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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 14:54

 

 

Le livre était dans le tiroir de ma table de chevet depuis des mois et des mois, j’en retardais la lecture par peur d’être déçue. J’adore Gide, et Les Faux-monnayeurs restera toujours pour moi un souvenir de lecture émouvant et fascinant.

Mais je n’ai pas été déçue ! Fidèle à lui-même, Gide nous propose ici un roman « au-dessus du lot ». Un roman féminin, comme le titre l’indique, puisque ce sont les pensées, la vie, les étapes de la rencontre amoureuse d’Eveline et ses évolutions que nous suivons.

 

Première partie : du 7 octobre 1894 au 23 nombre 1894.

Eveline, jeune femme innocente et ignorante raconte sa rencontre et son amour pour Robert. Il est au-dessus de tout, drôle, spirituel, très pieux, méticuleux, elle le trouve bien meilleur qu’elle et se dit prête à donner son temps et sa vie pour lui. « Lorsqu’on écoute parler Robert on souhaite irrésistiblement que beaucoup puissent l’entendre. Sur ce point je ne puis être jalouse et le désir d’être seule à jouir de ce trésor me semblerait impie. Le but de ma vie doit être de l’aider de toutes mes forces à se produire ».

Au bout de quelques mois, Robert veut épouser Eveline. Le père de la jeune femme exprime d’abord des réticences, les deux hommes sont en désaccord politique et il a l’impression que Robert dupe son monde en commençant par soi-même. Il change cependant rapidement d’avis et la jeune femme est heureuse : « Chaque jour à nouveau je m’étonne et je ne cesse pas de me croire indigne de mon bonheur. Je crains parfois que Robert ne découvre combien il surfait mes mérites. Mais peut-être, à force d’amour, parviendrai-je à m’élever jusqu’à lui. »

Ce journal où Eveline se confesse était une idée de Robert. Il l’écrirait aussi de son côté et ils se l’offriraient avant leur mort. Le premier chagrin que lui cause son futur mari vient de cette promesse non tenue. Robert exige à lire son journal à elle et avoue « qu’il n’en a jamais écrit une ligne, qu’il ne m’a laissé croire si longtemps qu’il l’écrivait que pour m’encourager à continuer le mien. »

 

Seconde partie : de 1914 à 1916.

Vingt ans plus tard, Eveline reprend son cahier pour y noter sa tristesse et ses souffrances. Elle dit écrire pour ses enfants afin de donner une explication de sa conduite. « Ce que je poursuis aujourd’hui, c’est ma délivrance ».

Elle a ouvert les yeux, a mûri et veut maintenant quitter Robert : « je ne puis davantage consentir à vivre plus longtemps avec Robert » qu’elle déteste à présent. Elle lui reproche d’être intéressé, « de se servir de la religion, qui rendrait toute religion suspecte, et de jouer des beaux sentiments, à vous en dégoûter à jamais. », d’être faux, simulateur et manipulateur. « Il ne me considère plus que comme une dépendance de lui. Je fais partie de son confort. Je suis sa femme. »

Suite à un accident d’auto, Robert est blessé au bras mais feint d’être à l’article de la mort, se donne un air de gravité et de dignité qui ne trompe pas Eveline, pas plus que sa fille, Geneviève. La demoiselle ne veut pas se marier : « Mon exemple l’avertissait, la mettait en garde et, d’autre part, elle ne saurait trop me remercier de l’avoir, par l’instruction que je lui avais donnée, mise à même de nous juger, de vivre d’une vie personnelle et de ne point lier son sort à quelqu’un qui peut-être ne la vaudrait point. »

Alors que Robert fait tout, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, pour éviter lâchement l’enrôlement dans l’armée, Eveline part secrètement soigner les malades du front. Elle lègue ce cahier à sa fille Geneviève qui elle-même l’aurait remis à Gide après la mort de sa mère.

 

Gide souhaite donner un caractère authentique à ses écrits. L’école des femmes et d’ailleurs suivi de Robert, un plaidoyer de l’homme critiqué auparavant puis de Geneviève qui, écrit par Geneviève elle-même, se veut une Nouvelle Ecole des femmes.

L’argumentation de Robert passe de la subtilité au grotesque, pourtant, le lecteur ne pourra s’empêcher de le détester. L’homme affirme qu’Eveline, dans ses derniers instants de vie, a reconnu ses fautes. Pour ne pas l’accabler, il porte l’accusation sur Geneviève, sa propre fille : « c’est l’esprit libertin de Geneviève, si enfant qu’elle fût encore, qui contamina l’âme de sa mère (…) C’est elle qui, sans cesse et à propos de tout demandant des explications, accoutuma sa mère à en chercher, à en fournir. »

La partie Geneviève contrebalance évidemment les dires de Robert et le texte se révèle être un délice d’ingéniosité et de modernité. Adolescente, Geneviève et ses amies créent une ligue d’indépendance des femmes, s’opposant ainsi au mariage et revendiquant une plus grande liberté et le droit d’avoir un enfant hors-mariage. C’était au début du XXème siècle !

Le troisième volet de ce triptyque est inachevé d’après l’auteur qui feint de n’être qu’un messager de ses personnages.

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commentaires

A
<br /> <br /> je pense pour ma part que dans ce roman eveline exagère pourquoi condamne t-on robert?<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> Voilà qui m'intéresse! je note!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Ben mince alors, je ne connais pas du tout ! :-o<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Non, non, tu te trompes : l'école des femmes, c'est de Molière.<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> eh oui, quel plagiat n'est-ce pas !?  :-)<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> tiens, je ne connaissais pas. A l'occasion j'y jetterai peut-être un oeil...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je n'ai jamais lu ce livre.<br /> <br /> <br />
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