Quatrième tome de la série du commissaire Erlendur et comme dans les trois précédents, nous retrouvons Erlendur, bien sûr, Elinborg et Sigurdur Oli, les flics qui enquêtent sur une histoire ancienne et bien enfouie. Enfouie, c’est le cas de le dire puisque tout débute avec un cadavre retrouvé au fond d’un lac asséché subitement. De qui s’agit-il ? voilà la question qui constitue le fil directeur du roman et qui mène le lecteur dans les années 60 à Leipzig, où les communistes luttaient contre les anti-communistes. Le socialisme d’alors impliquait censure de la presse et réduction de la liberté d’expression mais surtout ce qu’on appelait la « surveillance réciproque », chacun devait épier son voisin, son ami, son frère et se faisait un devoir de le dénoncer. Sombre morceau de l’histoire allemande auquel quelques Islandais ont été mêlés.
Parallèlement à ça, Erlendur fouille du côté des disparitions non élucidées et une en particulier l’intéresse : celle de Léopold, un commercial toujours en vadrouille et que sa petite amie attend encore devant sa crèmerie quarante ans plus tard. Les deux histoires se croiseront pour n’en former plus qu’une.
Commençons par le positif : on en apprend un peu plus sur les coéquipiers d’Erlendur cette fois-ci : Sigurdur Oli et son charme ravageur tente avec sa compagne d’avoir un enfant, Elinborg connaît un bref succès médiatique pour la sortie d’un de ses livres de cuisine. Si la fille d’Erlendur, Eva Lind, reste dans l’ombre dans cet opus, la lumière est faite sur son frère, Sindri Snaer (oui, bonjour les prénoms originaux) qui débarque lui aussi chez son père pour disparaître quelque temps plus tard. J’ai donc aimé découvrir les personnages secondaires.
Des points négatifs, il y en a pas mal pour ce roman-ci : l’intrigue, déjà, m’a assez barbée, c’est politique, glauque et poisseux, j’ai eu du mal à adhérer à l’histoire des étudiants socialistes des années 60. Ensuite, Erlendur lui-même m’a énervée (et ce, pour la première fois, je l’avais toujours trouvé attachant et sensible). Il est à claquer, il traite sa fille d’idiote et de « foutue junkie », il se considère lui-même comme « solitaire et neurasthénique » et surtout, il ne se bouge pas les fesses pour changer les choses. Quel molasson tout de même ! Alors, l’auteur insiste sur son passé douloureux (il a perdu son frère disparu dans une tempête de neige –et jamais retrouvé) mais tout de même ! Comme je le pressentais, la liaison avec Valgerdur se précise. La pauvre (on se demande bien ce qu’elle lui trouve, d’ailleurs, le commissaire lui-même se pose la question) semble être tombée amoureuse du type…
Je terminerai par quelque chose que j’ai trouvé redondant dans le roman et qui m’a fait doucement marrée : l’anti-réclame de l’Islande. Quelques passages qui disent « ne venez pas en Islande, non, non, ne venez pas dans cet affreux pays ! » :
- « il n’y a pas de plus mauvais appareil que le système judiciaire islandais. »
- Pour les fêtes de Noël, les Islandais dégustent de la tête de mouton qu’ils scient en deux : langues, joues, lèvres, yeux, etc. constituent pour eux de fameux régals.
- « diplomatiquement parlant, l’Islande est un des pires endroits au monde. Le climat est une horreur. Avec ce froid et cette obscurité éternellement battus par les vents. Il n’y avait rien de pire que de muter les gens ici. »
- A la question concernant un des personnages « était-il dépressif ? », on répond : « Eh bien, comme la plupart des Islandais. »
Ça donne envie, n’est-ce pas ?