une rencontre-fiasco. Rien à voir ici. J’ai pris beaucoup de plaisir avec cette tranche de vie.
Noémie, qu’on devine vite être l’ombre de l’auteur elle-même, raconte sa vie d’artiste. Tout démarre par une remarque apparemment anodine d’un fan qui vient de faire dédicacer son exemplaire : « C’est cool votre boulot, et en plus vous devez vous marrer tout le temps, non ? » Noémie se dit que ça n’a pas toujours été facile et que « c’est pénible de faire de l’humour, surtout quand ça ne vient pas ». Flashback.
Petite fille, elle se démarquait déjà par son originalité, elle préfèrait son vieil ours rafistolé et bizarrement attifé à une poupée Barbie toute neuve. A l’école, sa dyslexie l’a isolée des autres et on ne prêtait même pas attention à sa foule d’idées. Adolescente, elle se distinguait pas ses tenues vestimentaires bariolées et saugrenues. Malgré un avis parental plus que contrarié, elle intègre les Beaux-Arts où elle trouve enfin des gens qui la comprennent. Vie de bohème, fumettes, 2CV colorée, potes et plans foireux pour éviter un quotidien trop fauché. Elle joue des coudes dans le monde de l’art, essaye de trouver son propre style mais se heurte aux éditeurs exigeants, subjectifs, délurés ou encore pervers.
Elle atteint son objectif mais que de montagnes a-t-elle gravies ! que d’obstacles a-t-elle franchis ! La détermination de la jeune femme se diffuse dans toutes les pages.
Un album empli de couleurs vives où les personnages tout en courbes et tout en rondeurs sont attachants et drôles. On se marre vraiment bien, on s’identifie facilement au personnage qui nous chuchote, entre deux blagues, que la vie d’artiste est un long combat.
Dialogue entre Noémie et son amoureux guitariste, Nico, suite à son premier mini-succès :
- Regarde ! regarde !
- Où ça ? ah ! là, le timbre-poste ! C’est comme si je jouais deux notes ! Pouf ! Pouf !
- Arrête de ramener toujours tout à toi !
- Non ! je ne vais pas avoir mes ours ! … j’appelle maman !