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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 08:33

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Un vrai coup de cœur ! J’ai adoré ce petit roman empli de douceur et de poésie.
L’histoire : Fanny Morin, 15 ans1/2, est amoureuse de Loïc Carneau, 18 ans moins trois mois. Malheureusement, le garçon déménage, s’éloigne de cette banlieue parisienne pour le sud de la France. La déchirure de la séparation contraint Fanny à prendre une décision terriblement audacieuse : elle rejoint son amour, va parcourir les 800 kms seule et sans prévenir personne.


La fugue se découpe en 6 chapitres :

1.     Le voyage en train de Fanny ; les pensées, les peurs, la détermination de la jeune fille. Tout ce qu’elle quitte :

-      ses études, « elle y pense, bien sûr. Comme à un saut de haies trop hautes qui va durer trois ans au mieux, un épuisant parcours où déjà elle s’échine, donne le meilleur d’elle pour obtenir à l’arraché  peut mieux faire, tout juste passable. Et parfois même  insuffisant. »

« Trois années de galère en attendant le bac. Bac : bateau à fond plat servant à passer d’une rive à l’autre. Elle rit, d’un battement de cils, d’une ombre de fossette. Il a pris l’eau, son bateau à fond plat ! Il vient de s’envaser pile entre les deux berges ! »

- sa mère… « Fanny croit la voir, toute seule à présent, dans l’appartement trop grand. Ca la chiffonne. Ca fait quelques faux plis sur son bonheur tout neuf. Elle n’a pas envie d’y penser, pas du tout. Elle ne veut pas de ce froid, cette banquise : sa mère, seule, avec son regard toujours triste. »

- la banlieue, « pauvre enfer quotidien, méchante usure. Féro-cité. Adver-cité. Vora-cité. »

 

2.    La mère de Fanny, Lucie, qui « n’a pas entendu le Fannyvari matinal » découvre une lettre posée sur le lit de sa fille, s’inquiète et s’interroge : « Avant ce Loïc, dont le nom est écrit partout en marge des cahiers, des feuilles de classeurs, des agendas. Voleur. Pirate. Ce mauvais prestidigitateur, qui a changé sa fille en embryon de femme. Qui a transformé ses moues, ses rires de bébé, en feulements de petite panthère agressive, qui tourne en rond sur ses envies de liberté. » « Où s’est-elle enfuie, à présent, la chevrette ? Longe rongée, porte poussée, petits pieds furtifs qui descendent sans bruit l’escalier, trottinent dans la nuit vers d’autres prés. Gourmandise de liberté… »

3.    Loïc, qui a loué un petit studio à l’insu de son père chômeur, sur sa paie d’apprenti. Contrarié et exalté à la fois, il aime Fanny et a besoin d’elle : « Si Fanny ne lâche pas sa main, si elle garde toujours dans les yeux cette ferveur pour lui, il deviendra un grand parmi les grands. Il le sait. Il en est sûr autant qu’il est sûr de l’aimer. Fanny le pousse vers le haut, lui bricole des ailes immenses, le déploie. »

4.    Jacques Morin, le père de Fanny, routier, se remet en question, chose qui lui arrive rarement, se sent mauvais père, « de passage chez lui, comme en terre étrangère » car souvent absent. Désemparé, furieux, angoissé.

5.    Retour sur Lucie et l’étape qui suit le choc de la découverte. Elle appelle son mari, sa copine, les copines de sa fille et finalement le père de Loïc. Enquête.

6.    Une très jolie lettre, celle de Lucie pour sa fille Fanny, celle qui ne juge pas, qui respecte le choix de sa fille. Une lettre que j’ai trouvée admirable et très courageuse. « On n’a pas envie de tomber dans le drame, de venir te chercher de force. Tu nous en voudrais. Et nous, on se sentirait ridicules. Je suis sûre que Loïc et toi, vous vous aimez vraiment. » L’enveloppe contient aussi deux billets de train non datés, des bonbons et un petit cadeau du papa. Une lettre qui rapproche au lieu d’éloigner, qui donne au petit oisillon son envol.

Je crois que les nombreuses citations le prouvent, j’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur. Ce style fait de néologismes, d’analogies, d’associations d’idées, de jeux de sonorités qui le rapproche parfois du rap ou du slam, m’a séduite.

 

Encore deux exemples :

« Une lune pâle, qui s’est levée par mégarde en plein jour, la suit. Lui fait son cinéma de lune, cache-cache les arbres, saute-mouton les collines, les ponts. Le train va. Il va sa route de ferraille. Tangue et balance, se penche dans les courbes. »

« Il lui a donné la moitié gauche de la lune, parce que c’est le côté du cœur. Elle lui a offert l’océan Pacifique, pour le bleu pareil à ses yeux, et puis parce que c’est loin. »

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commentaires

T
<br /> J'ai bcp aimé La tête en friche, je note celui-ci.<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> une découverte de l'auteur pour moi.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> Je note ! ça donne très envie ce billet !<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> oui oui, il ne faut pas hésiter.<br /> <br /> <br /> <br />

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