Voilà un petit livre que j’ai choisi un peu par hasard dans ma bibliothèque municipale. Une fois n’est pas coutume, c’est un livre étiqueté « Humour » qui a retenu mon attention.
Cette classification m’a laissée sans voix lorsque j’ai lu le livre. J’ai eu beau chercher, à part de l’humour noir, noir, mais alors très noir, je n’ai pas trouvé une once d’allusion comique !
Le livre se divise en chapitres qui correspondent aux jours de la semaine. Du dimanche au dimanche.
Bernard vit avec sa mère, Marie. Ils ont toujours vécu tous les deux, seuls. Marie est tombée enceinte par accident dans une époque où il n’était pas bon être mère célibataire. Elle a gardé cet enfant un peu malgré elle et l’a élevé à la dure. Bernard n’a donc connu qu’une vie tristounette, recluse et surtout dénuée de tendresse.
On comprend petit à petit que la mère qui occupe ses esprits continuellement, celle qui constitue son repère, qu’il aime et qu’il déteste à la fois… n’est pas à ses côtés. N’est plus à ses côtés. Le parfum insidieux du crime se répand entre les pages, se fait plus âcre au fil de la lecture, plus tenace.
Expliquons le titre (au risque de dévoiler l’intrigue dans sa totalité – vous êtes prévenus !) : Bernard a retrouvé sa mère morte un soir, en rentrant de son travail, à l’aube de ses cinquante ans. Sa mère ne lui a jamais appris ce que c’est que le chagrin. Il ne sait donc comment réagir. Il va vivre avec elle, avec son cadavre quelques jours avant de se décider à la couper en morceaux. Cette tâche minutieuse l’empêche de penser aux sentiments qu’il peut, qu’il devrait éprouver. Mais la tête de la défunte lui pose problème. Il n’arrive à se résoudre à la découper en morceaux. Il va donc l’enfermer dans la soupière, cet objet qui les avait accompagnés tous les deux, lors de leurs mornes dîners. Mais Bernard commence à se sentir épié…
Un texte étrange, cynique et pervers. J’ai eu du mal à entrer dans l’œuvre ne sachant où l’auteur voulait m’embarquer. Au final, une leçon : les chiens de font pas des chats, cette mère, en dépit de ses bonnes intentions, n’a su transmettre que la mauvaise graine à son fils… faute d’amour.
Un livre face auquel on ne peut rester indifférent ; un livre qui dérange.
« Ni la mère ni l’enfant n’avaient osé s’aimer ni osé se haïr. Ils ne se posaient pas de questions : ils vivaient ensemble, comme coulés dans le ciment de la maison – et c’est tout. »