Premier roman pour moi de ce Prix Nobel de Littérature.
Australie. Paul Rayment est « l’homme ralenti ». Pourquoi ? Il s’est fait renversé, à soixante ans, par un chauffard alors qu’il était à vélo. Résultat : une jambe en moins. Commence alors une longue période de convalescence où l’homme rumine, pense aux manques de sa vie : il aurait voulu avoir un fils, il aurait voulu réussir sa vie sentimentale… Quand Marijana Jokic, une infirmière croate débarque avec son entrain et son efficacité, l’homme ralenti tombe amoureux. Pour conquérir le cœur de Marijana, il est prêt à tout et propose ainsi de payer les études de son adolescent de fils. L’infirmière mariée a trois enfants et Paul veut bien les prendre tous sous son aile. Il va jusqu’à avoir une sérieuse discussion avec le mari de son employée. S’acheter une compagnie, profiter des derniers instants de vie, oublier ce corps mutilé sont les objectifs plus ou moins explicites de Paul.
L’irruption d’Elizabeth Costello tel un ange protecteur venu secourir le vieil homme agace d’abord l’invalide. Elle est entrée dans son appartement sans prévenir, s’y est installée, connaissant visiblement des grands pans de sa vie. Lorsqu’il la questionne, voilà ce qu’elle trouve à dire : « Désolée. Je m’impose, je le sais. Vous êtes venu à moi, c’est tout ce que je peux dire. Vous m’êtes arrivé – un homme avec une jambe fichue, pas d’avenir, et une passion inconvenante. C’est ainsi que ça a commencé. Où nous allons à partir de là, je n’en sais rien. » Puis, il finira par accepter la présence de cette étrange femme surgie de nulle part et qui sait tout.
La lecture est un rendez-vous entre un lecteur et un livre. Parce que c’était lui, parce que c’était moi… Le rendez-vous fut bâclé ce coup-ci. J’ai eu un mal fou à terminer le roman, j’attendais quelque chose qui ne venait pas. La fin m’a plus que tout dépitée. Certains passages m’ont heureusement raccrochée à l’intrigue comme une bouée après un naufrage mais l’ensemble m’a paru subtilement étrange, désagréablement noir et presque oppressant. J’ai cru entrapercevoir des traits d’ironie par-ci par-là mais bien trop fugaces à mon goût. Dommage pour moi !
Un dernier petit extrait pour se mettre du baume au cœur :
« il n’est pas nécessaire que l’amour soit réciproque du moment qu’il y en a assez dans la pièce où on se trouve. »