Je ne sais plus chez qui j’avais lu un billet qui avait attiré mon attention sur cet album … un peu sans savoir de quoi il en retourne. Ce sont les aléas des différentes lectures de la blogosphère, on apprécie, on note, on ne sait plus pourquoi on a apprécié, et à la réception : surprise, surprise ! C’est un plus aussi, me direz-vous…
Je reçois un album par la Poste, tout bêtement, je le lis à mes enfants et pendant cette dite lecture je me rends compte que ça ne leur ai pas vraiment destiné. Rien de bien méchant mais mon fils de cinq ans trouve que les dessins manquent de couleur et ma fille de deux ans se borne à répéter « la fille » qu’elle retrouve d’une page à l’autre. Ca m’apprendra à ne pas partir en éclaireur…
Bien sûr que cet album est joli, simple et touchant. Il évoque une « enfant silence », une fille qui ne parle pas à l’école, qui cache un lourd secret car « elle vit dans la maison des loups ». L’album évoque la maltraitance tout en douceur, à pas feutrés, en silence presque. Une petite fille qui est partagée entre l’amour pour ses parents et leur cruauté, la peur qu’elle ressent à leur égard.
Mon fils n’a pas eu de mal à comprendre que la fille était triste, le graphisme de ses grands yeux en détresse est révélateur. Le rouge, présent à chaque page trouve sa force dans sa polysémie : sang, amour, brûlure ? On ferme le livre la gorge serrée. Pourtant, l’auteur a su semé une graine d’espoir car la fille s’est mise à parler et l’œuvre se clôt sur l’image d’une poupée souriante, elle, symbole d’une enfance sans heurts ni coups.
Je n’ai pu m’empêcher de penser à certains de mes élèves qui luttent, souvent seuls et à armes inégales, contre des adultes et ainsi, grandissent bien trop vite.
Ne cherchez ni la gaité ni le réconfort dans cet album aux dessins sublimes. Ne le mettez pas entre toutes les mains non plus.