On croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres… Fin du mois de juillet, j’ai pourtant gagné ce superbe livre offert par l’auteur elle-même, hein, ce n’est pas rien. Il s’agit d’Anne Ferrier qui écrit depuis de nombreuses années pour la jeunesse.
Victor et Albane sont deux jeunes ado, frère et sœur, plus ou moins abandonnés les trois quarts de l’année par leurs parents qui partent à l’autre bout du monde pour raison professionnelle. Le problème cette fois-ci, c’est que nous sommes à la mi-août, qu’il reste deux semaines de vacances avant le pensionnat et qu’il faut caser les enfants. Sans trop de scrupules, le père les envoie chez sa sœur, Agatha, surnommée Tatagatha, célibataire et journaliste de son état. La tante, pas vraiment ravie d’avoir deux grands enfants sur les bras, les emmène avec elle en Angleterre puisqu’elle doit faire un reportage sur le festival Shakespeare.
Et c’est là que tout commence… Après une course-poursuite entre un voleur de portefeuille et les deux ados, Victor et Albane se retrouvent dans une église interdite d’accès pour cause de travaux et Victor tombe dans une crypte… les fesses sur un cercueil ! Surprise et effroi se mêlent quand les aventuriers découvrent qu’il s’agit de la tombe de Shakespeare lui-même. Albane a l’audace de subtiliser un tube métallique qui dépasse de la brèche du cercueil et qui contient des « feuillets couverts d’une écriture serrée et nerveuse ». A partir de là, le rythme s’accélère car la malédiction de Shakespeare (véridiquement gravée sur sa pierre tombale) s’accomplit :
"Garde-toi, bon ami pour l'amour de Jésus
De fouiller la poussière renfermée ici
Béni soit celui qui épargne ces pierres
Et maudit celui qui dérange mes os", prévient Shakespeare.
Le fantôme de Lady Macbeth hante notre pauvre Albane qui n’est pas la plus à plaindre puisqu’elle tente de poignarder Victor qu’elle prend pour le roi Duncan ! Victor n’a donc plus qu’une idée en tête : remettre le tube volé à Shakespeare. Des obstacles l’en empêcheront : des pilleurs de tombe, une Tatagatha plus préoccupée à séduire les hommes qu’à s’occuper de ses neveux, une furie de sœur…
Lu d’une traite. Le rythme est haletant, les personnages singuliers (Albane, gothique et nécrophage m’a beaucoup amusée), le décor dépaysant. Ce qui m’a plu par-dessus tout, ce sont les références à Shakespeare, je trouve l’idée géniale. Albane métamorphosée en Lady Macbeth déclame de temps en temps un ou deux vers de la pièce. On se rend compte que Shakespeare est on ne peut plus actuel. Ces petites phrases disséminées deci delà ne manqueront pas d’éveiller la curiosité de notre jeune public de lecteurs.
Que dire de plus à part que je suis ravie de mon cadeau et que j’ai hâte de lire d’autres « Chroniques étranges des enfants Trotter » (surtitre plus que prometteur). Terminons en précisant qu’elles ont été deux à écrire ce petit roman alliant fantastique, policier et historique (et littérature, tiens !) puisque Régine Joséphine a accompagné Anne Ferrier dans l’écriture. Si d’ailleurs l’une d’elle passe par là, elle pourra peut-être répondre à ma question : comment fait-on pour écrire à deux ?
Un grand MERCI encore à Anne !
Un petit extrait pour vous mettre le sang l’eau à la bouche : « Soudain, un cri lui échappa. Une main froide venait de s’enrouler autour de sa cheville. Le visage haineux d’Albane apparut au pied de la fenêtre. Seigneur ! Quand avait-elle déniché le cercle d’or qui retenait ce long voile sur ses cheveux ? L’ombre creusait ses joues et accentuait la couleur livide de ses pommettes. Et ses yeux ! Victor glapit de terreur. Brillants, fous, flamboyant d’un vert malveillant ! Comme un masque morbide s’extirpant des ténèbres, les traits de lady Macbeth envahissaient le visage de sa sœur ! »