C’est chez Noukette que j’avais découvert cette BD et comme je garde un bon souvenir du livre du Camus, j’ai craqué !
Meursault est un homme froid et insensible. Il a bien une petite amie, Marie, mais il lui dit qu’il ne l’aime pas. Il n’éprouve aucun sentiment non plus à la mort de sa mère. C’est avec une grande indifférence encore qu’il observe un homme battre sa femme. Et enfin, c’est sans scrupules qu’il abat un Arabe de cinq balles dans la poitrine.
S’en suit le procès de Meursault, celui qui n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère, celui qui aurait tué avec préméditation, celui qui est allé au cinéma le lendemain des obsèques de sa mère…
La BD se découpe en deux parties : la première va jusqu’au meurtre qu’on ne comprend pas et que Meursault attribue tout simplement à la grosse chaleur. Dans cette partie, on se met très vite à détester l’homme, l’aridité des paysages (n’oublions pas qu’on est à Alger) reflète parfaitement l’aridité de son cœur. Dans la seconde partie, c’est sous les verrous que nous accompagnons le personnage, dans ses pensées, dans son absence de religion et de croyance qui choque tout le monde et enfin, dans sa condamnation à mort. Et là, on ne peut s’empêcher de s’apitoyer sur son sort, de lui souhaiter un revirement heureux, de haïr avec force la peine de mort.
Le récit est intense, prenant. L’absurde ouvre les portes de la réflexion sur la vie, sur la mort, sur les relations humaines. Le dessin élégant et minutieux est magnifique, j’ai par-dessus tout apprécié les couleurs pastel et les paysages algériens. Aucune planche n’est identique à la précédente dans la disposition des cases, et c’est donc une découverte à chaque page. Camus peut dormir tranquille… je n’ai d’ailleurs qu’un regret : ne pas avoir relu le roman avant d’ouvrir l’adaptation BD !
« J’écoute mon cœur, je ne peux pas imaginer que ce bruit qui m’accompagne depuis si longtemps puisse cesser. »
» 18/20 »