Le hasard fait parfois si bien les choses… je me disais que ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de nouvelles et pim, pam, poum, voilà un joli recueil de nouvelles qui atterrit dans mon casier du collège. Merci à la prêteuse !
Ces nouvelles évoquent surtout la vie quotidienne : les relations d’un enfant avec son père, une histoire d’amour, une partie d’échecs, le premier job d’un adolescent. Ce qui surprend dès la première page, c’est l’écriture. Coup de poing, elle se révèle puissante, originale, pétillante, hors du commun. Malgré les thèmes triviaux, l’auteur a tout fait pour sortir de la banalité. Ça explose, ça surprend à chaque page et surtout, ça fait sourire ; l’auteur fait preuve d’un humour cynique, ironique, complètement délicieux !
Petit aperçu de « La pêche aux hippocampes », la première nouvelle : le narrateur est un pauv’type qui traîne pitoyablement dans son appart’ depuis des jours et des jours entre « un matelas éventré, de la vaisselle sale, une vieille lettre que je n’avais pas eu le courage d’affranchir, du linge entassé, des livres ouverts, une lampe de chevet hors-service, des plantes arrachées à leurs pots, des boîtes de thon, une multitude de boîte de thon vides disséminées à travers la pièce. » Un copain vient lui annoncer qu’une certaine Fanny cherche à prendre des cours de guitare. Et notre homme des cavernes est guitariste. Il se rend chez elle, tombe amoureux d’elle et perd tous ses moyens : « Elle n’était pas jolie, ni belle, c’était pas tellement ses yeux, ni son petit cul, ça n’avait rien à voir avec toute chose comparable, elle aurait méritée d’être répertoriée, épinglée comme un papillon exotique, recouverte de papier-bulles, statufiée sur les grandes places. Pourquoi n’y avait-il pas de sirènes quand elle se mettait à sourire, de feux d’artifice, de suicides collectifs, de jours fériés ? La poésie ne pouvait même pas lui faire de mal, elle était imperméable au lyrisme, bullet proof, il faudrait inventer autre chose. Je ne comprenais pas comment faisaient les murs pour rester debout. »
Que la nouvelle qui porte le titre du recueil est jolie elle aussi ! C’est une petite fille qui se fait promener par son père… en laisse. Un jour de fête foraine, elle réussit à briser sa laisse (avec une dent trouvée par terre !), à détourner l’attention de son ivrogne de père et à s’enfuir au milieu des barbes à papa et des manèges. Un jeune homme la prend dans son auto-tamponneuse, lui raconte son enfance et lui offre une montre qu’elle donnera à son père.
N’en disons pas plus, il faut lire ce savoureux recueil de nouvelles qui donnent le vertige !
Petite question : pourquoi Arnaud Modat est-t-il fâché avec les accents circonflexes ? ... « il traine » et « il apparait »… ne vaut-il pas mieux « traîner » et « apparaître » ?