Attirée par ce titre et le nom de l’auteur comme un moustique par ma peau en été, j’en profitai pour découvrir pour la première fois ce Tennessee Williams si connu…
En Louisiane, dans le quartier des immigrés siciliens, Sérafina, couturière, crie à ceux qui veulent bien l’entendre qu’un amour passionnel et indestructible l’unit à son mari, Rosario. Elle raconte à une voisine les circonstances magiques de la conception de leur deuxième enfant : alors qu’ils venaient de faire l’amour, une nuit, Sérafina ressent une douleur sur son sein gauche, « j’ai allumé, j’ai regardé mon sein. La rose tatouée… était là, dessinée sur ma poitrine. La rose tatouée de mon mari. […] Son tatouage, sur mon sein… A l’instant même, j’ai compris que j’avais un enfant, en voyant la rose ».
Une tragédie brise ce rêve éveillé : Rosario meurt. Poursuivi par des douaniers pour contrebande (chauffeur de camion, il cachait de la « marchandise » sous les bananes…), son camion s’écrase un arbre et prend feu. C’est le choc pour Sérafina qui perd l’enfant qu’elle portait.
On la retrouve trois ans plus tard, toujours malheureuse, esseulée, reportant ses souffrances sur sa fille, Rosa. Rosa, elle, jeune adolescente, a trouvé le grand amour en la personne de Jacques, un marin. Mais la mère de Rosa est contre cette union. Violente et en haine contre les autres, Sérafina s’isole de plus en plus et passe pour une folle. La rumeur qui se répand peu à peu concernant la liaison de Rosario avec Estelle, ne fait qu’augmenter la fureur de Sérafina qui ne veut pourtant y croire.
Comme un ange tombé du ciel, Alvaro fait son apparition. Il est seul lui aussi, malheureux lui aussi et pour la première fois, Sérafina fait preuve de compassion envers un homme. Et il ressemble à son mari, et il la séduit. Contre toute attente et alors qu’elle s’enfermait dans l’amour morbide de son mari, Sérafina va s’ouvrir comme une fleur à ce nouvel amour qui se présente, ce qui va lui permettre d’être plus indulgente et compréhensive envers sa fille.
Malgré quelques longueurs au début, j’ai trouvé très beau cet hymne à l’amour, ce message d’espoir, cette renaissance pleine de romantisme, cette seconde vie offerte à Sérafina. L’auteur l’a dit lui-même, cette pièce « est mon chant d’amour pour le monde ».
Les didascalies, directives, sont longues et souvent aussi belles que les dialogues. Le décor est complexe et changeant. Le personnage de Sérafina est un rôle magnifique, tout en nuances, en brisures, en entrelacs (oui, la mini-comédienne que je suis s’est encore trouvé un rêve de rôle !)
La relation entre Alvaro et Sérafina s’exprime dans la didascalie : « Le dialogue entre eux est plein d’hésitation étranges, de phrases inachevées, de gestes ébauchés. Tous les deux ont les nerfs brisés après leurs épreuves respectives. L’espère de communion entre eux crée une intimité curieuse et une sorte de douceur, elle ressemble à la rencontre de deux enfants abandonnés qui se retrouvent pour la première fois. C’est étrange pour eux. Etrange et doux comme le premier vent frais qui s’élève après un jour étouffant. »
Challenge théâtral de Bladelor : 5/12 !