En lisant le titre, on pourrait s’attendre à un récit d’aventure. Point du tout, c’est du comique !
La deuxième de couverture nous apprend (ou m’apprend, à moi, en tous cas, puisque je n’avais jamais entendu parler de cet auteur…) que Robert Benchley est « un maître de l’humour décalé et absurde, il est l’un des écrivains les plus drôles qu’ait produits l’Amérique. »
Puisque trois expéditions par les airs vers le pôle nord avaient déjà été lancées, l’auteur-narrateur, accompagné de quelques acolytes, décide d’y aller… à vélo ! Le départ de New York est médiatisé, les hommes ont des bicyclettes Radley dernier modèle, on a presque envie d’y croire quand « après avoir décollé avec succès du trottoir situé devant les bureaux de Life au 598 Madison Avenue, New York City, nous avons progressé lentement jusqu’à la 59è Rue. Là, nous avons découvert que la roue arrière du lieutenant-colonel Connelly était toujours cadenassée » ! Les obstacles et les ennuis continuent mais on comprend surtout que nos anti-héros sont de moins en moins motivés, ils se cherchent toutes les excuses du monde pour faire des pauses. Le summum est l’arrivée du fils du narrateur, Bobby, qui, à 7 ans et sur un tout petit vélo, les sème très vite. Le garçonnet dit que les hommes sont trop gros pour avancer vite.
C’est drôle, c’est frais, c’est une apologie de la nonchalance et du laisser-vivre qui m’a fait penser à Trois hommes dans un bateau, en plus énergique. L’expédition polaire à bicyclette est suivi d’un second récit, La Vie sportive aux Etats-Unis, qui, avec son titre ironique, évoque d’abord les porteurs de valises puis le sport d’observation (des chantiers, des vitrines de grands magasins) et enfin celui de la sieste !
Je remercie mon intuition qui m’a fait choisir ce petit livre au hasard dans ma bibliothèque municipale. En quête d’humour et de sourires, n’hésitez pas : l’autodérision, l’absurde et l’exagération (les deux extraits qui suivent prouvent que l’auteur manie très bien l’hyperbole !) sont au rendez-vous !
La valise du narrateur semble être la plus lourde du monde : « la mienne, avec à peu près deux cols et un tube de crème à raser dedans, se met aussitôt à enfler et à se conduire comme la pierre angulaire d’un immeuble de vingt étages. »
Lorsque la valise est très lourde : « Je m’excuse auprès du porteur qui la dépose dans le train et me sens obligé de lui donner un pourboire qui suffirait amplement à fonder une école pour Noirs dans sa ville natale. »